Six

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Z A C H A R Y

— Zachary... Je dois t'avouer que je n'en ai pas la moindre idée.

Sa réponse me laisse bouche bée. Elle doit certainement savoir par où commencer. Cela doit être une mauvaise blague.

— Même pas une petite idée ? dis-je.

— Non, aucune.

Quelle idiote ! Elle veut connaître la cause de sa mort, mais elle ne sait même pas où chercher des indices. Elle me désespère.

— On pourrait essayer de retrouver sa trace en cherchant en ville, suggéré-je, en tentant de garder mon calme.

— Pourquoi là-bas ? demande-t-elle.

— Il faut bien commencer quelque part, non ? Et puis, c'est toujours bondé de gens lorsqu'il fait beau comme aujourd'hui. Il y sera peut-être.

Je l'entraîne alors à l'extérieur avec moi. Je ne sais vraiment pas comment trouver ne serait-ce que quelques informations à propos de ce jeune homme. Cependant, je ne veux pas lui faire perdre espoir. Elle ne se souvient pas de la cause de sa mort. Cela doit être extrêmement difficile pour elle. De mon côté, si je ne m'en rappelais pas, je serais au bord de la folie.

Nous arrivons en ville. Le bruit des automobiles, des passants qui bavardent entre eux et des enfants qui se chamaillent se transforme en une musique assourdissante à mes oreilles. Une vraie cacophonie. Le contraste entre la silencieuse demeure d'Hope dans les bois et du chahut de la ville est époustouflant. Je m'étonne de ne pas l'avoir remarqué avant aujourd'hui.

Nous continuons nos recherches, et passons par de petites ruelles ainsi que des boutiques. Nous faisons cela pendant une heure, pour finalement nous arrêter dans un immense parc. Dans celui-ci, il y a plusieurs modules de jeu dans lesquels se trouvent des jeunes assez joyeux. Ils sont, pour la plupart, surveillés par un adulte. D'autres enfants rigolent en s'amusant dans le sable ou en jouant avec leurs amis. Il y a des gens de tout âge, mais il n'y a aucun signe du garçon que nous cherchons.

— On ne le trouvera jamais, parmi toutes ces personnes, soupire-t-elle, en s'asseyant sur un banc non loin de moi.

Elle est dénuée d'espoir et de confiance. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'aime pas la voir ainsi.

Je ressens comme une boule dans mon ventre. Ce n'est pas normal. Je ne me suis jamais attaché à quiconque, encore moins à un tel point, et ce n'est pas maintenant que cela va commencer. Je chasse alors cette pensée indésirable de mon esprit.

Tout à coup, une idée me vient en tête :

— En se fiant à son apparence, il semblait avoir quel âge ?

— Je ne sais pas... Seize ans, peut-être dix-sept ? Il n'était pas vieux.

— Pourquoi ne pas le chercher au lycée ? proposé-je. Ce serait moins long, puisqu'il n'y en a qu'un seul. Cet adolescent doit certainement y aller, s'il a l'âge que tu lui donnes.

Puis, son regard s'illumine, mais elle éclate de rire peu après.

— C'est si insensé que cela ? m'inquiété-je.

— Non, ce n'est pas du tout le cas. Je n'arrive juste pas à croire que je n'y ai pas pensé avant, avoue-t-elle.

— Eh bien, on devrait se dépêcher, si on veut arriver à temps. Les cours se terminent bientôt, car c'est la fin de l'après-midi.

Nous nous mettons alors en marche pour le lycée. Il se trouve à environ une dizaine de minutes d'ici. Il n'est pas trop loin.

En partant, je remarque que Hope ne me suit pas. Je me retourne alors et la vois, toujours assise sur le banc. J'aurais bien aimé qu'elle me saute au cou pour me remercier. Même un simple sourire ne m'aurait pas déplu... Mais qu'est-ce qui me prend ? Pourquoi cette fille me fait-elle tant d'effet ? Je dois arrêter d'y penser, peu importe mes sentiments.

Je vais ensuite vers elle, et lui dis :

— Tu viens ? Je ne voudrais pas qu'on soit en retard.

— Oui, désolée. J'arrive, répond-elle.

Puis, nous partons. Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant l'énorme établissement. Datant de 1837, il est connu comme étant le plus vieux bâtiment de toute la région. Avec ses murs vieillis en pierre beige et ses énormes portes vert sapin dont la peinture est partiellement écaillée, je ne peux en douter. Cet endroit mériterait d'être rénové.

— Je me souviens de cet endroit. J'y suis allée, lorsque j'étais encore vivante, s'exclame Hope.

— Au moins, si on ne trouve pas le garçon que nous cherchons, tu auras peut-être des souvenirs de ta mort qui te reviendront en mémoire.

Je me dirige alors vers l'entrée de l'édifice. Elle confirme mon point de vue, puis me suit à l'intérieur. À ce même moment, la cloche sonne, signifiant la fin des cours. J'entraîne alors Hope sur le côté du couloir et on s'adosse à un mur afin de ne pas se faire bousculer par quelqu'un. Les adolescents sortent en masse des classes. Certains courent, et d'autres ne regardent pas où ils vont, causant de nombreuses agitations et accrochages.

— Nous devons être très attentifs, si nous voulons l'apercevoir parmi tous ces étudiants, prévient-elle.

Elle a raison. Si on ne fait pas attention aux élèves qui se promènent un peu partout, on ne le trouvera jamais. Le temps passe, et il ne reste désormais qu'une dizaine de personnes dans le couloir.

— C'est Daniel, l'ami du garçon que nous cherchons ! hurle-t-elle, en pointant un individu au loin.

En regardant dans la direction qu'elle montre du doigt, je remarque un jeune homme qui sort d'une classe. Il est seul, et traîne maladroitement ses cahiers, en manquant de les faire tomber à plusieurs reprises. Hope lui crie, en s'avançant vers lui :

— Daniel ! Sais-tu où est ton ami ? Tu sais, celui avec...

— Je ne pense pas qu'il puisse t'entendre ni te voir, la coupé-je, en posant ma main sur son épaule afin qu'elle n'aille pas plus loin.

En effet, Daniel ne réagit pas. Il ne se tourne même pas vers nous.

— Ça ne me coûtait rien d'essayer, soupire-t-elle. Au moins, s'il est là, son ami est peut-être dans le coin.

Malheureusement, il n'y a toujours aucun signe de sa présence. Plus personne ne vient. Seulement quelques adolescents quittent le lycée, sans entrer y à nouveau.

— Mais c'est impossible ! Pourquoi n'est-il pas là ? s'inquiète Hope après plusieurs minutes.

— Je ne sais pas, mais on devrait y aller, avant qu'ils ne ferment toutes les entrées à clé et qu'on ne puisse plus sortir.

— Non, il est forcément ici ! Restons un peu plus.

— On doit partir, Hope. Viens, s'il te plaît.

— Très bien... Je te suis, souffle-t-elle avec déception.

Nous quittons ensuite l'établissement. C'est étrange, j'étais pourtant certain de trouver le garçon dans cette école. Mais où peut-il bien se cacher ?

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Wow ;
Pour moi, 600 vues, c'est énorme. (Je ne croyais même pas pouvoir dépasser les 200 vues hahaha.)
Merci beaucoup, surtout pour vos commentaires et vos critiques. Ça m'aide vraiment à m'améliorer.

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