dix-huit

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Pour une fois je me réveille de bonne humeur. C'est rare. J'ai tendance à broyer du noir et à tomber dans le pessimisme. Mais ce matin, je sais que je suis de bonne humeur. Le soleil illumine la chambre, la journée s'annonce chaude. Une bonne journée de fin d'été. Rien ne semble pouvoir gâcher ma journée. Aujourd'hui je suis aimée. Je me lève, toujours un malin sourire sur le visage et me dirige vers le salon. Je croise mon reflet dans le miroir, je me sens belle. Je me sens bien. C'est étrange, quand on va bien on se demande toujours qu'est-ce qu'il va bien pouvoir arriver. Dans le salon, j'admire mes murs. Les citations me plaisent, ce n'est pas beau mais ça me plait. Ils me représentent. Je me sens réellement chez moi. Un chez moi qui ne ressemble à aucun autre endroit sur terre. Antoine est de dos dans la cuisine. Je m'approche doucement comme si j'avais peur de me réveiller et de me rendre compte que tout n'était qu'un rêve. Un mauvais rêve. Je m'approche de sa peau chaude. Je prends le temps d'observer ses muscles dans le dos. Il a un corps si fin, si viril, si doux. J'ai envie de le protéger d'une certaine façon. Alors que c'est lui qui est capable de me renverser. Il se retourne et affiche lui aussi une mine réjouie. Doucement, il se penche vers moi et m'embrasse. C'est un léger doux, léger et si délicat. Nous étions ensemble. Cette phrase refuse de se concrétiser dans mon esprit. C'est comme si j'attendais qu'il parte pour me dire que finalement j'avais raison. Pourtant je sens que cette fois, il a changé. Jamais il ne m'aurait dit les trois fameux mots sinon. Car les dire c'était échouer, perdre, abandonner. Et il ne le pouvait.

- Tu es rayonnante. me glisse-t-il dans l'oreille.


J'ai toujours trouvé cette expression affreusement bateau. Le genre de compliment qu'on aime sortir à une femme quand il y a du soleil et qu'elle n'arrête pas de sourire. Je me suis toujours promis de remballer celui qui oserait me le dire. Et pourtant dans sa bouche, j'y crois. Comme tout d'ailleurs. Alors je souris et l'embrasse. Je n'ai pas besoin de parler, je n'aime pas parler le matin.

Je regarde derrière son épaule et aperçoit un gaufrier en pleine action. Je suis surprise. Jamais je ne fais de gaufres, je ne sais pas les faire.

- Des gaufres ! Comment as-tu pu trouver un gaufrier à cette heure là ?

Il me regarde en fronçant les sourcils. Ai-je dis quelque chose de mal ? Un petit sourire s'affiche sur son visage mais j'ai l'impression dans son regard que je suis folle.

- C'est le tien Mélodie. 

A mon tour de froncer les sourcils. Soudain j'ai une révélation. Le gaufrier que ma belle-soeur ma gentiment donner en décembre dernier. Utilisé une fois, sans succès donc ranger au fond du placard à jamais.

Antoine se moque légèrement de moi et j'en profite pour lui accorder une petite tape sur son épaule. Il mime d'avoir mal. Qu'est-ce que je l'aime.

Nous ressemblons à deux ados. Ce que nous sommes en réalité. Aucun de nous d'eux n'a réellement grandis. Je ne sais toujours pas quoi faire de ma vie. Il ne sait toujours pas comment aimer pleinement.

Comme s'il lisait dans mes pensées, Antoine attrape ma main et m'emmène sur le canapé. Je l'observe, lui et ses yeux océans.

- Je suis prêt à t'aimer comme jamais personne n'a osé t'aimer Mélodie. Je veux que tu le saches. Je suis prêt à me mettre à terre pour toi. Je suis prêt à renier mon passé et mes convictions pour t'avoir pleinement. Je vais t'aimer plus que les auteurs osent inventer dans les livres. Et tu sais pourquoi ? Mon amour il est réel. Ce sera mieux que dans toutes les chansons d'amour que tu écoutes. Ce sera nous deux. Et quand je me donne c'est vraiment.

Mon cœur bat. Puis-je considérer cette tirade comme la plus jolie chose que l'on ne m'ait jamais dit ? J'ai envie d'appeler toutes les personnes que je connais. J'ai envie de repousser le monde pour que ce moment ne s'arrête jamais. Cette fois, je sais qu'il est prêt. Je sais que nous sommes ensemble. Je sais que je peux lui faire confiance. C'est toujours dangereux de donner sa confiance. Mais parfois, c'est plus que nécessaire. C'est tout votre être qui vous crie que oui, c'est maintenant.

good job // griezmannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant