Chapitre 10 : Laura! Cours!

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_ Cours!

Ces voix... Elles semblent si lointaines, si désincarnées. Elles me font mal à la tête...

_ Laura! Cours!

Je tournai instinctivement la tête, l'oreille attirée par mon prénom. Cela faisait des jours que je ne l'avais pas entendu.

Je secouai la main pour chasser la vapeur noire qui s'aglutinait autours de moi et m'empêchait de voir clairement. Mais elle était coriace. J'eus tout de même le temps d'apercevoir Julien et Anthony, à seulements quelques mètres de moi. Leur expression terrorisée me fit sourire. Quoi? C'est moi qui devrait avoir peur. C'est moi que vous avez abandonnée aux fantômes.

Je laissai aller ma tête contre le mur, les yeux clos. C'était tellement relaxant...Cette fumée noire avait une odeur de musc et de rosée, elle m'enveloppait comme un cocon protecteur m'isolant de la misère du monde. Je me sentais bercée, chérie, flottant sur un petit nuage.

Soudain, je me retrouvai sur mes pieds, sans bien comprendre ce qui avait bien pu se passer. Je secouai la tête afin de reprendre mes esprits, mais à peine les avais-je retrouvé que je fus entraînée par Julien qui me hurlait de courir. La chose tourna sa tête inhumaine vers moi et, mon instinct de survie prenant le dessus, je pris mes jambes à mon cou.

_ Plus vite! criait Anthony.

Je n'y arrivais pas. J'étais déjà à mon maximum et mes jambes menaçaient de lâcher. C'était exactement comme dans un cauchemar : on court de toutes ses forces et pourtant on reste cloué au sol, englué. Certes, j'avançais, mais moins vite que les garçons et surtout moins vite que la fumée sombre qui flottait vers nous.

Elle posa un doigt décharné et vaporeux sur mon épaule, puis le promena lentement le long de mon cou. Je faillis tomber à la renverse, foudroyée par la terreur. Tout se passa très vite ; je fus brutalement tirée en arrière, Julien s'interposa entre moi et la créature qui partit aussitôt en fumée tandis que Julien s'effondrait à mes pieds.

***

_ Il va rester comme ça combien de temps?

Anthony portait Julien sur son dos depuis déjà une demie heure, ce qui le ralentissait considérablement. J'étais obligée de m'arrêter de temps en temps pour rester à sa hauteur.

_ Ça dépend, dit-il. La dernière fois, ça a pris deux jours pour qu'il se remette. Mais je me souviens qu'une fois, il resté dans cet état une semaine.

_ Une semaine?

Je jetai un coup d'oeil au visage de Julien, appuyé sur l'épaule d'Anthony. Il était encore plus pâle que d'habitude et des mèches de ses cheveux blonds lui tombaient devant les yeux, cachant un peu les veines d'un orange flamboyant qui ressortaient de dessous sa peau et qui semblaient brûler dans la pénombre. Je lui en lui en voulait encore. Beaucoup. La coupure sur ma paume me démangea. Je détournai le regard.

_ Tout à l'heure, l'espèce de fumée noire, c'était quoi?

_ Un Gardien.

Un quoi?

_ Il ne faut pas se fier au nom, dit-il en voyant mon air consterné. Il n'y a aucune consonance positive. En fait, ils se nourrissent du malheur et du désespoir. Ils gardent les âmes prisonnières pour s'en nourrir. Autant dire qu'ils ne nous aiment pas beaucoup.Ils nous détestent, en fait.

_ Mais vous vous nourrissez un peu de la même manière...

Il prit un air vexé.

_ T'es complètement à l'Ouest! _ Précise.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 24, 2015 ⏰

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