« Et pour finir, ceux qui travailleront sur la biographie de l'auteur sont... Hanna Roy et Rayane Cooper. Vous pouvez sortir après l'avoir noté dans votre emploi du temps. »
***
Je prends le stylo entre mes lèvres et enlève le capuchon bleu afin de pouvoir écrire sur l'agenda la date de l'exposé. Et c'est en écrivant les mots "rendre la fichu biographie de l'auteur avec Rayane Cooper" que je me rends compte qu'il y a un truc qui cloche... Je n'ai absolument aucune idée de qui est Rayane. J'inspecte toute la salle en mettant un nom sur chaque visage. Ma rentrée en terminal a eu lieu il y a trois mois... Largement assez pour connaitre toutes les personnes de ma classe. Surtout que les nouveaux arrivants se font rares, et qu'il y a beaucoup d'entre eux que je connais depuis une petite éternité. Alors comment se fait-il que je sois incapable de me souvenir d'un mec au nom de Rayane Cooper ? Je repasse dans ma tête toutes les soirées ouvertes ou privées auxquelles j'ai pu participer. Toutes les fêtes organisées, en fait, puisque jamais aucune ne c'est passée sans notre présence (sans compter, bien sur, les soirées ennuyantes des Littéraires, auxquelles, même invitée, je n'ai jamais posée un pied). Rien ne me vient. La classe se vide petit à petit des élèves affamés qui se ruent vers la sortie. J'aurais fait pareil , si je n'étais pas dans un état de réflexion total... Je crois que pendant toute cette année scolaire je n'ai jamais réfléchi autant que maintenant.
Bon sang, mais qui est Rayane ?
- T'abuses Hanna ! Les cons de première année vont nous voler toute la bouffe !
Le langage fleuri de Turde me sort de ma torpeur. En grognant, elle agrippe mes affaires à la va vite et fourre tout dans le sac. Je m'écrie quand ma trousse ouverte s'écrase dans ma bandoulière et vide ces entrailles à travers les livres, et que mon taille crayon bute sur le bord d'un manuel et laisse les copeaux et les mines des crayons que j'ai taillé ajouter une petite touche de couleur au carnage déjà formé.
- TURDE !
Un sourire angélique étire ses lèvres pulpeuses.
- Quoi ?
Sa voix est tellement innocente qu'on ne pourrait pas croire quelle vient de mettre un bordel pas possible dans mes affaires. Elle agrippe mon sac et le laisse traîner derrière elle jusqu'à la sortie. Quelle... Pintade ! Je lâche un soupire de frustration et me passe la main sur le visage. De toute façon, ce n'est pas la première fois que mon sac subit ce genre de traitement : même gamines, Turde prenait un soin considérable de mes affaires.
Le premier jour d'école après les grandes vacances qui précédaient mon année de sixième, je voulais exprimer ma fierté d'avoir enfin reçus un portable. Mais avant que je n'ai pus placer un mot quelconque, Turde c'était emparée de ma nouvelle besace et s'était enfuie en hurlant de rire. Elle à toujours été très sportive - bien plus que moi - et avait montée quatre à quatre les six étages du bâtiment en un temps record. Les joues rouges et les yeux brillants d'excitation elle m'avait interpellée alors que je venais de franchir les escaliers qui menaient au premier étage, à bout de souffle.
"J'aurais dus prendre l'ascenseur", me maudissais-je, "j'aurais été plus rapide."
- Hey ! 'Na ! Regarde ce que j'ai !
Tout en brandissant fièrement mon sac au dessus du vide, elle sourit de toutes ces dents. Turde avait la fâcheuse tendance à donner des surnoms ridiculement courts, à part quand elle était en colère contre quelqu'un. Même quand celui-ci avait un prénom d'une ou deux syllabes seulement, elle trouvait un moyen de le raccourcir. Ce sont toutes ces petits détails qui font la personnalités complexe de la brune. Sans m'arrêter, je franchis le palier du deuxième étage en crachant mes poumons. Entre le deuxième et le troisième étage, une bandoulière claque sur la main courante tout près de moi. Je pousse un hurlement en voyant une ombre s'abattre dans le vide dans une chute effrénée. Un sinistre craquement se fait entendre, éclaircissant mes doutes. Elle avait lâchée mon sac. Je m'avance prudemment et m'accroche à la main courante pour me pencher au dessus du vide et examiner les dégâts. Le cadavre de ce qui était avant ma nouvelle bandoulière trône au milieu de milliers de bouts de verres réduits à la poussière. Et, plus loin, à environ deux mètres de mon sac repose le corps éventré et sans vie de mon nouveau portable.
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Nous
Teen FictionIl y a quelques jours, je ne le connaissait même pas. Et pourtant... Comment sommes nous arrivés là ? Livre partant d'une histoire orale racontée par hasard entre nous ^^ Pas de plagiat ou on vous bouffe, c'est claire ?! /!\ Termes parfois choquants...