TRAP GAME-Prise au piège

-13-

Cette fois, ça commençait vraiment à me souler de me réveiller au clos comme ça. Ils allaient m'entendre, ces connards. Ça allait chier.
Rien à foutre, je me relevais en furie et sortait, fulminante. Vite, il ne me restait que peu de temps. Je devais retrouver N en vitesse, et me qualifier et ainsi nous sauver. C'était dans la crypte. J'en étais sure. J'allais leur faire payer.
Je passais par le sauna prête à repartir une fois de plus en me disant que j'étais prête pour un marathon avec tout ce que j'avais couru depuis le début, quand quelque chose attira mon attention.
«-Aaahhh!»
Mon cri etait ridicule, horrifié et dégoûté à la fois. Mais je n'avais pu le retenir.
Un corps pendait, accroché au plafond.
Treik s'était pendu.
Je courus de plus belle, horrifiée par la vision. Je haletais comme jamais, suait par tous les pores, la peur au ventre, chaque seconde défilant un peu plus vite. Le temps, le temps me pressait atrocement. La cabane, ok. Le tronc caché, ok. Courir, courir, toujours courir. Je n'en pouvais plus. Les larmes de douleur coulaient sur mon visage. Mais je ne voulais pas, ne pouvais pas m'arrêter. Ma course effrénée me brûlait les membres et les poumons.
Un moment, je crus m'être trompée. Avoir failli de direction. Mais la lueur de la torche brillait au loin comme mon dernier espoir. J'utilisais mes dernières forces, puisant encore et encore jusqu'à l'entrée de la crypte. Repris mon souffle une seconde. Devalais les marches, en ratant une et glissais, la cheville endolorie sérieusement. Merde. Je continuais en boitant. Passait par l'ouverture. Atterissais dans la salle. Personne. Ils avaient du partir plus loin.
Je priais pour qu'ils ne se soient pas déjà tirés.
Je continuais le couloir au bruit des gouttes qui coulaient selon un rythme incessant. Très mauvais pour les nerfs.
Ils ne semblaient nulle part. Ils étaient partis. J'étais seule, condamnée à mourir dans ce trou à rat.
Non.
Un espoir, de l'espoir.
Là, des voix.
J'appuyais sur ma montre. Seuls les binômes de Nona...enfin Kira, et Bren étaient qualifiés. Daavis n'était pas encore arrivé à ses fins. Parfait.
Ils étaient dans la salle d'à côté. Je retenais mon souffle, préférant rester cachée dans mon état. Il fallait que je reprenne des forces, et j'étais boiteuse et essoufflée comme jamais...
«-Tu es capable de trahir tes amis...qui me dit que on peut te faire confiance?
fit Mia.
-Je sais choisir mes vrais alliés, fit Daavis, persuasif. Et cette fille, ce n'était pas mon amie. Juste une conne que j'ai manipulé comme je le veux.
Quelque soit la finale, mieux vaut m'avoir avec soit. Alors, montrez-moi comment valider mon binôme, et nous serons quitte.
-Et Treik, tu l'as trahis aussi pour lui voler son arme, persifla Nona/Kira.
-Nous sommes dans un jeu mortel, se justifia t-il. Je fais ce qu'il faut pour sauver ma peau. Comme tout le monde ici.»
Il y eut un court silence.
«-Elle...elle est morte? La fille de tout à l'heure...»
C'était le blond en binôme avec Kira qui avait parlé. Bren lui répondit.
«-Non, je pense qu'elle est juste assommée. Je suis quasiment sûr que les mecs derrière tout ça font tout pour nous éloigner des corps et les récupérer discretement pour les redéposer au clos sans que personne ne les voie. Je suis pratiquement sûr d'avoir entendu des vehicules. Ils doivent s'en servir pour renvoyer les corps au clos le plus vite possible.
-C'est vraiment...un truc de dingue, conclus Mia.»

Il y eut un court silence délibératif.
«-Bon, ok pour Daavis. Tu vois la cavité, là? Retire ta montre et encastre-là dedans. Puis fais la même avec celle de ton binôme. Ce sera bon.»
De là où j'étais, je pouvais voir une petite partie de la salle sans être vue.
N. Il était là. A moitié dans le potage, mais là, et j'avais vu son visage s'illuminer lorsque Bren avait révélé la solution. Il était relativement proche de la porte où j'étais.
J'eus une idée. Très risquée, mais une idée quand-même.
Ça pouvait marcher.
Pendant qu'ils étaient tous concentrés sur Daavis qui retirait sa montre pour l'encastrer, je retirais la mienne de mon côté et priais pour que ça marche.
Je retins mon souffle. Et fis glisser ma montre sous le sol jusqu'aux pieds de N. Pendant un instant, je crus que tout allait échouer. Qu'il ne la verrait pas. Que le garçon blond ouvrirait la bouche pour signaler ce qu'il avait vu et tout ruiner. Mais N se baissa, faisant mine de ramasser sa propre montre qu'il avait fait tomber, son gilet cachant l'autre.
Daavis rit en retirant sa montre du mur pour laisser la place à sa partenaire.
«-Ça sert à rien d'enlever la tienne, mon vieux, ta binôme ne va pas revenir comme ça, après ce que je lui ai mis...Elle n'a pas pu sauvegarder, et est donc au clos, Tony Fudge avait un traceur qui controlait aussi toutes les bornes de sauvegarde que je me suis permis de...désactiver sans le faire exprès. A grands coups de matraque. »
N ne dit rien, restant immobile. Les deux montres discrètement tenues dans ses manches.
Et attendit que le binôme soit validé et se retire de la cavité.
Il boitait, lui aussi. On le laissa aller mettre sa montre dans la cavité en le regardant, à la fois intrigué et rieur dans le cas de Bren et Daavis.
«-C'est qu'il a de l'espoir en plus, ce petit con...mais tu vas juste crever, mon vieux. Une seule montre, pas de binôme, et c'est la fin pour toi.»
Ils crurent qu'il avait entendu raison avec désespoir lorsqu'il retira sa montre.
Ils rirent beaucoup moins lorsqu'il sortit la mienne. Et l'encastra à toute vitesse dans le mur.
«-NON! C'est pas possible!»
Bren se precipita pour pousser violemment N, qui tomba, ne tenant déjà pas très bien debout.
Il tentait en vain d'inverser le processus. Puis, voyant que s'acharner contre le mur etait inutile, il se retourna contre N, à terre. Tous étaient stupéfaits.
«-Comment?! Comment t'as fait ça?! Dis-nous, enculé!»
Il sortit un flingue plus gros que celui de Kira et le pointa vers lui. Ma réaction fut instinctive. Il se retrouva avec mon poignard sous la gorge la seconde d'après.
«-Peut-être comme ça, répondis-je pour lui. Alors mon chéri, donne moi une raison, une seule, de ne pas te trancher la gorge tout de suite...»
Il y eut un grand blanc. Personne n'osait bouger, parler, respirer. Ma lame se faisait de plus en plus pressante sur son cou.
Et il se passa quelque chose d'inattendu. Bren...rit.
«-Ah ah, ahahahahah! Ahahahah!
-...Je peux savoir ce qu'il y a de si drôle? fit-je sans la moindre envie de partager son rire.
-Il y a, reprit-il, que Daavis t'a mis K.O tout à l'heure, rajoutant 2H à ton chrono, alors que tu avais largement dépassé les 10H de jeu. Tu as donc dépassé tes 12H. Tu as perdu. Ça ne comptera jamais. Tu es MORTE. Et c'est très drôle de te voir te démener pour rien.»