Trois

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H O P E

Quelques minutes après m'être réveillée, je sors en vitesse de mon lit en bois vieilli, puis je cours jusqu'à la fenêtre, à quelques mètres de là. Encore un peu déboussolée, je saisis mon journal et débute mon écriture, afin de clarifier mes idées.

"Cher journal,

La nuit passée, j'ai fait un rêve plutôt étrange. Ce n'était pas un cauchemar et j'en suis certaine, parce que je me sentais bien à l'aise.

Dans ce rêve, j'étais dans une maison assez spacieuse. Elle était très jolie, et tout semblait s'agencer à la perfection : les couleurs, les meubles, et même les décorations. J'avais l'impression d'avoir habité cet endroit depuis toujours, ce qui était très surprenant, puisque je ne l'avais jamais vu.

Alors que je me dirigeais vers je ne sais où, une dame m'a interpellée :

— Ma chérie, le souper est prêt. Tu peux venir à table.

Puis, sans pouvoir décider de ce que j'allais dire, j'ai répondu :

— D'accord maman, j'arrive dans un instant.

Étonnée de ma réaction, je me suis ensuite déplacée vers ce qui semblait être une salle à manger. En m'asseyant à table, j'ai remarqué, en m'observant sur le dos d'une cuillère, que mon reflet était très différent. Contrairement à mon teint pâle, et mes cheveux emmêlés et secs, j'avais un teint légèrement rosé, et des cheveux bruns lisses et soyeux. De plus, la personne qui se reflétait sur cette cuillère était beaucoup plus jeune. Elle avait environ six ou sept ans. Le seul point en commun qu'elle avait avec moi était ses traits extrêmement creux, comme si elle avait jeuné durant plusieurs jours. Effrayée, mais surtout déconcertée par cette vision, je repoussai la cuillère et décidai de ne plus me regarder dans celle-ci.

— Nous avons préparé ton repas favori, Hope. C'est du confit de canard. Nous en mangeons à chaque Noël chez Jeanne. T'en rappelles-tu ? a demandé un homme qui était assis en face de moi.

— Je sais que j'aime le canard, mais qui est Jeanne, et pourquoi allons-nous chez elle à chaque Noël ?  ai-je dit, sans contrôler mes paroles.

La femme à côté de lui, celle que j'avais appelée maman, lui a pris la main et l'a serrée tendrement, en lui soufflant à l'oreille :

— Ça va aller, ne t'inquiète pas.

L'homme a tenté de reprendre son calme, puis a poursuivi, avec des larmes qui perlaient sur ses joues :

— Jeanne est le prénom de ta tante. C'est aussi ma sœur. Nous allons chez elle simplement parce que c'est la tradition. L'année dernière, c'est elle qui t'a offert Oli, ton ours en peluche favori.

— Ne pleure pas, Martin. Nous devons rester forts, fais-le pour notre fille, a dit la dame, en remarquant que l'homme pleurait.

En s'excusant et en essuyant les gouttes d'eau salée qui coulaient sur son visage, l'homme prénommé Martin est sorti de table et est parti dans une autre pièce.

— Pourquoi est-ce que papa pleure ? me suis-je inquiétée.

— C'est compliqué, ma belle. Tu comprendras quand tu seras plus grande. Pour l'instant, ne t'alarme pas. Tout va pour le mieux, a répondu ma mère, afin de me rassurer.

Décidément, la situation devenait de plus en plus étrange, et je n'y comprenais rien. J'ai ensuite remarqué que je serrais quelque chose dans mes bras depuis le début de la conversation. C'était Oli, le fameux ours que Jeanne m'a offert, le 25 décembre passé.

Soudainement, j'ai été prise d'un horrible mal de tête. J'ai commencé à être très fatiguée, à un tel point que je n'arrivais plus à bouger mes jambes et mes bras. J'étais clouée sur place, et cela m'a fait paniquer. J'avais l'impression d'être paralysée.

— Hope, est-ce que ça va ? a demandé ma mère, avec une expression d'inquiétude sur son visage.

Je ne pouvais plus lui répondre. Ma vue se troublait, et je ne pouvais presque pas la voir.

— Hope ! Réponds-moi maintenant, ce n'est pas drôle ! a-t-elle dit, paniquée.

Je tentais de lui parler, en vain. Mon visage était paralysé. Tout mon corps s'engourdissait et je perdais l'équilibre.

Tout à coup, ce fut le noir total. Je me suis réveillée peu de temps par la suite, désorientée, mais bien au chaud dans mon lit poussiéreux qui se trouvait dans la maison abandonnée. J'ai remarqué que je rêvais, et que, heureusement, ce qui venait de se passer n'était pas réel, du moins, je l'espérais. Un flot de questions m'est aussitôt venu en tête. J'étais troublée de ne pas y avoir pensé plus tôt. Pourquoi n'avais-je aucun souvenir de ces personnes ? Je les avais appelés papa et maman, ils étaient certainement mes parents. De plus, pourquoi étaient-ils si tristes ?

Lorsque j'y repense, je me demande si c'était bien moi que j'ai aperçu sur cette cuillère, ou si ce n'était qu'une étrangère. Pourquoi aurais-je vu une inconnue ? Cela n'a aucun sens.

Je dois avouer que cette histoire m'a laissée confuse, encore plus que celle du mystérieux garçon d'hier matin. J'espère comprendre bientôt ce qu'elle signifiait, ou même si elle était vraie.

– Hope Wilson"

Après avoir rangé mon journal à sa place habituelle, sur le bord de la fenêtre, je décide d'aller dehors. Il fait assez beau aujourd'hui, et c'est pourquoi je vais me promener en ville. Je descends donc les marches pour me rendre au rez-de-chaussée.

En arrivant devant la porte d'entrée, je commence à ressentir des nausées semblables à celles de mon rêve. Je me suis probablement levée trop vite, tout à l'heure.

Puis, lorsque j'ouvre la porte, une énorme fatigue me prend, ma vue se trouble, et un cillement très aigu résonne dans mes oreilles. Je commence aussitôt à avoir peur, puisque je ne comprends pas la situation. Je me rends alors dehors pour tenter de respirer un peu d'air frais, et je décide de m'appuyer sur le mur pour quelques instants, afin de retrouver mon calme. Malheureusement, cela n'améliore pas ma situation. Mes jambes s'engourdissent, je perds l'équilibre, et me cogne la tête sur le sol en chutant violemment sur celui-ci.

Je perds connaissance.

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C'est tout pour le troisième chapitre ! Laissez un petit vote et un avis en commentaire, ça fait toujours plaisir et ça m'aide beaucoup.

ForgottenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant