La forêt. Ils avaient tous courus hors de la sorte de garage où nous étions détenus pour se jeter dans la forêt. Une ordre de renards masqués. Les camouflés, c'était nous. Pris au piège dans un jeu où visiblement personne n'avait choisi de jouer de son propre gré. Où peut-être l'étions nous, avant de perdre la mémoire lors de ce vendredi. J'étais restée seule, dans mon garage, sans oser sortir, sans savoir où aller, sans réaliser que je risquais ma vie pour chaque seconde écoulée. Les perdants sont voués à une fin tragique. Que faisaient les autorités? Y avait-il une possibilité de fuir, d'échapper à tout ça? Je ne pus contenir le stress plus longtemps, et commençait à faire une crise d'angoisse. Au moins, je n'avais plus envie de pisser, je me rassurais comme je pouvais. Ridicule. Nous devions être en fin d'après-midi, voir même en début de soirée, car j'aurais juré que le ciel s'assombrissait-et ce, alors qu'il était déjà gris de base. Douze heures. J'avais douze heures pour trouver mon limier le plus vite possible, qui détient un mystérieux indice sur moi. Les quatre premiers duos uniquement pourront accéder à la finale. Soit la moitié des candidats éliminés d'office. J'allais vraiment mourir comme ça? Exécutée par un espèce de dangereux psychopathe dont je suis la pièce de jeu, froidement, publiquement, avec d'autres ados? J'en tremblais d'horreur. Je tentais de réchauffer mes mains en les passant dans ma poche...et senti qu'elle contenait déjà quelque chose. C'était mon poignard. Quelqu'un y avait touché. Les tâches de sang n'y étaient plus.
J'avais vu les autres camouflés partir avec des épées énormes ou des flingues encore plus gros que celui de Nona, mais certains n'avaient rien sur eux. Peut-être avais-je une infime chance. Les choses ne se passeraient pas calmement. La peur et la menace font faire des choses terribles.
Je ne comptais pas m'en servir pour blesser ou...tuer. Cette pensée me fit frémir. Je ne supportais pas la vue du sang, et je n'avais jamais été pour la violence. Mais si les autres n'étaient pas de cet avis? Si cela tournait au massacre? Je me rassurais comme je pouvais en me disant que mon arme servirait au moins à faire pression. Et puis contrairement à un flingue, elle permettait de couper autre chose que de la peau humaine. Je n'étais pas scout. Je n'avais jamais été amateure des émissions de télé-réalité montrant les gestes de survie à effectuer lorsqu'on est seul douze heures dans une forêt, et qu'on va certainement devoir y dormir une nuit. Alors ok, ce n'était pas la forêt amazonienne, mais visiblement une bête forêt nord-américaine dans laquelle j'aurais très bien pu me promener étant petite. Mais quand bien même, qui sait ce qui m'attendait? J'avais beau avoir un poignard, j'étais très loin d'être sereine.Je m'avançais alors dans la forêt, m'armant de courage, en espérant vite tomber sur mon limier. Avaient-ils des masques, eux aussi? Comment allais-je le trouver? Enfin, d'après ce que j'avais compris, c'était plutôt à lui de me trouver en m'arrachant mon masque une fois sûr de son indice.
Quelque chose m'indiquait qu'il y avait comme...une faille quelque part. Leurs règles étaient mal foutues. Restait à savoir où.Ça faisait bien une demi-heure que je traversais les arbres et les feuillages, sans rien trouver. Pas un indice, une personne, un objet, quoique ce soit. Et le ciel s'assombrissait de plus en plus; c'était une certitude maintenant. C'est dans ce genre de moment que j'aurais aimé savoir grimper aux arbres pour avoir une vue d'ensemble sur la forêt. Une demi-heure, c'était long. Et si les quatre duos finalistes s'étaient déjà formés? Si ma fin tragique consistait à me laisser tourner en rond dans cette foutue forêt jusqu'à ce que je tombe de soif ou de faim? J'allais repartir dans mes considérations d'horreur, quand un bruit se fit entendre dans les buissons. Je me retournais. Rien. Toute cette histoire me rendait parano...
"-...Humf!
