Chapitre 6: Aptitudes

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Je hurlai, prête à encaisser le choc. Mais ça ne se passa pas comme prévu .

Ma respiration se coupa : j'avais l'impression qu'on me noyait. Mes yeux secs, ouverts de force, ne voyaient devant moi qu'un tourbillon étrange de couleurs, sans lien avec la réalité. Je tentai désespéremment de sortir de cette prison qui me compressait, mais rien n'y fit ; j'avais beau secouer mes bras, taper de mes pieds de toutes mes forces, je demeurais prisonnière. Je suffoquais et, dans une espèce de délire, je me mis à... à entendre des voix. Des chuchotements effrayants, qui se rapprochaient de moi. Un hurlement de peur resta coincé dans ma gorge, mais je le sentais bien, lui et mon cœur qui battait à m'en creuver la peau. Elles étaient là, elles allaient m'avoir, ces voix fantomatiques. Une morsure brûla ma joue et je me retrouvai soudain debout sur la terre ferme, soufflante, sans comprendre comment on m'avait sortie de là. Julien était toujours debout devant moi et me regardait paisiblement.

_ Mais t'es complètement malade !!!

_ Maintenant, si tu ne me crois pas, je ne sais pas quoi faire...

Je le croyais. Même si c'était difficile. De toutes les manières, il n'y avait que deux solutions : soit il disait vrai, soit j'étais folle. Et la deuxième proposition ne me tentait pas trop. 

_ Montre-moi ta joue, m'intima-t-il. 

Je retirai lentement ma main et il grimaça. 

_ Ma pauvre, ils ne t'ont pas râtée! 

_ Qui ça, "ils"? 

_ Les morts. 

_ Les quoi?! 

Il l haussa les épaules et sourit, l'air de dire que je comprendrais plus tard, ce même air qu'avait mon père en me disant "Quand tu seras plus grande, ma chérie". Les réponses claires n'étaient pas son fort, apparament. Il me fit rentrer dans la cabane. Enfin, "cabane" était le terme politiquement correct ; c'est à peine s'il y avait quatre murs. J'eus à peine le temps d'appercevoir l'interieur qu'on me sauta au cou :

_ Rholala, je suis trop désolé! Pardon, pardon, pardon pardon! Je suis stupide, je devrais surveiller ce que je dis... Enfin ça on me le dis souvent, mais là je crois que j'ai vraiment dépassé les bornes. T'es hyper pâle, tu va chopper la crève! Et toi, tu l'as laissé trempée comme ça?

Je pus enfin me dégager et reculai pour mieux voir mon agresseur. Devant moi se tenait un garçon à peine plus jeune que Julien, qui se mordait consamment la lèvre en me regardant avec angoisse. La première... heu non...la seconde chose qui me frappa chez lui furent ses yeux vairons. La première fut sa voix ; celle qui m'avait faite détaler plus vite qu'un lapin tout à l'heure.

_ Je te présente Anthony, lança Julien.

Mon "enchantée" resta coincé dans ma gorge, même s'il avait l'air d'un gentil garçon. Voyant que je ne répondais pas, il se tourna l'interessé.

_ On y va? Si son père prévient les flics...

_ Je sais mais t'es sûr qu'elle est prête pour ce genre de voyage?  s'inquiéta Anthony. La première fois, j'ai pas bien réagis...

_ Non. Mais au pire des cas, elle y laisse un bras.

Je le soupsonnais d'avoir dit ça juste pour m'effrayer. Je suis peut être maladroite, mais pas au point de me couper un membre en marchant dans la forêt...

_ Heu, je suis capable de marcher sans me casser quelque chose! m'imposai-je.

Ils s'esclaffèrent en coeur et je me sentis encore plus vexée.

_ On ne va pas marcher, fit Julien. On va prendre le chemin le plus court. Surtout, garde les bras le long du corps et n'ouvre pas la bouche.

Avant que j'aie ne serait-ce que le temps de penser à protester, il me plaqua au sol et je retouvai la désagréable sensation de la dernière fois. Je détesais ça, mais je gérait mieux : mes yeux ne distinguaient encore pas grand chose mais j'arrivais à percevoir les mouvements de Jules et Anthony. En très peu de temps nous étions arrivés. Où ça? Pas la moindre idée. Mais je respirais de l'air frais et semblais être de retour à la civilisation. 

RéciproqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant