Chapitre 4 : La Fuite

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Je trébuchais à chaque pas, buttant sur des caillous, m'écorchant les mains, déchirant mon pantalon. Julien quant à lui me semblait très à l'aise et sautillait comme Bambi. J'aurais voulu qu'il se foule la cheville mais bon, c'était méchant. Et puis, ça m'amusait de le voir bondir dans tous les sens. Même si j'étais toujours furieuse contre lui.

Il s'arrêta devant une cabane en bois délabrée, que je n'avais pas remarqué avant qu'il ne frappa trois coups contre la porte moisie. Elle s'ouvrit en grinçant et laissa apparaître deux paires d'yeux vairons qui nous fixèrent tour à tour. Puis un rire fusa.

_ Tu es sûr de ton coup, Juju? Elle m'a l'air un peu fragile, vas-y doucement avec elle!

Cette phrase me terrifia. On l'aurait dit sortie d'un roman policier totalement glauque. Mon instinct de survie se réveilla et provoqua une montée d'adrénaline : peut importe ce que cette voix entendait par là, je ne voulais pas le savoir. Fuis. Je me mis à courir, détalant comme un lapin, oubliant tout, les branches, les pierres, les trous dans le sol... Je ne me retournai pas, le sang battait à mes oreilles si fort que je n'entendais pas Julien m'appeller, ni me suivre à travers la brousaille. Quelle idiote ; je n'aurais jamais dû sauter, ça je le savais déjà, mais de plus je n'aurais jamais dû monter dans ce train!

La nuit tombait. Les environs se ressemblaient tous et je fonçais droit, ne sachant ni où aller ni où tourner. Tout ce que je savais, c'était que je ne devais pour rien au monde m'arrêter. Je sentais les pas derrière moi se rapprocher, des regards semblaient me fixer à travers la pénombre. Ma course redoubla d'intensité, mon coeur ne se contentait plus de battre, il hurlait. Je sentis quelque chose d'humide sur mes joues. Non! Ce n'est pas le moment! Je m'étais juré de ne pas pleurer, jamais. J'essayais de me persuader que ce n'étais pas moi qui versais ses larmes mais un masque étouffant posé sur mon visage. Oui, c'est cela, un masque. Arrête! Ça fait fuir les anges... J'arrachai ce "masque" et essuyai mes joues empoisonnées. Ma vue s'éclaircit, mais trop tard, mon front heurtait déjà une branche trop épaisse pour se briser.

Sonnée, je restai à terre, les mains dans la boue, le sang bouillant et comme figé dans mes veines. Je semblais avoir complètement perdu l'ouïe. Le peu d'esprit qu'il me restait m'ordonna de me jeter dans un fourré. J'attendis là, tremblante de fièvre, respirant à peine. Une silhouette sombre s'accroupit devant ma piètre cachette et sourit. Je haissais ce sourire.

_ Tu m'as fichu la trouille, quand même! Tu auras un belle bosse.

D'un bont, je me redressai et poussai Julien de toute mes forces. Déstabilisé par sa position précaire, il ne put se redresser à temps et tomba dans un fossé que je n'avais pas vu. Horrifiée, je ne pouvais me détourner, m'attendant à le voir s'écraser comme un pantin, le crâne sanglant, les yeux vides. Je m'attendais à tout, sauf à ce qu'il se passa. Sauf à ce qu'il traverse le sol...

RéciproqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant