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J'avais poussé un peu fort la porte, dans l'espoir de retrouver ma liberté le plus vite possible.
Mais j'avais atterrit dans une sorte d'arrière-pièce de stockage, à peine éclairée par un vieux store, taguée et entassée sous les étagères et les vieux cartons. Au moins, je retrouvais la vue.
Cette fois encore, pas de porte. Comment m'avait-on amenée ici, par la fenêtre? Je tentais de l'ouvrir: impossible, évidemment. On ne distinguait pratiquement rien à travers les minuscules trous de lumière du store; ça ne m'aidait pas vraiment à savoir où je me trouvais. Terrifiée, ne comprenant plus rien à rien, je fouillais les étagères, quelques cartons, dans l'espoir d'un indice. Rien hormis du coton et des débris de métal. Il y avait également dans un coin une minuscule télé qui avait largement fait son temps. Je crisais. La seule possibilité de sortir de cet endroit était un espèce de rideau métallique abaissé, que l'on ouvrait avec une petite clé, mais je n'avais rien de tel en sa possession.
Les jambes tremblantes, paniquée, je me laissais tomber par terre contre les étagères grinçantes, lorsqu'un bruit désagréable me parvint. C'était un grésillement sourd. Ça venait de la vieille télé. Je me rapprochai prudemment, intriguée. Le bruit se faisait de plus en plus insupportable. Je décidais alors d'appuyer sur un des seuls boutons de l'appareil, dans l'espoir de d'arranger ça. Ce fut concluant: le bruit s'arrêta d'un seul coup...et l'écran s'alluma. J'eus un sursaut.
Un message apparaissait, comme tapé progressivement à l'ordinateur. On pouvait même entendre le bruit des touches.

"Ashley Robins: 7 minutes 43 secondes. Voulez-vous sauvegarder ici?"



Voulez-vous sauvegarder ici? Qu'est-ce que ça signifiait? Sauvegarder quoi? Pourquoi? Je ne comprenais plus rien. Visiblement, il fallait que je choisisse une option avec les deux gros boutons de la télévision. Par précaution, je fis oui, sans savoir à quoi m'attendre.

"Progression sauvegardée. Carton haut gauche 03."

Carton haut gauche 03...Je fis volte-face. C'était un indice. Tout en haut de l'étagère la plus à gauche, se trouvait bien un carton pour l'instant inaccessible sur lequel avait été tagué le chiffre 03. Je n'avais jamais été très grande, et à cet instant je le regrettais plus que tout, retrouvant un espoir de sortir d'ici un jour. Pas le choix, je devais escalader cette foutue étagère en métal rouillé totalement bancale. Je posai mes pieds sur chaque étage et me hissai prudemment, priant à chaque grincement pour ne pas me retrouver par terre assommée et ensevelie sous les cartons. J'arrivai finalement à attraper ce fichu carton, et donna un coup dedans pour le projeter à terre et ainsi pouvoir l'observer les pieds à terre. Je haïssais la sensation d'être dans le vide.
Je descendis alors maladroitement de l'étagère et m'accroupit pour observer l'intérieur du carton désigné par l'appareil, qui au passage s'était de nouveau éteint comme si il ne s'était jamais rien passé.

Comme tous les autres, il était rempli à ras-bord de coton. Cette fois-ci, je pris la précaution de le retourner et le secouer pour en vider le contenu sur le sol sali. Un bruit clair se fit entendre; une petite clé apparut; elle faisait la taille parfaite pour s'enfoncer dans le mécanisme du rideau amovible mécanique. Une lueur d'espoir se fit ressentir en moi. Mais la peur reprit vite le dessus.

Outre la clé, le carton contenait également un poignard. Qui avait déjà servi vu les taches de sang séché visibles sur la lame.

J'hésitai un moment, et, sans demander mon reste, je rangeai le poignard dans la grande poche de ma veste et couru enfoncer la clé dans le mécanisme du rideau. Un bruit de vieux rouages poussiéreux se fit entendre derrière le mur, et l'épais rideau se relevait progressivement. Je n'eus pas le courage d'attendre qu'il soit totalement relevé, à peine l'était-il à moitié que je m'abaissais au-dessous par peur qu'il ne se rabaisse subitement.

Un long couloir, toujours aussi noir. Je m'avançais, pendant longtemps. Une porte, encore une porte.

Était-ce la fin?


TRAP GAME-Prise au piègeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant