Brûlure 21

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-Et bien... Soupira Janson, il s'essaya en tailleur face à moi, il semblait quelque peu attristé mais avait un léger sourire. Tu sais, j'attendais ce moment depuis longtemps, ce moment où tu repousserais tous ceux t'approchant et où tu ne ferais plus de distinctions entre mes actions passées et les leurs. Pourtant (il serra les poings) je suis toujours ce salop que tu as envie de tabasser. Je le sais bien ! Je le vois ! Peut-être que tu peux faire croire aux autres que tu es devenue une coquille vide mais pas à moi ! Tes yeux sont toujours aussi bleus Anna ! Tes joues ont encore cette couleur rosée. Tu as encore cette haine et cet acharnement dans le regard. N'essaye pas de me mentir, je suis psychologue, je te rappel. Tu me hais et j'ai une forte attirance pour toi et je ne me résignerais pas. Malgré le fait que tu souhaites de tout ton cœur me voir crever la gueule ouverte. Je sais que tu m'admire un temps soit peu.

Il m'attrapa les épaules et me secoua légèrement. Bizarrement, j'avais l'impression d'avoir envie de l'écouter un peu plus. Il voulait sans aucun doute me parler de mon passé et, je devais l'avouer, plus ça allais et plus j'oubliais ce qui m'avait amené ici.

-Tu te souviens lorsque tu étais petite ? Tu avais quoi, dix ans ? Onze ? Mais ça n'a plus d'importance maintenant. Le plus important, désormais, c'est que tu te souviennes. Thomas, Newton, Gally, Chuck, Minho, tous les jeunes gens et toi. Inexorablement toi aussi, toi aussi tu as oublié. Quand tu disais que tu pouvais les aider, tu mentais. Anna, c'est toi qui as besoin d'aide. Lorsque tu es arrivée en courant, pleine de sang avec ton petit-frère au bout de ton bras. Je me souviens parfaitement de ce jour, tu es arrivée vers moi, les mains tremblantes, les yeux terrifiés, tu m'as supplié de t'emmener toi et ton frère. Comment est-ce que j'aurais pu refuser face à ton visage apeuré ? Je t'ai fais entrer clandestinement dans le car, bien que ton père ai été très influent dans ta ville natale, il ne l'était pas assez pour te faire entrer dans le W.I.C.K.E.D. Tu ne m'as jamais dit ce qui s'était passé ce jour-là, pourtant, je savais que je devais te protéger.

Il posa sa tête contre ma poitrine, la tête baissée vers le sol.

-Tu es devenue une obsession pour moi, j'avais à peine dix-huit ans lorsque je t'ai recueilli et je n'avais aucun pouvoir sur toi. Lorsque j'ai su ce qu'ils te faisaient, j'ai voulu les arrêter, je le voulais. Mais ils m'ont endoctrinés. Je suis devenu faible, incapable de différencier mes sentiments. Ava t'avais séparée de ton frère, je me suis rapproché de toi, j'étais heureux tant que j'étais là pour te voir t'épanouir, mais ils t'ont arraché à moi. Ce qu'ils t'ont fait, je ne pouvais le supporter, mais ils m'ont dit que c'étais pour ma carrière, que si je faisais le moindre faux pas, ça serait fini pour moi. Je t'adorais, mais sans cet emploi j'étais perdu et mes convictions étaient plus fortes. Alors je les ai laissé faire. Mais lorsque les garçons sont revenus, ils se sont occupés de toi. Je n'avais plus ma place, au fond, j'imagine que j'étais heureux pour toi. Lorsque les sujets ont commencé à partir, tu as recommencé à t'éteindre, Newt ne l'a peut-être jamais remarqué, mais je l'ai vu. Ce que j'ai fait, Anna, les coups que j'ai prit pour toi. Je les avais prévu.

Il braqua ses yeux vers moi et une image s'insinua dans mon esprit. Un jeune garçon à l'intelligence brillant dans le regard, à l'innocence inébranlable. Je fronçais les sourcils, je ne me rappelais pas de ça, je n'avais en tête que le Janson qui était attiré par moi. Je relevais le regard vers lui, nous avions donc seulement sept ans d'écart ? Il posa sa main sur ma joue.

-Dix années ont passées, j'ai à peine vingt-huit ans, Anna et pourtant j'en parais presque quarante. J'ai tout tenté pour essayer de te faire comprendre, que tu te souviennes. Mais tu ne voulais pas, tu t'es insinué une image de moi faible et quoi que je fasse, il m'était impossible de la laver. Mais maintenant, tu les repousses tous, il n'y a plus que moi. Anna, ils m'ont promis que si je me faisais passer pour le méchant tous se passerai bien. Mais rien ne s'est bien passé. Alors j'ai commencé à intensifier mon rôle, faisant mine de te vouloir du mal. J'ai du finir par y prendre goût, me vengeant de tes pensées à mon égard. Gally a une sacré droite, mais j'aurais tout pris pour te protéger. Mais j'ai failli, Anna. Et maintenant, maintenant, je ne suis plus que l'ombre de moi-même, incapable de différencier les sentiments que je t'accorde. C'est sans doute un amour malsain que je te voue. Mon amour est trop fort pour être celui d'un frère, trop étrange pour être celui d'un amoureux, je suis trop jeune pour être ton père. Alors, au final je ne suis rien pour toi.

La terre Brûlée d'AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant