chapitre sept

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Je me relevai dans une grimace de douleur avant d'ouvrir les yeux. Emma était allongée par terre, elle émettait des gémissements de douleur elle aussi.
"Putain, ça va ?"
Je venais de voir que sa tête avait dû heurter la rambarde, je me rapprochais d'elle en priant pour qu'elle soit toujours consciente.
"Mmmmh, non putaaaaaaaain..."
Elle ouvrit les yeux et me vit au-dessus d'elle.
"Tu peux m'aider à m'allonger s'il te plaît?
-Non, il faut que tu restes réveillée si c'est un trauma-..."
Je fus stoppé net dans mon inquiétude par ses lèvres posées sur les miennes. Elle m'embrassait avec vivacité, à moitié allongée par terre et moi à moitié accroupi, devant les escaliers. En moins de deux secondes, je lui rendais déjà ses baisers sauvages avant de la soulever contre moi et de l'emmener dans la première chambre où je poussai la porte et pris soin de la  refermer. Son corps chaud était toujours contre le mien, elle était légère, elle était surtout attirante comme le diable. Je la déposai sur le lit, elle plongea une main dans la poche arrière de son jean, et me lança le préservatif que je rattrapai au vol. Je revins près d'elle pour lui arracher son débardeur en satin à travers duquel la forme de sa poitrine transparaissait pour la découvrir à nu. Elle passa sa main derrière mon crâne, puis  s'allongea en arrière pour que je puisse faire glisser sur ses longues jambes fines son jean jusqu'à terre. Elle avait une culotte transparente. Quand elle se releva pour glisser ses mains sous mon sweat, je lui glissai à l'oreille :
"Tu es sûre? Tu ne sais pas ce que tu vas voir."
Elle me regarda sans une pointe d'incompréhension dans les yeux. Si je ne me trompais pas, elle me désirait follement. Elle ôta mon sweat, et recula pour m'observer. Quand elle revint, elle passait ses mains sur tout mon torse abîmé en me glissant à l'oreille : "Tu es merveilleusement beau.", avant de déboutonner mon jean, qui vint rejoindre le sien sur le sol. En enfilant le préservatif, je me rendis compte de l'effet électrique qu'elle avait sur moi. Elle n'était pas n'importe qui.
Nos corps se confondaient dans la lumière faible du chevet, c'était bon, c'était si différent de Rose. C'était plus sensuel, plus doux, plus sauvage à la fois. C'était inoubliable, mes pensées se perdaient en elle pendant qu'elle s'agrippait fermement à moi et chuchotait mon nom entre des gémissements de plaisir, les yeux fermés. Ses mains se promenaient sur mon corps, dessinaient les contours des différents empiècements de ma peau, et dieu, qu'est-ce qu'elle était belle putain. Au bord de l'extase, j'attendais qu'elle m'y rejoigne, ce qui ne tarda pas à arriver. Elle se cambra sous moi, avant de m'allonger et de se blottir contre moi, sous les draps. J'avais retiré le préservatif et remis mon caleçon. Ses longs cheveux châtain clair recouvraient à moitié sa poitrine et la mienne.
"Ian?
-Ouaip?"
Nous étions tous les deux à bout de souffle.
"Est-ce que j'ai le droit de te demander ce qu'il t'est arrivé? C'est de la curiosité malsaine.
-Tu le sais déjà.
-Pas l'histoire qui va avec."
En entendant ses mots, les pensées désagréables que je m'évertuais à éloigner de mon cerveau surgirent comme des évidences détestables. J'étais en train de cauchemarder éveillé, et le contraste saisissant avec les minutes précédentes me retournais l'estomac. Je me levai en enfilant mon jean avant de ramasser les vêtements et de m'enfermer dans la salle de bain, sourd aux questions inquiètes d'Emma. Je me déshabillai une nouvelle fois, puis entrai dans la douche en faisant couler l'eau chaude sur mon corps. De l'eau chaude. Depuis combien d'années..? Mon esprit me jouait des tours. Mon corps chauffait, car ma main ne cessait de tourner le levier de température toujours plus haut, comme si j'étais guidé par les Enfers. Enfin, je réussis à me contrôler et reculai contre la paroi opposé de la douche en coupant l'arrivée d'eau. Un sentiment horrible me retourna les tripes, je sortis de la cabine en titubant jusqu'à la cuvette des W.C où je rendis tout l'alcool et les mets que j'avais pu ingérer. Purgé, je retournai dans la douche où je me savonnais en entier avant de me rhabiller, redescendre et franchir la porte d'entrée, seul. Je commençais à descendre vers la direction de l'Institut, quand j'entendis les cris de Théo dans mon dos.
"C'est pas la peine." répondis-je juste, sans savoir ce qu'il m'avait dit.
Je l'entendais me suivre sans parler. Soit il faisait la gueule, soit il avait compris que quelque chose ne tournait pas rond chez moi ce soir. Je jetais un coup d'oeil sur une horloge de gare : 01h02. C'était l'heure la plus calme pour décider de rentrer.
Même si le froid glacial de l'hiver me fouettait les joues, j'avais toujours autant l'impression que je bouillonnais. C'était indescriptible et pourtant si présent. Mes pensées alternaient entre cette douleur interne et mes ébats avec Emma. J'avais l'impression d'avoir encore soif d'elle, de son corps. Je n'étais peut-être qu'un animal mené par ses bas instincts, avec la partie humaine de moi qui résidait dans mes pensées qui voguaient à contre-sens pour toujours m'enfoncer plus bas.
Cela faisait des années que je voguais vers le fond, et quand je croyais l'avoir atteint, ce n'était rien comparé à ce qui allait suivre. Plus je vieillissais, plus les faits étaient là : je n'étais pas fait pour cette vie, je n'étais pas fait pour ce destin. Je n'arrivais toujours pas à accepter qui j'étais avec ce qui m'étais arrivé. Je ne relativisais rien. J'étais pire qu'un fantôme, pire que l'ombre de moi-même, j'étais un être en vie qui errait, démuni. Lorsque je pensais être mort à l'intérieur de moi-même, je me rendais compte que j'étais vivant car j'étais capable de penser et de percevoir ce qui m'entourait. Mais jamais ce qu'il m'arrivait, jamais vraiment. C'était ça aussi, avec Rose, je ne l'avais jamais perçu comme un autre garçon l'aurait fait, parce que je rejetais tout loin de moi, tout cette mascarade beaucoup trop dure à digérer pour moi. Pour la chose que j'étais.

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