Quatrième chapitre.

504 37 32
                                    

Dear You,

Ton départ n'a pas eu pour conséquence que le manque. Non, les choses auraient été bien trop simples si ça avait été le cas. Bien sûr, il y a eu la peine, le manque, les larmes, mais finalement ce n'était rien à côté de ce qui m'attendait. Tu sais, ce sentiment que l'on ne contrôle pas. Qui nous fais dire des choses que l'on ne pense pas. Ce sentiment là, tout le monde le connaît. Je regrette juste de le connaître un peu trop bien.

La jalousie.

Sentiment amer. Violente émotion. La jalousie est arrivée dans ma vie peu de temps après que tu sois parti. Il a suffit d'un rien. Une sortie avec les personnes que tu côtoyais à Bayonne. La première sortie depuis que tu avais quitté Mâcon. Ce n'était rien. Une soirée normale. Et pourtant, depuis ma chambre, je ne pouvais m'empêcher de tourner en rond en me rongeant les ongles et en vérifiant mon téléphone toutes les cinq minutes.

Je n'étais pas inquiète à propos de ce que tu pourrais faire ce soir-là. J'étais inquiète à propos des autres soirs. Il était indéniable que tu fasses de nouvelles rencontres et c'était de ça dont j'avais peur. J'avais peur du jour où j'allais apprendre que tu avais fait une nouvelle rencontre, me classant ainsi définitivement dans le rang des ex. C'est arrivé, bien entendu. Des deux côtés. Des années plus tard, comment pouvait-il en être autrement ?

Je venais d'avoir dix-huit ans. Un an et demi que tu étais parti. Ton absence devenait doucement coutumière, habituelle. Judy et moi avons eu notre bac et avons décidés d'enchaîner sur un BTS en ressources humaines. Nous avons choisi cette même filière pour ne pas avoir à nous séparer, car sans toi, je me suis accrocher à elle et nous sommes devenues indissociables. Au bout d'un an, nos contacts se sont espacés. Nous avions arrêté de nous dire que nous nous aimions. J'ai arrêté d'angoisser, de pleurer. Le temps s'était sournoisement immiscé dans notre relation qui n'en était finalement plus une.

Ceci dit, un soir, tu m'as appelé. Je n'avais pas entendu ta voix depuis plus d'un mois. J'ai hésité avant de décrocher, ne souhaitant pas m'enfoncer de nouveau dans les méandres du passé. J'ai lu le nom qui s'affichait sur l'écran de mon téléphone un peu plus récent et j'ai eu un pincement au cœur. "Amour" avait été remplacé par "toi" deux mois auparavant. Bien sûr, à cette époque, du haut de mes dix-huit ans, je t'aimais toujours. Je crois que quelque part, au fond de moi, je ne pourrais jamais m'empêcher de t'aimer, même aujourd'hui. J'ai décroché, et le son de ta voix ne m'a pas fait le même électrochoc qu'autrefois.

Flash-Back.
12 février 2012.

- Allô ?
- Salut.

Je fronce les sourcils parce que ta voix sonne comme étrangère à mes oreilles. Depuis quand m'es-tu devenu étranger ? Je sens que ce n'est plus pareil. Ce « salut » seul me suffit pour le percevoir.

- Ça faisait longtemps...
- Pour toi comme pour moi, réponds-tu.

La conversation engagée ne me dit rien qui vaille et je crains d'entendre la suite. Tu me sembles distant de l'autre côté du téléphone et pour une fois je n'ai pas envie de chercher à te visualiser. Ai-je l'air aussi distante à tes yeux ?

- Tu vas bien ? je demande pour combler le vide.
- Oui et toi ?

Ce dialogue me pétrifie sur place. Depuis quand sommes nous devenu aussi formels ? Le temps et la distance ont-ils déjà tout emporté sur leur passage, même notre amour ?

- Ça va aussi.

Deux étrangers. Ne reste-t-il que ça de notre histoire ? J'ai tellement de mal à l'accepter, à l'envisager, à le comprendre...

Dear You. (Antoine Griezmann) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant