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A demain miss

Demain, le championnat débute enfin. Je ressens comme un soulagement de savoir que j'aurai enfin quelque chose d'intéressant à raconter dans mes dossiers. Richard ne cesse de me répéter " Tes émotions, Mélodie, il nous manque tes émotions !" S'il savait mes émotions depuis l'autre soir. De l'amertume, du regret, une douce envie de vengeance. Oui, aujourd'hui, encore dans mon pyjama, je suis prête à le renverser.

Je descends vers neuf heures prendre un petit déjeuner, la tête haute. Non, ni mes collègues odieux, ni le fait d'être jugée sur ma tenue ou mon attitude ne pourra me déstabilisée, pas même lui. Il mange, seul pour une fois, lui qui est si souvent entouré. Je le revois s'approcher de moi, pour m'abandonner la seconde qui suit. Si seulement je pouvais lui faire ressentir ce qu'il m'a fait ressentir. Mais qu'ai-je donc ressentis au juste ? Tout de suite je dirais de la colère, beaucoup de colère. En y réfléchissant, je pourrais même aller jusqu'à dire que j'étais triste. Mais ne sommes nous pas trop souvent triste pour des choses -ou des personnes- qui n'en valent pas la peine ? Je lisse ma robe à l'aide de mes mains. Les joueurs commencent à descendre, bruyamment. Demain, nous ouvrons l'Euro, les entraînements dureront une bonne partie de la journée. J'ai des interviews a effectués. Je me sens adulte et à la fois enfant dans ce monde de fou. Le monde du foot.

Raphaël : Bonjour, toi. me salue Raphaël en arrivant derrière moi.
Mélodie : Hé, Raphaël répondis-je en souriant, un poil trop enthousiaste.
Raphaël :Tu es de bonne humeur ce matin toi.
Mélodie : On peut dire ça...

Je quitte Raphaël des yeux pour parcourir la salle, personne ne fait attention à nous, personne mis à part Antoine. Il ne lève pas vraiment la tête. Je rencontre son regard et je nous revois.
Raphaël : Nous devons nous entraîner intensément aujourd'hui. Tu comprends, c'est demain, je n'arrive pas à y croire, hier encore nous étions juste en préparation.

Je n'écoute qu'à moitié ce que Raphaël me raconte. Antoine m'adresse un signe, accompagné d'un sourire. Alors ça, je ne m'y attendais pas. Je lui rends ce signe, en essayant tant bien que mal de ne pas paraître ridicule. Je le vois rire légèrement. Comment fait-il pour toujours me surprendre, avoir un temps d'avance sur moi. Alors que je crois qu'il va me sourire, il m'ignore, quand je pense qu'il va m'ignorer, il me salue. Sur quel pied danser ? J'entends Raphaël s'interrompre et je me rend compte que je n'ai pas écouté la suite de ce qu'il me racontait.

Mélodie : Excuse moi, j'ai les pensées qui s'emmêlent ce matin.
Il me sourit et me prend la main, malgré ma surprise je me laisse faire.
Raphaël : Comment se fait-il que tu es si bizarre. Tu es si...brouillon, tu sais, jamais parfaite. Tu t'embrouilles, tu tombes, tu rougis. - Je baisse la tête- Non attend, c'est une bonne chose. Je suis ton contraire, toujours méthodique, droit, presque maniaque...Tu 'm'intrigues Mélodie.

Et pendant une seconde, pendant un moment, j'oublie Antoine et l'autre soir.
Mélodie : Tu m'intrigues aussi Raphaël.
Il me sourit et lâche ma main. Je l'intrigue. C'est une bonne chose non ? Antoine parle désormais avec d'autres joueurs, pourquoi apparaît-il sans cesse dans mon champs de vision. Cette fois, il nous regarde, Raphaël et moi et écarquille un sourcil. " Tu veux me faire croire que Raphaël t'a plaqué au mur et t'a embrassé passionnément, presque violemment ?"  Oui, il semble me dire ça.


Richard : Tu ne sembles pas comprendre Mélodie, il nous manque ton ressentiment sur les joueurs, tout le monde se contre fou de savoir si on dort bien dans les lits de Clairefontaine. Nous on veut savoir comment sont ces putains de joueurs en réalité. En bref, combien t'on dragué, proposé de coucher avec toi ou t'on adressé une phrase limite sexiste. On veut du vrai.
Si je disais mon ressentiment ça ne pourrait pas se tenir sur une seule page.
Mélodie : Hé bien vous voulez vraiment savoir, absolument aucun. Aucun numéro passé, aucun baiser et pas de sexe. Le monde du football est plutôt sage en réalité.
Richard : - il s'énerve- Mais enfin Mélodie ! Mathis nous a raconté la réaction de Varane durant ce match, ou quand il t'a vu à Paris. Nous avons besoin que tu dises, même du bien sur lui, mais du profond. Et nous n'avons pas besoin de savoir que le putain de buffet est plutôt bon.

C'était juste un stage. Juste un stage dans un milieux que je ne voulais pas. Juste un stage noté. Je me retrouve avec la pression pour aider des soi-disant professionnels à écrire leurs articles. Non, ce n'était pas l'idée que je me faisais du métier de journaliste. Je soupire et m'écroule sur mon lit. J'entends l'entraînement des bleus, je devrais y être. Je devrais faire correctement ce que l'on me demande de faire, après tout j'ai toujours respecté les ordres. Mais quelque chose m'en empêche cette fois.

good job // griezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant