Chapitre 9 : La Chasse

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/!\ Ce chapitre peut choquer les âmes sensibles

"Bouh! Je sais que je tarde vraiment à chaque chapitre et j'en suis désolée.  Je viens de rentrer en première S et mes profs n'ont pas été tendres! Ce chapitre est relativement court, mais je voulais pondre quelque chose. Merci à tous ceux qui me suivent, vous êtes un pur bonheur!

Voulez vous savoir à quoi ressemble l'héroïne principale? Si j'ai quelques réponses,  je posterais un dessin d'elle au prochain chapitre.  En attendant,  bonne lecture ;) "

***

Ils étaient deux. Ou plutôt elles étaient deux. Au milieu du couloir, à quelques mètres de moi. J'aurais presque juré avoir affaire à des personnes en chair et en os. Mais quelque chose sur leur visage, leur regard ou la lueur douce qu'émettait leur peau m'indiquait le contraire.

La plus âgée devait avoir la quarantaine et portait un uniforme d'infirmière. Son regard était vide, elle me regardait sans me voir.

_ Ma fille, ma fille... Qu'est-ce qu'ils ont fait à ma fille? 

Des larmes roulaient sur ses joues.  J'eus la brusque envie de la serrer dans mes bras, de la réconforter, tant la souffrance sur son visage semblait intense.

_ Maman, je suis là, écoute moi...

La deuxième qui venait de parler était agenouillée près d'elle, mais sa mère n'avait l'air ni de la voir, ni de l'entendre.

_ Ma fille...

Elle leva sa main droite et s'entailla profondément la gorge avec le couteau qu'elle tenait. Je sursauta : sa tête roula sur sa poitrine tandis que le sang noir qui coulait à flot tâchait ses vêtements. Mes yeux s'agrandirent d'horreur: j'étouffai un hurlement. Ne parle pas.

_ Maman! Maman! Non, Maman, s'il te plaît!

La fille s'effondra sur les genoux de sa mère, les épaules secoués de sanglots. 

Puis, soudain, elle se redressa. La mère également, reprenant sa plainte douloureuse. Et la scène recommença, encore et encore sous mes yeux épouvantés. Cette mère qui se tuait encore et encore devant sa fille qu'elle croyait morte, mutilée ou disparue. Je voulais la consoler, lui dire que sa fille était près d'elle, mais c'était impossible. Il ne fallait pas que je parle.  

Je me mis donc à marcher. Si je restais près d'elles plus longtemps, je risquait de faire une regretteble erreur. Mais en fait, regrettable en quoi? Pourquoi ne devais-je pas parler? Il faudrait que je demande à Ju...

Julien. Et Anthony. Mais où avaient-ils bien pu passer? 

J'étais seule. Seule dans ce couloir sombre. Ils m'avaient laissée à mon triste sort. Les voix des deux femmes n'étaient plus qu'un lointain murmure qui me donnait froid dans le dos. Je me concentrai sur mes pieds afin d'éviter de trop y penser, mais ce que je voyait sur le sol n'était pas beaucoup plus rassurant ; il était jonché de seringues, de débris de plâtre et de verres, de brancards en pièces détachées, de vieux dossiers médicaux et d'objets divers dont je ne voulais absolument connaître l'utilité.

Je relevai la tête, abattue par cet étalage d'objet remplis de souvenirs sinistres. Un point blanc luisait faiblement au bout du couloir ; je me souvins alors que la chemise de Julien aussi était blanche.

Je courus dans sa direction,  pressée d'échapper à la solitude qui, dans ce lieu, me rendait folle. J'aurais pu le serrer dans mes bras, malgré toute la rancune que j'éprouvais pour lui en cet instant. J'aurais pu. Si ç'avait été lui.

Je manquai de m'étouffer sur le coup. Les deux femmes se tenaient de nouveau devant moi, rejouant encore et toujours la même scène. Non... J'étais pourtant sûre que...

Ce n'est pas le même endroit! Je n'ai pas fait demi tour! 

_ Ma fille...

C'est à ce moment là que j'ai vraiment pris conscience de la gravité de la situation.  J'avais affaire à des personnes mortes, torturées,  malsaines, capable de me suivre partout où j'irais pour me faire revivre cauchemar sur cauchemar sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit.  Alors j'eus une incroyable montée d'adrénaline qui envoya des décharges électriques dans tout mon corps,  et je repris ma course folle.  Mais plus j'allais vite, plus j'avais l'impression de tourner en rond, et je revoyais encore et toujours la même scène.  Les cris, le sang, le silence ; les cris,  le sang, le silence.  À bout de souffle, je m'effondrai à terre,  épuisée, incapable de soulever mon propre poids. Et je restai là pendant ce qui m'ont semblée être des heures, tandis que la mère s 'égorgeait encore et encore,  sourde aux supplications de sa fille.

_ Assez...

Ce souffle, jamais je ne l'aurais cru mien si je n'avais pas sentis mes lèvres remuer. Mon coeur battait tellement fort qu'il me faisait mal.

_ Assez. ..

Je le répétai, trop abasourdie pour me rendre compte de ce que je faisais. Il y eu un silence de plomb et un long frisson dans le bas de mon dos m'indiquait clairement que je j'allais avoir des problèmes. 

_ Elle est là!  hurlai-je carrément.  Tu ne vois pas qu'elle est juste à côté de toi, ta fille!  Laissez moi, à la fin!

L'écho de ma propre voix retenti à mes oreilles comme un appel d'outre tombe. Comme si je faisais déjà l'une d'entre eux. 

Elles tournèrent leurs visages blafards vers moi et leurs yeux me transpercèrent sans me voir. Et elles s'évanouirent quasi instantanément,  sans que je puisse assimiler ce qui se passait.

Un vent brusque et froid vint balayer mes cheveux, m'obligeant à me tasser un peu plus à fin de me protéger. La bourrasque devint soudain brûlante,  intolérable,  avant de disparaître totallement.

Mon soulagement fut de courte durée.  Une ombre noire se dirigeait vers moi. Elle était tellement sombre que j'en avais mal aux yeux et , bien que je pouvais distinguer ce qui ressemblait à une tête et des bras, sa silhouette était bien trop longiligne pour être humaine. Une épaisse fumée semblait émaner d'elle et m'enveloppait toute entière.  Une étrange torpeur s'empara alors de mes membres et j'entendis des cris lointains... Tellement lointains...

_ Cours! 

RéciproqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant