sept

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Ma tête me fait affreusement mal lorsque je me réveille enfin, la nuit semble avoir été courte, trop courte. J'entends des gens dehors. Il me faut un temps pour me rendre compte d'où je me trouve. J'observe la chambre. Non, en effet ce n'est pas la mienne. Je finis par retrouver mes esprits : Moi, ayant trop bu, ayant discuter avec un mec, quel était son nom déjà ? Ken ? Ben ? Jen ? , ayant forcer Antoine à me parler, ayant fini dans sa chambre et l'ayant embrassé.
Je me lève, les images me revenant, j'ai l'impression d'avoir un véritable marteau piqueur à l'intérieur de ma tête. Je croise mon reflet dans le miroir et remarque mes cernes grandioses. Je retrouve parmi mes affaires mon portable. Quatre messages de Richard, attendant mon compte rendu du match. Oh merde. Je commence à paniquer et me passe les mains sur le visages, comme si ce geste pouvait tout arranger en un clin d'œil. Je me dirige vers la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. En allumant la lumière, je ne peux m'empêcher de pousser un cri. Sa salle de bain est tellement grande, beaucoup plus que chez moi, ou celle de ma chambre à Clairefontaine. Je pourrai le mentionner dans mon compte rendu. L'envie soudaine de prendre une bonne douche se manifeste soudain à la vue de l'énorme baignoire dans le coin de la pièce. Je me retiens en voyant l'heure. Dans une heure et quart nous repartons vers Paris. Je ferai mon compte rendu dans l'avion, j'ai intérêt à y mettre tout mon coeur, Richard pourra ainsi moins me reprocher le retard. J'attrape un élastique sur mon poignet et m'attache les cheveux en un chignon qui traduit ma fatigue et mon mal être. Et soudain, je réalise. Où est Antoine ? Cette nuit, nous nous sommes embrassés. Il m'a embrassé et je l'ai embrassé. Nous le voulions. Après, Antoine a entendu du bruit dans le couloir, sûrement les autres rentrant de cette soirée désastreuse. Et il est partit, et je l'ai attendu. Je l'ai attendu, pleine d'espoir de le voir revenir. J'étais là, il était là, je n'ai pas pu inventer ce qu'il venait de se passer. Étais-je la seule à avoir ressentit un quelque chose. Un je ne sais quoi addictif. Puis, doucement, pleinement, je me suis endormie. Je suis encore tombée.


Je passe avec ma valise dans les couloirs, à mon grand étonnement, il ne reste plus grand monde. J'arrive devant l'autobus et pose ma valise, toute seule cette fois ci. Je rentre dans le bus et trouve une place tout devant. Je me sens comme une écolière partant en voyage scolaire. Je repense alors à mes années collèges. A cette époque, je n'étais que Mélodie, la bonne copine qui conseillait tout le monde. Je n'avais pas beaucoup d'amis, je lisais beaucoup et je rêvais de pouvoir écrire des romans. Je faisais partit des rêveurs, ceux qu'on encourage mais à qui on interdit la société. Un jour, à ma rentrée de troisième, un jour que nous attendions tous plus ou moins, mon CPE, qui était alors, aussi mon professeur principal, nous a tenu un discours qui malgré moi, m'a marqué à vie. Il semblait faire les cents pas dans le petit espace entre le bureau et le tableau. La salle de classe venait sûrement d'être refaite, les murs sentaient la peinture et toutes les écritures auparavant visibles ne l'étaient plus. C'était une salle vierge, une horloge seulement fixée au mur. Une horloge qui ne marchait pas. Les fenêtres donnaient alors sur le grand stade derrière le collège. Et dès le premier jour de classe, tout le monde se retournait sans arrêt vers celui-ci, avec une sorte d'espoir dans les yeux, l'espoir de sortir pour le rejoindre. J'étais alors assise au fond de la classe, comme à mon habitude, j'aimais n'être vue par presque aucun de mes camarades mais les voir tous. Mon professeur, habillé d'une chemise à carreaux rouge, totalement horrible et d'un pantalon en toile marron semblait, lui aussi, vouloir partir le plus vite possible. Il semblait nous dire " Sauvez vous avant qu'il ne soit trop tard." L'été s'achevait et aucun de nous ne prenait réellement cette année au sérieux. Nous étions en troisième, oui et alors ? Est-ce que cette année changera notre vie à jamais ? Non, absolument pas, nous n'étions que des jeunes perdus, perdus dans leurs délires de changer le monde en buvant en cachette des bières et embrassant le plus de personne possible. Le CPE semblait nous comprendre. Il commença son discours en nous présentant les "objectifs" de notre année. Alors que nous faisions tous semblant d'écouter, il s'arrêta un instant et pris un air rêveur.
CPE : Vous savez, à votre âge, jamais je n'aurai pensé devenir professeur, encore moins CPE, si vous demandez à tous le personnel de ce collège, je ne pense pas que je vous trouverai quelqu'un vous disant que ce métier était un rêve. Petit, je rêvais plutôt d'être astronaute ou architecte. Des métiers aussi dur que possible. Nous rêvons tous de faire un métier comme ceux que je viens d'énoncer. Mais il est temps d'arrêter de rêver. Vous pouvez vous accrochez à vos rêves mais vous serez perdus dans cette société. Elle est si dure. Vous êtes en troisième, c'est maintenant que votre orientation se joue réellement. C'est maintenant que vous décidez de ce que vous voulez faire, dans quelle direction, quoi faire. Vous ne pourriez pas rêver toute votre vie de faire ce métier qui vous a été présentez dans un documentaire ou dans un livre. Les rêveurs ne sont pas accepté dans cette société. Vous avez plus de chance de raté votre vie. Vous rentrez dans l'âge adulte. termina-t-il les yeux rivé sur l'horizon.

good job // griezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant