Chapitre 10

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Le petit tas de ferraille éclopé qui sert de boîte aux lettres à mon destinataire à été dépourvue de son identité, et la rouille qui mange le métal autrefois gris y est pour beaucoup. Je regarde le bout de papier que je tiens dans la main, puis la moisissure qui recouvre l'indication convoitée et soupire. Je n'arrive pas à imaginer le fait que je sois arrivé à destination, et suis toujours persuadé que je me suis égarée. Pourtant, mon GPS est clair sur ce fait avec un seul message : "Vous êtes arrivés à destination."

Je soupire et dégote un bâton avec lequel je commence à frotter l'inscription qui s'effrite avec l'humidité. Mais du peu que j'ai découvert, c'est bien l'endroit. Je grogne et tape contre la boite aux lettres, qui vacille et se couche comme un animal qui n'attends que depuis trop longtemps de ce reposer. Je ne peux m'empêcher de jurer.

L'adresse est la même, et pourtant mon subconscient s'y refuse. La vieille habitation trapue qui se dresse devant moi, branlante et au bois décrépi ne peut être le résultat de mes plusieurs heures de recherches. Ça ne peut pas être mon point d'arrivé, pas ici, dans ce quartier mal famé. Cette petite baraque prête à s'écrouler pour peu que je toque trop fort ala porte, qui semble être une tournante pour toute sorte de criminels psychologiquement atteint qui cherchent un endroit pour découper une femme en lambeaux ne peux pas abriter ce que je convoite. Parce que cet endroit semble plus apte à m'offrir de la drogue qu'autre chose.

En tapant distraitement sur l'hélice d'un moulin à vent qui grince en se bougeant, je prie pour une étourderie du secrétariat ou une mauvaise blague pour tester le courage des élèves. Je le regarde un moment tourner dans le vide avant de percevoir de l'agitation derrière la fenêtre, et c'est horriblement malaisant de regarder l'inégalité du monde en face. J'ai peur que le souffle d'air créer par le petit moulin de jardin ne souffle la maison comme l'ouragan qui à emporté celle de Dorothée. Et la culpabilité me submerge comme un ras de marée quand je pense que des gens croulent sous l'or alors que d'autres vivent dans de pareils taudis. Que moi j'ose me plaindre de mon foyer, quand mon ami vit probablement entre ces murs, trop bancales pour offrir une réelle sécurité.

Je regarde le paquet de copie que je tiens à la main. Il est déjà sorti de l'hôpital depuis quelques jours, mais reste absent malgré tout. Nos communications se limitent à celles imposées par les messages, pas de paroles, de sourires enfantins ou de proximité gestuelle. Rien que des mots dans des bulles de paroles. Et ça me tuais de l'intérieur. J'avais le besoin viscéral de le voir. Alors je suis allée au secrétariat et leurs ai posé cette question destructrice : "Puis-je avoir l'adresse de Rayane Cooper, s'il-vous-plait ?". Je me souviens de ses sourcils jusqu'à présent froncés sur son ordinateur qui se relevaient dans un mouvement de surprise. Après quelques recherches elle m'avait griffonnée l'adresse sur un morceau de papier, avec des conseils qui s'étaient marqués dans ma mémoire au fer rouge.

"Faites gaffe à vous, ce n'est pas un endroit pour une lycéenne."

Le moulin s'est arrêté dans un grincement encore plus strident. Je relève le regard vers la petite bâtisse qui malgré son côté casse-gueule respirait le charme d'une chaumière de sorcière dans un conte de fée. En quelques enjambées j'atteins le perron sur lequel je me met à danser d'un pieds sur l'autre. Le lutin en bois qui porte un panneau "Welcome" à bout de bras me sourit, et semble m'encourager à toquer. Je prends une profonde inspiration et m'exécute, donnant quatre accoups sur la frêle porte en bois. La porte grince et une petite tête de tout juste sept ans me regarder dans la petite brèche qui à été crée. Son regard inquisiteur déshabille les environs, puis se pose sur moi. Elle plante ses yeux dans les miens, puis me sourit en ouvrant complètement, comme soulagée que je n'aie pas la gueule d'un tueur en série. Je remarque alors un lance pierre à sa main.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 03, 2017 ⏰

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