Cher toi,
Te souviens-tu de ce jour là ? Ce jour où nos deux vies ont changé ? Te souviens-tu de ce que tu m'as dis ? Moi, je m'en souviens comme si c'était hier. Je m'en souviens si fort que j'ai l'impression de vivre la scène en boucle, chaque jour, à chaque instant. Te souviens-tu de nos mots, de nos regards, de nos espoirs et nos faiblesses ? Te souviens-tu de mon visage alors que j'essayais de faire bonne figure devant toi ? T'arrives-t-il encore d'y penser ? Trouves-tu le temps de songer à ta vie d'avant ? J'aimerai pouvoir oublier. Oublier cet instant. Chaque instant. T'oublier. Mais au lieu de ça, je me souviens de tout. Je pourrais décrire la scène sans hésitation. Si tu as besoin d'une piqûre de rappel, lis ces quelques lignes. Rappelles toi. Souviens-toi. Remémore moi.
Flash-Back.
Samedi 02 juin 2010.
L'eau coule en cascade autour de moi. La vapeur m'enveloppe et m'empêche presque de respirer, mais j'ai toujours eu la fâcheuse habitude de prendre mes douches brûlantes. Il est vingt heures, et je sais que tu ne dois pas tarder de rentrer de l'entraînement. Comme chaque samedi, mercredi et lundi. Je ferme les yeux sous l'eau chaude et quand j'entends du bruit à l'extérieur de la salle de bain, je sais que c'est toi. Le son régulier de l'eau qui tombe à mes pieds m'empêche d'entendre le rideau de douche s'ouvrir, et quand j'ouvre les yeux, je te vois devant moi. Je m'apprête à sourire, en te voyant. Mais je m'interromps et à la place, je t'examine en fronçant les sourcils. Tu te tiens devant moi, à moitié entré dans la douche italienne, et je ne prête pas attention à l'eau qui commence à mouiller le carrelage de la salle de bain. Non. Je suis trop occupée à regarder la tenue de sport que tu portes encore et qui est maculée de terre. Il a plut aujourd'hui mais ça ne vous a visiblement pas empêchés de vous entraîner dehors. Tu portes encore tes crampons et quand je relève les yeux vers ton visage, je m'inquiète. J'aimerai t'interroger mais tu es le premier à parler.
- C'est arrivé.
J'encaisse le coup. Amèrement. Je fais en sorte de tenir droite sur mes jambes qui deviennent flageolantes. J'essaye de faire bonne figure. Je comprends immédiatement ce que tu veux dire. C'est arrivé. Tu as été repéré. Une partie de mon cœur se réjouit. L'autre partie semble compressée dans un étau.
- Quand ?
Le son qui sort de ma bouche me trahi et te montre à quel point je suis affectée par cette nouvelle. Je n'ai pu émettre qu'un murmure quand j'aurai voulu que ma voix soit ferme. J'aurai voulu me montrer forte devant toi.
- Deux mois d'essai à partir de juillet. Le contrat est prévu pour septembre.
J'encaisse de nouveau. L'eau qui coule sur mon corps est toujours aussi chaude, mais je ne peux m'empêcher de frissonner. C'est arrivé. C'est vraiment arrivé. Je vois sur ton visage que tu es aussi partagé que moi, voir plus. La joie d'être enfin repéré. Le fait de devoir me quitter.
- Où ?
Une nouvelle fois, ma voix n'est qu'un murmure. Un son à peine inaudible caché par le bruit de l'eau. Mais tu l'entends. Tu m'as toujours entendu.
- Bayonne.
J'encaisse une troisième fois. Mais cette nouvelle annonce est plus puissante, plus dévastatrice. Bayonne. Bayonne qui est tellement loin. Bayonne qui est inaccessible. Je fronce le sourcil et tu le remarques. Je dois faire bonne figure. Nous avons parlé de cette éventualité un million de fois. Je suis préparée. Je suis capable de faire face même si mon cœur ne réagit plus.
- C'est ok.
Cette fois, ma voix est plus ferme, plus affirmée. Je n'ai pas le droit de me dégonfler maintenant. Tu ouvres la bouche pour parler mais aucun son ne sort. C'est alors que tu entres un peu plus sous la douche et le rideau se ferme derrière toi. L'eau ne t'atteint que partiellement, arrêtée par mon dos.
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Dear You. (Antoine Griezmann)
FanfictionUn amour de jeunesse. Une séparation à contre cœur. Des doutes, des peines, des pleurs. Deux cœurs qui battent. Des retrouvailles. Des interrogations. L'amour. Toujours, l'amour. "Crachons, veux-tu bien, sur ce que nous avons aimé ensemble. Crachon...