Dix

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Z A C H A R Y

— Thomas, tu as trouvé quelque chose de ton côté ? hurlé-je afin qu'il m'entende.

Cela fait quelques minutes que nous sommes partis enquêter sur l'origine d'un bruit. Nous l'avons entendu plus tôt, et il provenait de la forêt. C'est pourquoi on s'y est précipité.

— Où est-ce que tu te caches ? crié-je.

Thomas et moi avons cherché ensemble, au début. Tout allait bien, jusqu'à ce qu'on perçoive un nouveau son. On s'est immédiatement séparé. Depuis, je n'ai aucune nouvelle de lui. Ça devient un peu inquiétant.

Alors que je marche un peu, m'enfonçant encore plus dans la forêt, je l'aperçois, accoté à un arbre. Je cours dans sa direction, puis, en posant ma main sur son épaule, je lui demande :

— Qu'est-ce que tu fous ?

Il devrait être en train de chercher, pas de se reposer comme il le fait, appuyé sur un tronc. Ce n'est pas du tout le temps pour se la couler douce. De plus, j'ai l'impression que j'interromps je ne sais quoi.

— Je te dérange, peut-être ?

— Non, non, pas du tout ! répond-il, un peu trop vite. J'étais épuisé donc j'ai décidé de reprendre mon souffle ici.

— Tu t'essouffles vite, dis donc !

— C'est pas tout le monde qui est en super forme.

Thomas passe sa main dans ses cheveux. Il semble nerveux. Lorsqu'il remarque que je le fixe, il détourne son regard vers une autre direction. J'observe l'endroit qu'il scrutait auparavant, et remarque qu'une ombre vient de se faufiler aux travers des buissons un peu plus loin, là où il avait posé ses yeux verts. Peut-être est-ce l'individu à l'origine de tous ces bruits ?

Il n'y a qu'un seul moyen de le découvrir. Je m'élance à sa poursuite.

— Qu'est-ce que tu fais, Zachary ? me demande Thomas en me suivant de près.

— Je viens de voir quelqu'un, là-bas, dis-je en pointant l'endroit et en commençant à zigzaguer à travers les feuillus et les conifères.

— C'est sûrement un animal ! dit-il en s'arrêtant. Je pense que ça ne sert à rien qu'on le suive, si c'est un simple lièvre ou un écureuil.

— Crois ce que tu veux, Tom, mais un lièvre ou un écureuil, comme tu le dis, ne font pas cette taille.

En m'éloignant de plus en plus de lui, je repense à ce qu'il vient de mentionner : pourquoi voudrait-il me convaincre de ne pas suivre cette personne ? C'était pourtant lui qui voulait absolument qu'on découvre qui a causé le vacarme. Il m'avait presque forcé à laisser Hope seule dans sa chambre.

« Elle va bien aller, je te le jure. Ne t'inquiète pas ! » m'avait-il assuré.

J'avais finalement accepté de l'aider à chercher.

Hope ! La pauvre, je l'avais presque oubliée ! J'espère qu'elle ne s'est pas réveillée. Sinon, elle doit se faire un sang d'encre pour nous, puisqu'elle ne sait pas où nous sommes.

Je regarde autour de moi, mais n'aperçois plus la silhouette. C'est étrange, elle était pourtant là il y a quelques secondes. Je ferais mieux de rentrer et de retrouver les autres.



Alors que je reviens de ma petite promenade, je vois qu'il n'y a personne à l'extérieur de la maison. Thomas est sûrement rentré. Vu sa patience extraordinaire, il a dû s'être impatienté assez vite. Je me dirige vers la demeure afin de le retrouver.

— J'attends toujours que tu me dises qui tu es, tu sais ! s'exclame Hope, en colère.

— Du calme ! Pas besoin de s'énerver. Je m'appelle Thomas, répond-il, un sourire en coin.

— Qu'est-ce qu'il se passe ici ? dis-je en passant la porte d'entrée complètement ouverte et en arrivant en courant dans le salon.

— Elle paniquait parce que je ne lui avais pas dit mon nom, rit Thomas.

— Je ne paniquais pas pour ça !

Ils s'engueulent comme des gamins. C'en est ridicule.

— Et puis je vous ai cherchés partout ; dans la maison, dans les bois, et même plus loin, jusqu'à la route, continue-t-elle. Où étiez-vous passés ?

— Ce n'est pas important, les coupé-je pour changer de sujet. Hope, tu devrais encore te reposer. C'est dangereux, tu pourrais refaire le même genre de... Crise. Comme celle que tu as faite tout à l'heure. Et de ton côté, Tom, tu as trouvé quelque chose après que je t'aie laissé seul à nouveau ?

— Bah... En fait, j'ai arrêté de chercher. Tu es parti en vitesse, je croyais que tu étais sûr de ton coup. Je me suis dit que tu allais trouver un truc.

On dirait que Thomas évite de donner une réponse complète à mes questions. Elles n'ont aucun sens. Même si j'ai quitté rapidement, ce n'est pas une raison d'abandonner ! Rien ne lui prouvait que lui, de son côté, n'aurait rien trouvé. Il sait certainement quelque chose qu'il ne veut pas me dire. Cependant, cela pourrait énerver Hope si je m'emporte contre lui. Je lui en parlerai plus tard.

— Quoi ? Parce que tu lui fais déjà confiance, Zach ? intervient celle-ci, surprise. On ne sait même pas qui il est ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— On a entendu un fracas, tout à l'heure. Tom et moi cherchions à savoir d'où il provenait. On croyait que c'était dans les bois, et c'est pour ça qu'on y est allé. À un moment, j'ai cru apercevoir une personne entre les branches et les troncs des arbres. Je l'ai suivie, laissant Thomas seul, mais ça ne m'a mené nul part.

— C'était probablement le fruit de ton imagination, parce que, moi, je n'ai rien vu, s'exclame Thomas.

C'est normal, tu cherchais les yeux fermés.

Ce garçon commence à m'énerver sérieusement. Il me cache des choses, et cela doit s'arrêter maintenant. Qu'est-ce qu'il peut bien vouloir dissimuler à ce point, bon sang ?

— C'est bizarre, quand même. Je pensais avoir entendu un bruit, moi aussi, après m'être levée. Seulement, je suis certaine qu'il venait du salon. C'était le cas : la fenêtre était brisée. J'ai remarqué ça lorsque je suis descendue au salon.

Thomas tressaille subitement. Puis, pensant qu'on ne l'a pas remarqué, il enfouit ses mains dans les poches de son pantalon comme si de rien était. Il y a quelque chose qu'il ne nous dit pas, j'en suis maintenant sûr.

— Thomas, je peux te parler, trente secondes ? lui demandé-je.

— On ne peut pas faire ça ici ? répond-il, en se mordant ensuite la lèvre inférieur.

— Non. En privé.

Je le prends par le bras et le traîne dehors, là où Hope ne nous verra pas, en prenant soin de refermer la porte derrière moi. Puis, je marche avec lui jusqu'à ce qu'on soit à côté de la maison. Il va cracher ce qu'il sait, et je n'attendrai pas plus.

ForgottenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant