Chapitre 8

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Je tiens parole. Je suis régulièrement retournée au terrain de basket. Quand Timmy est en forme il perd avec 9 points. Il ne perd jamais en-dessous de 5.

Parfois, nous dansons. Et parfois, nous nous couchons simplement sur le béton pour regarder les nuages tout en discutant.

Un jour, il attache mon bras droit à son bras gauche avec un lacet.

— Qu'est-ce que tu fais ? demandé-je, étonnée.

— Je m'assure que tu ne t'enfuiras plus comme une voleuse, répond-il.

Cette attention me touche et m'ennuie à la fois. Ça m'arrange de partir sans prévenir. Je dois faire une drôle de tête parce qu'il s'explique :

— Si tu te rends compte que tu ne veux pas parler de certains sujets, tu peux me le dire. D'accord ?

Et Dieu me punira mais j'acquiesce !

Parfois, après une très mauvaise journée, je me rends au terrain pour pleurer un bon coup. Par moment, j'oublie que je n'y suis plus seule. Quand Timmy me découvre dans cet état, il a toujours la gentillesse de ne jamais me demander ce que j'ai. Je crois qu'il a compris que je ne suis pas du genre à me confier. Mais un jour, il craque.

Je suis couchée par terre en train de pleurer. Estéban et Xavier sont revenus à la charge.

Timmy se couche à côté de moi et met un écouteur dans mon oreille. Aussitôt, des notes de guitare imprègnent mon corps. C'est « Beautiful » d'Amber. Je le regarde, à la fois surprise et touchée par cette attention... mais surtout reconnaissante.

— Je ne comprends pas ce qu'elle dit mais j'aime les paroles de la fin quand elle dit « I'm happy to be myself », dit Timmy.

— En gros, elle dit qu'elle a toujours été renfermée sur elle-même, qu'elle chante pour ceux qui ont toujours été là pour elle, qu'elle a envie de déployer ses ailes et qu'elle continuera de se battre et de garder le sourire tout en restant elle-même, lui expliqué-je.

Rien qu'à entendre la voix d'Amber et de reprendre conscience de ses paroles, ma tristesse s'envole.

— C'est une chanson parfaite pour toi alors, commente Timmy.

Il peut lire en moi tout comme Nathan le fait. Ça commence à m'effrayer. Je ne réponds pas et j'évite de le regarder.

— Tu peux me parler, Ambre, dit-il. Ça fait bien deux-trois mois qu'on se connait maintenant. On est amis, non ?

C'en devient trop. Je me lève, prête à partir. Il doit me voir venir parce qu'il me retient par le bras et nous attache l'un à l'autre.

— C'est débile ton truc, je peux défaire le nœud avec mon autre main, lui fais-je remarquer.

— Et moi je peux t'empêcher de le défaire avec ma main libre. Tu vas te décider à parler ?

Les larmes me montent aux yeux. Pourquoi veut-il savoir tout à coup ? Pour mieux raconter à tout le monde ce que je vis au quotidien ? Il comprend vite que je ne suis pas encore décidée à lui parler.

— J'en peux plus de te voir comme ça, Ambre. J'ai tout fait pour essayer de mériter ta confiance. Ça me fait mal de te voir aussi malheureuse. J'aimerais tellement pouvoir faire quelque chose...

— Personne ne peut rien faire ! m'énervé-je, en larmes. Si je veux que tout s'arrête, il faudrait que je me laisse pousser les cheveux et que je porte les mêmes vêtements que toutes les filles normales mettent. Mais c'est écrit où que les femmes doivent mettre leurs formes en valeur ? Où est-ce écrit qu'on doit être féminine pour être acceptée dans la société ? Que la femme doit être grande, mince et bien foutue ? Que les hommes doivent avoir des tablettes de chocolat pour être considérés comme séduisants ? Je me sens tellement étrangère à tout !

TomBoy [en cours de correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant