À présent, mes oreilles bourdonnaient effroyablement. Je ne savais pas quoi dire, ni quoi penser. Les seuls sons qui sortirent de ma bouche étaient de pitoyables râles pour m'obliger à respirer. Oui, j'avais le souffle coupé, au sens littéral du terme.
"Ian, c'est toi?"
Les pensées se bousculaient dans ma tête et disparaissaient tout aussi rapidement, comme des éclairs de génie mêlés à un trouble de la mémoire courte trop avancé.
"Ok, ok... Je suis la mère de Mike Stevens. Tu te rappelles?"
J'étais beaucoup trop bouleversé par ce hasard malsain. Je n'avais pas entendu parler de cette famille depuis des années. Ils étaient venus me voir à l'hôpital, puis plus rien. Je m'étais réveillé avec cette femme qui me tenait la main, que j'avais osé prendre pour ma mère. Et me rendre compte qu'elle ne l'était pas avait été le pire sentiment au monde. Je ne savais plus quoi répondre au téléphone. Une sorte d'angoisse m'avait gagné, des noeux dans l'estomac me brisaient le ventre. J'avais la nausée.
"Très bien euh, excusez moi, mais je vais raccroche...
-Écoute, je suis tellement heureuse que tout aille bien pour toi. Que tu sois prêt à emménager, ca fait quoi, tu vas fêter tes dix huit ans tout bientôt non ? Mike les a eus le mois dernier. Je suis si contente pour toi..."
Je trouvais enfin la force d'enfoncer le bouton rouge du fixe de l'orphelinat.
C'était comme si j'avais passé les deux dernières minutes dans un monde parallèle, et j'avais détesté ce voyage.
C'était hallucinant. Je n'avais jamais vraiment su comment c'était, de retrouver des fantômes du passé, puisque les miens étaient partis en cendres.
Je tentai alors d'arrêter le tremblement qui ravageait mes mains en rassemblant mes formulaires. Je tentai de penser à autre chose, mais c'était impossible. J'étais déstabilisé.
"Wilson !"
Je me retournai pour voir Callum. Il avait le même âge que moi, à peu de jours près, et notre départ devait se faire en même temps. Seulement, on ne s'appréciait pas plus que ca. Lui avait eu une enfance parsemée de familles d'accueil et de socialisation. Et je ne partageais rien de tout cela.
"Je te cherchais. Tu as eu l'entretien ?" poursuivit-il, les yeux dans le vague.
"Ouaip. Il y a à peine une heure."
Grâce à lui, je réémergeais dans la réalité.
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self-abandoned
Fiksi UmumIan, un passé, des cicatrices. Que feriez-vous si vous aviez toujours grandi en sachant que le destin vous échapperait toujours, en sachant que vous ne contrôlez jamais rien ?