Samedi 09 juillet.
Samedi 09 juillet, ou la finale de l'euro.
Samedi 09 juillet, ou le jour où tout va se jouer.
Samedi 09 juillet, la France contre le Portugal.
Samedi 09 juillet, les jeux sont faits, les dés sont lancés.
Samedi 09 juillet, elle sera là.
Samedi 09 juillet, mon avenir professionnel et mon avenir sentimental sont en jeu.
Samedi 09 juillet, je n'ai pas le droit à l'erreur.
Samedi 09 juillet.Je suis terrifié. Enthousiaste. Apeuré. Impatient. La journée ne pourrait-elle pas passer plus vite ? Je ne demande qu'une chose, me retrouver face aux Portugais. Me retrouver sur le terrain. Entendre les gradins vibrer. Entendre les voix de tous les supporters se mélanger. Savoir qu'elle sera là. Jouer. Vibrer. L'aimer. Marquer. Gagner. Est-ce que j'en demande trop ?
Bien sûr que j'en demande trop. Je veux tout. J'en veux trop. Vivre de ma passion. Vivre de Rawena. Nous avons toujours pensé que les deux étaient indissociables. Qu'il y avait d'un côté notre amour, et de l'autre, le football. Nous n'avons jamais essayé de concilier les deux. À l'époque, tu étais trop jeune, nous n'étions même pas majeurs. Mais aujourd'hui, nous sommes des adultes. Nous devrions essayer.
Je ne comprendrais jamais cet attrait que j'ai pour Rawena. Je n'arrive pas à mettre de mot sur cette passion qui nous consume depuis des années. C'est insensé de dire qu'il n'y a qu'elle depuis le collège. J'ai bien sûr connu d'autres filles, mais ça n'a jamais été aussi fort qu'avec Rawena. Elle est au-dessus de tout. Comme le football est au-dessus de tous les autres sports. Et j'ai besoin des deux pour respirer.
La revoir, l'autre soir, en bas de son hôtel, fut une terrible piqûre de rappel. Une piqûre qui m'a permis de me rendre compte que je n'avais pas réellement laissé Rawena derrière moi. Que je m'étais voilé la face. Tout semblait simple, car quelques mois après mon départ de Mâcon, ma vie avait déjà pris un rythme effréné. Je n'avais pas le temps de penser à elle, de penser à nous deux, de penser à ce que j'avais abandonné. Contrairement à elle. Elle qui ne faisait que ça. Y penser.
J'ai été égoïste. Je l'ai laissé seule avec pour unique compagnie sa peine. Sa peine et mon absence. Sa peine et la distance. Sa peine et nos souvenirs. Et ce qui me tue, c'est de voir qu'elle ne semble pas m'en vouloir. Qu'elle ne m'en veut pas d'être parti. Elle comprend. Elle m'encourage. Elle m'a sourit quand j'ai pris le train pour quitter Mâcon. De nous deux, Rawena est bien plus forte que moi. C'est elle qui a tout supporté.
Elle n'a pas laissé notre amour s'éteindre. Je m'en suis rendu compte, sur ce trottoir, en bas de l'hôtel. Je l'ai vu dans son regard. Dans son sourire. Dans ses gestes. J'ai vu comme elle était stressée de me revoir. J'ai vu comme ses mains tremblaient. J'ai vu les larmes dans ses yeux, qu'elle a contenus jusqu'à mon départ. Et surtout, j'ai senti. J'ai senti l'amour dans ses baisers. J'ai ressenti ce qu'aucune autre fille n'arrive à me faire sentir. L'amour qu'elle me porte était flagrant. Et je ne sais pas si j'ai été à la hauteur de cet amour.
Je ne sais pas non plus à quoi je pensais en lui envoyant ces billets pour la finale de l'euro. Je sais juste que je voulais qu'elle soit là. Je veux sentir sa présence ce soir. Je veux savoir que ses yeux seront posés sur moi, même si je sais qu'ils s'égareront sur Giroud de temps en temps... Elle n'est même pas là qu'elle arrive à me faire sourire.
Ce soir, je vais devoir tout donner. Pour moi. Pour l'équipe. Pour notre pays. Pour nos supporters. Et pour Rawena. Surtout pour Rawena. Pour lui montrer que tout ça n'était pas vain. Que je n'ai pas quitté Mâcon pour rien. Non. J'aurai quitté Mâcon, j'aurai quitté Rawena, pour gagner l'Euro. Et ça ne sera pas rien.
Samedi 09 juillet. Tout va se jouer ce soir.
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Samedi 09 juillet. Paris. Me revoici à Paris. Tant de choses se sont passées depuis ma venue à la capitale. Nolan. Toi. Toi. Nolan. Tant de choses, et si peu à la fois. Il arrive parfois que la présence de Nolan me manque. Mais je me suis rendu compte qu'il ne me manquera jamais autant que tu me manques, toi. Le seul fait de penser que nous nous trouvons tous les deux à Paris me fait frissonner. Pourtant, Paris est vaste. Pourtant, tu restes infiniment loin de moi. Mais doucement, progressivement, je sens que les choses commencent à changer. Je sens quelque chose de nouveau. Je te sens plus proche de moi. J'ai l'impression que quelque chose est enfin possible, même si je n'arrive pas à savoir quoi.
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Dear You. (Antoine Griezmann)
FanficUn amour de jeunesse. Une séparation à contre cœur. Des doutes, des peines, des pleurs. Deux cœurs qui battent. Des retrouvailles. Des interrogations. L'amour. Toujours, l'amour. "Crachons, veux-tu bien, sur ce que nous avons aimé ensemble. Crachon...