-...On, on peut pas se casser! Le secteur est entouré de grillage électrifiées! Ces bâtards vont nous buter! Nous BUTER!!!"Il avait surgit de nulle part. Je ne le connaissais pas. C'était un mec très grand, blond, les yeux rouges et exorbités. Il avait complètement perdu la raison, et m'avait arraché mon masque par surprise pour le balancer deux mètres plus loin. J'avais encore mon morceau de scotch trop solide à mon goût qui me servait de baillon, mais il n'avait pas l'air d'en tenir compte.
"-Aide moi...aide-moi je t'en supplie...l'indice indiquait une Kira...AIDE MOI!!!"
Il me secouait violemment en hurlant. Je me débattais, mais il était grand et plus fort que moi. Désespérée, je tentais une droite, mais juste avant que mon poing n'atteigne la joue, il tourna de l'oeil et s'affala par terre, comme touché par une balle.
"Joueur K.O. Veuillez vous éloignez de la zone au risque de représailles."
Ça venait de sa montre. Terrorisée, je ne demandai pas mon reste. Je ramassai mon masque, le remis en place et courrais loin de tout ça le plus vite possible, adressant un dernier regard au garçon étalé par terre.J'étais essoufflée, mais je traçais. Je voulais courir jusqu'à sortir de cet enfer. Le ciel était pratiquement noir maintenant, et la nuit serait tombée complètement d'ici vingt minutes. Je ne pensais à rien. Seule la peur occupait mon esprit. Moi qui n'avait jamais été bonne en course, j'avais pourtant réussi à courir ce qui m'avait semblé être des heures durant-bien qu'en réalité, cela devait faire à peine 10 minutes. Je dus me stopper brutalement dans ma course, de un parce que j'avais la sensation de le plus avoir de poumons, et de deux parce que j'étais arrivée devant le grillage électrifié dont m'avait parlé le taré. Je m'abaissais un instant pour reprendre durement mon souffle, quand on me plaqua violemment à terre. J'eus à peine le temps de réaliser: c'était une meuf masquée, une camouflée rousse, qui me brandissait un vieux briquet sous la gorge, qu'elle était prête à faire fonctionner contre ma peau. Ce soir, c'est barbecue.
"-Ton arme! T'as une arme, non?! Tous les masqués ont en une dans leur clos! File ton arme où je te crame!"Malgré son agressivité, on sentait bien qu'elle n'était pas très confiante; sa voix et ses membres tremblaient. Mais l'heure n'était pas vraiment à analyser les comportements des agresseurs; plutôt à prendre une décision vite et bien. Mais surtout vite. Je sentais que ce n'était pas vraiment le moment de la faire patienter.
Sois je lui donnais l'arme et je m'en tirais -mais je perdais un atout précieux pour la suite, ma seule défense-, sois je la gardais et...je brûlais probablement en essayant de me débattre. Je pensais sérieusement que, si ces dernières heures n'avaient pas développé en moi un traumatisme des flammes, ça allait être le cas cette fois.Je n'eus pas à réfléchir très longtemps, et lui tendis mon couteau. Je tenais à ma vie bien plus qu'à ce truc, et rien que d'imaginer la douleur qu'était une brûlure prononcée sur la gorge me provoquait un haut-le-cœur.
Elle eut l'air satisfaite et se releva rapidement en fuyant, avant de pousser un petit cri aigu.
"-Ça, c'est fait."
J'osais un regard une fois relevée de mon agression.
Deux mecs masqués armés d'une matraque venaient de l'assommer, planqués derrière un arbre, et récupéraient mon couteau...avant de le balancer vers moi et m'arracher mon baillon. J'étais sûre qu'ils allaient me régler mon compte, avant de les voir enlever leur masques, alors que la montre de la fille répétait le même message d'évacuation que pour le blond de tout à l'heure.
"-...Daavis, Treik?
-C'est bon, c'est bien elle...j'ai eu peur qu'on se soit plantés. Reprend ton truc, et viens avec nous. On se tire d'ici en vitesse."
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TRAP GAME-Prise au piège
Teen FictionDu noir. Toujours du noir. Une arme. Quatres ados amputés de leurs souvenirs, coincés dans une pièce. Le Trap Game peut commencer. Jetés dans une forêt en pleine nuit, 16 ados s'affrontent sous la menace d'une mystérieuse voix qui dirige desormais...