Chapitre 6

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Le lendemain, durant notre heure d'étude, Nathan s'amuse à m'envoyer des mots pendant que nous faisons semblant de travailler.

« Je vous ai vus hier ;) ».

Je fais l'innocente :

« Qui ça « vous » ? ».

« Joue pas à ce petit jeu avec moi. Je parle de Timmy et toi. J'ai voulu aller chez toi pour travailler cet exposé de biologie et quand j'ai entendu de la musique plus haut, j'ai su où tu étais. Je suis donc allé jusque-là et je vous ai vus danser comme des klettes ».

« J'avais zappé cet exposé ! Faudra faire ça ce weekend. Mais j'ai un match samedi ».

« Ça marche. Mais ne change pas de sujet comme ça. Il est plutôt mignon, ce Timmy ! ».

« Ça va ».

« Oh arrête ! Il est vraiment canon. Et je ne t'avais jamais vue comme ça ! ».

« Comment comme ça ? ».

« Tu le sais très bien. À toi de me le dire ».

Oui, je le sais. La seule fois que j'ai pu me sentir comme ça auparavant, c'était avec Lucas. Il arrivait toujours à me faire oublier mes problèmes... jusqu'à ce qu'il en devienne un.

L'éducateur qui surveille la salle d'étude est à notre niveau donc je cache le papier dans mon bloc de feuilles et je fais mine de réfléchir durement à mon exercice de math. Puis la sonnerie retentit. Sauvée par le gong !

Mais Nathan ne s'avoue jamais vaincu. Il réattaque pendant le temps de midi :

— Tu ne m'as toujours pas dit, me fait-il fait remarquer. Et ne me réponds pas « Dis quoi ? » parce que tu sais très bien de quoi je parle.

— Il y a des jours où j'aimerais que tu sois stupide, rétorqué-je.

— Des fois, ça fait du bien de traîner avec des gens qui te connaissent mieux que toi-même. Accouche !

Il n'aurait jamais dû dire ça. Un groupe de filles se retourne vers nous, les antennes « potins » aux aguets.

— Comment, Ambre ? Tu es enceinte de Nathan ? demande l'une d'entre elles.

Ce dernier se retourne vers elles avec son plus beau sourire de psychopathe :

— Ça m'ennuyait un peu, les hommes, donc j'ai voulu tester une fille. Si vous êtes intéressées, on peut toujours s'arranger. Je rêverais de faire une sextape aussi.

Les filles prennent un air dégoûté et retournent à leurs oignons.

— Dommage, dit Nathan en se retournant vers moi tout en veillant à bien se faire entendre. Les filles de nos jours, elles ont toujours peur de tomber enceinte. Heureusement, entre hommes, on n'a pas à s'en soucier.

Il m'adresse un clin d'œil. J'hésite à l'étrangler. Les rumeurs vont fuser...

— Fais pas cette tête-là, dans quelques mois ils verront bien que ton ventre est toujours aussi plat. Bon, allez ! Raconte !

Oui mais quels genres de moqueries vont pouvoir ressortir durant trois mois ? Il peut quand même être stupide parfois, en fin de compte...

— Ben en fait, j'avais pas envie de me prendre la tête hier, réponds-je. Donc j'ai dansé comme bon me semblait, tant pis si j'avais l'air ridicule. Et j'ai même accepté son slow.

— Un slow ?! s'étonne Nathan. Il va vite en besogne.

— Dis pas n'importe quoi, on est à peine potes.

— Je sais, je te taquine. Mais à part ça, tu te sentais comment ?

Je prends le temps d'y réfléchir en revivant les instants d'hier.

— Je me sentais bien. Juste bien, finis-je par dire avec un air rêveur.

— Même moi je ne te fais pas un tel effet, plaisante Nathan.

— En même temps, toi tu casses toujours tout en ramenant tes idées perverses.

Nathan sourit, fier de lui. Ça l'amuse de voir mes réactions de Sainte-Nitouche. Puis il reprend son sérieux :

— Il a l'air d'être quelqu'un de bien, dit-il. Promets-moi de ne rien gâcher avec lui.

— Tu parles comme si on allait sortir ensemble.

Cette possibilité me semble impossible. Oui il est beau, oui il a un sourire craquant, oui je me suis bien amusée sans me soucier de rien, mais ça ne veut rien dire.

— Même si vous n'êtes que des amis, je dis pas que vous allez forcément sortir ensemble. Tu promets ?

— Je peux pas faire ça. Mais je ferai de mon mieux, si tu veux.

— C'est pas « si je veux », Ambre. C'est juste que j'aimerais que tu arrêtes de te casser la tête à trop réfléchir à ce qu'il pourrait arriver et j'aimerais aussi te voir heureuse.

Ses paroles me touchent énormément. C'est pas tous les jours que quelqu'un me dit ce genre de choses. Je lui fais un bisou sur la joue et je pose ma tête sur son épaule.

— Je te promets de faire de mon mieux, lui assuré-je.

Je ne suis pas sûre d'y arriver mais pourquoi pas essayer ? Si je veux que les choses changent, je dois peut-être d'abord changer moi-même. Pas physiquement mais mentalement. Arrêter de constamment voir des traitres partout, de prétendre que même la personne la plus gentille du monde pourrait me lancer de méchantes piques et de voir des violeurs en chaque garçon que je croise.

Je pense que je dois apprendre à refaire confiance en l'humanité...

TomBoy [en cours de correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant