04 - Assez

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« Là où un enfant ne subira pas des violences physiques, il subira des violences psychologiques. Là où un enfant ne subira pas de violences psychologiques, il subira des violences physiques. Et parfois, il arrive qu'il y ait un mélange des deux, car on ne va pas se le cacher, la nature humaine amène toujours à ce qu'il y ait un plus fort et un plus faible. Car la société, c'est comme la loi de la jungle ; si tu ne bouffes pas les autres, c'est toi qui te feras bouffer. Et c'est ainsi que la nature humaine apparaît au grand jour : déshumanité, violences, orgueil, arrogance, narcissisme, débilité et surtout supériorité et pouvoir. Et malheureusement, des personnes en souffrent sans raison alors que cette part de la nature humaine est absente ou muette en eux.
-Harry »

L'anglais marchait dans la rue, les mains dans les poches, à se mordre nerveusement la lèvre inférieure jusqu'au sang et à se pincer l'arrête du nez jusqu'à en avoir mal et s'arracher quelques petits bouts de peau morts. Il était tellement stressé et ne savait plus où se mettre. Il avait l'impression d'avoir une cible placardé dans son dos. Il soupira en passant devant l'enseigne d'un magasin de luxe où deux femmes parlaient devant une paire de chaussure. Il aurait pu donner une vie comme celle de ces deux femmes à Irène, s'il le voulait et si ça irait à cette dernière, mais il tout gâché encore une fois. Car comme à chaque fois qu'il bouge le petit doigt, il merde.

Lucky marchait à ses côtés. Il avait les mains aussi dans les poches et ne cessait de jeter des coups d'œil partout, sachant pertinemment qu'il n'était pas énormément discret. Mais il s'en foutait, il avait peur. Tellement peur qu'il pourrait même se pisser dessus littéralement s'il n'était pas un adulte et qu'il n'avait pas envie de se taper la honte et attirer l'attention. Ses yeux bleus apeurés parlaient pour lui et il marchait un peu plus en arrière de son ami, avec un léger décalage. Ses cheveux blonds presque blancs étaient cachés sous une capuche et heureusement pour eux, il pleuvait. Ils passaient inaperçus parmi la population qui courrait ou trottinait pour rejoindre un endroit au sec, capuche sur la tête ou parapluie au-dessus du crâne.

Harry et Lucky marchaient, espérant ne pas croiser un seul regard ou une seule personne susceptible de les reconnaître. La nuit était sur le point de montrer le bout de son nez et après avoir traîné une bonne partie de la matinée et de la journée dans le centre ville et à bord de la voiture, ils avaient besoin de se dégourdir un peu les jambes. Alors ils flânaient encore les boutiques, les supérettes et croisaient tout le temps les doigts à chaque fois qu'une voiture de police passait près d'eux. Car il ne fallait pas être un génie pour savoir que ces voitures qui patrouillaient partout dans la vie étaient à leur recherche et que dès qu'elles les chopperaient, ils passeraient un mauvais quart d'heure.

-Tu es sûr que tu sais où on va ? S'enquiert soudainement Lucky à l'encontre d'Harry.

L'anglais pivota légèrement, tournant la tête vers son interlocuteur avec les sourcils froncés. S'il sait où ils se rendent ? Il n'en a pas la moindre idée. Il s'est contenté d'avancer continuellement droit devant sans jamais se retourner. Probablement que leur voiture a été réquisitionner par la police à présent et ils se retrouvent à pieds, et uniquement à pieds. En croisant le regard de son ami, Lucky ne mit pas longtemps à comprendre que ce dernier n'avait à la base aucune idée de l'endroit où ils allaient se rendre, se réfugier pour la nuit. Il soupira tout en levant les yeux au ciel car ce n'était pas possible d'être aussi con qu'Harry sur le coup aux yeux de Lucky.

Le brun continua à avancer et bifurqua soudainement sur la gauche, pénétrant dans une ruelle sinueuse et dégueulasse. Il valait mieux avoir le nez bouché pour entrer dans une ruelle pareille. Il y avait un mélange odorant de pisse, de merde, de vomi, de sueur, d'alcool, de cannabis et probablement qu'à l'arrière-goût qui s'y cachait, il y avait une pointe de nicotine. Harry se pinça le nez car il n'avait, malheureusement pour lui, pas le nez bouché. Lucky manqua de continuer de marcher et du faire un pas en arrière pour pénétrer dans la ruelle où se faufilait déjà l'anglais.

Revive//h.s [Dark Love 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant