Je ne compte plus le nombre de jours où je me suis réveillée en me disant que je t'avais oublié. Ces jours où, par miracle, ou par erreur, je me levais de bonne humeur. Ces jours où j'avais envie de faire plus de choses que d'autres. Ces jours où tout ne me semblait pas noir, mais un peu plus gris. Ces jours là, je me disais que je t'avais enfin oublié. Puis en y pensant, je perdais ma bonne humeur, ressentais de nouveau l'envie de ne rien faire, et tout redevenait noir. Et finalement, je me rendais compte que non, je ne t'avais pas oublié. Que ce n'était que quelques heures de répit dans cet éternel enfer.
En sentant tes lèvres contre les miennes, je comprends mieux pourquoi je ne suis pas parvenue à t'oublier. Parce que je t'ai tout donné, même ce que je ne possédais pas. Parce que je t'ai tout laissé quand tu es parti. Parce que tu as tout emmené avec toi. Et là, ce soir, je récupère un peu de ce que je t'ai laissé. J'ai l'impression d'avoir de nouveau quinze ans, quand nous nous sommes embrassés pour la première fois. Quinze ans. Seize ans. Dix-sept ans. Ces trois petites années que j'ai passé auprès de toi. C'est triste à dire, mais nous avons passés plus de temps séparément qu'ensemble. Qu'est-ce que trois ans, contre six ans d'absence ?
J'ai l'impression de sentir tous mes sens exploser. Comme s'ils se réveillaient enfin, comme s'ils n'attendaient que toi pour le faire. La vue. Même en ayant les yeux fermés, je suis capable de te discerner à travers mes paupières clauses. L'ouïe. J'entends ton souffle, ta respiration saccadée, et les voitures qui passent parfois devant nous. L'une d'entre elle nous klaxonne même, mais aucun de nous deux n'y prête attention. L'odorat. Je sens ton odeur. Elle m'enveloppe de toute part et je pourrais m'y perdre sans la moindre crainte. Le goût. Le goût de tes lèvres que j'avais oublié. Le goût de tout ce que j'ai tant aimé, de tout ce que j'ai tant pleuré. Le goût de toi. Le goût qui fait que je suis moi. Le toucher. Ton toucher. La sensation de mes doigts dans tes cheveux, de ta main sur mes hanches, de tes lèvres contre les miennes. Nos doigts qui se frôlent.
Et mon cœur. Mon cœur qui s'acharne dans ma poitrine. Mon cœur qui menace d'exploser. Durant toutes ces années, je ne demandais rien de plus. Je ne demandais que toi. Je ne voulais qu'une chose, que tu me reviennes. Je sais que tu ne m'es pas totalement revenu. Je sais que, comme tu l'as dit, tu n'es qu'éphémère, que tout ça n'est qu'éphémère. Mais je sais aussi que c'est là tout ce que j'ai espéré. Que c'est la raison de toutes mes prières. Je voulais seulement que tu reviennes un peu pour combler le vide que tu as laissé. Je ne saurais dire si le baiser que nous échangeons dure une heure ou bien quelques secondes. Je ne saurais dire ce qu'il se passe dans ta tête. Je ne saurais dire ce qu'il se passe dans la mienne tant mes pensées sont confuses. Mais je n'ai pas besoin d'explications. J'ai juste besoin de toi, tant que tu es là.
Quand nos lèvres se séparent, c'est inévitable, j'ai immédiatement froid. Froid de toi, froid à l'idée que tu vas bientôt partir. Le jour va se lever et tu ne pourras pas rester indéfiniment sur ce trottoir. C'est une course contre le temps, une course contre la montre, contre le soleil que je ne veux pas voir se lever. Je m'attends à ce que tu me dises que nous venons de commettre une erreur, ou quelque chose de ce style. Mais tu me regardes, en restant silencieux, et je trouve ça encore pire. Bordel, tu es devenu si beau. Je serais capable de donner le peu que j'ai pour te récupérer. Mais je ne suis pas dupe. Je sais que maintenant, nous sommes incompatibles. Je sais que nos deux mondes sont trop différents. Je sais que trop de choses nous séparent, et que trop peu nous rapprochent.
Toujours en silence, tu prends mes doigts entre les tiens, et tu t'amuses à les faire jouer entre eux. Ta peau contre la mienne me fait de nouveau frissonner. A l'inverse de toi, qui regarde nos deux mains jointes, je ne regarde que ton visage. Tes sourcils légèrement froncés. Le grain de ta peau. Tes lèvres que je veux goûter de nouveau. Je suis complétement dépendante, totalement éprise de toi. Un mot, un geste, un signe de ta part, et j'abandonne tout.
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Dear You. (Antoine Griezmann)
Fiksi PenggemarUn amour de jeunesse. Une séparation à contre cœur. Des doutes, des peines, des pleurs. Deux cœurs qui battent. Des retrouvailles. Des interrogations. L'amour. Toujours, l'amour. "Crachons, veux-tu bien, sur ce que nous avons aimé ensemble. Crachon...