Quatre - Deuxième Partie

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Z A C H A R Y

Un peu perdu, je me réveille, couché sur le goudron mouillé qui compose la rue. Je suis encerclé de policiers qui m'observent et prennent des notes. C'est alors que je commence à me rappeler du vol de banque et de l'accident de voiture. Ils pensent probablement que je suis évanoui, mais je dois partir d'ici au plus vite, car je risque de me faire arrêter. Rapide comme l'éclair, je me lève, et je commence à courir afin de m'enfuir.

Malgré la pluie qui m'aveugle, je cours le plus vite que je peux, en zigzaguant à travers les rues sinueuses du centre-ville. Quelques secondes plus tard, je me rends compte que personne ne me suit. C'est illogique, jamais ils ne laisseraient un criminel s'échapper sans lever le petit doigt. Je décide alors de revenir sur mes pas.

De retour sur le lieu de l'accident, je me dirige vers les policiers. Je remarque assez vite qu'ils observent toujours le sol. En m'avançant un peu plus, je découvre qu'ils regardent un cadavre. Paniqué, je recule instinctivement. C'est mon corps qui est étendu là, inerte.

— Non, c'est complètement impossible, tenté-je de me résonner. Comment ai-je pu me voir allongé sur le sol, mais être debout en même temps ? Suis-je devenu fou ?

À ce moment même, je me souviens que mes os ont été mis en miettes lors de l'accident. Je ne devrais pas pouvoir me tenir debout. Décidément, les choses ne cessent de se compliquer, et tout devient de moins en moins sensé.

Je m'avance de nouveau vers mon corps, pour tenter de clarifier la situation. À force de m'observer, je suis de plus en plus horrifié. Mon corps, ou plutôt ce qu'il en reste, se tord de mille manières et dans tous les sens. Mon oreille qui a été blessée par une balle de fusil auparavant ne touche presque plus ma tête, et est complètement ensanglantée, tout comme la moitié de mon visage et une grande partie du reste de mon corps.

Dégouté par cette vision, je cesse de me regarder. Je vérifie par contre si le corps dans lequel je suis présentement est blessé comme celui allongé sur le sol. Heureusement, il ne l'est pas. Mais qu'en est-il de mes amis ?

— Officiers Davis et Jane, allez prévenir la famille de Zachary. Allez-y doucement, découvrir la mort d'un membre de notre famille n'est pas facile, ordonne l'un des policiers.

L'homme envoie ensuite d'autres agents pour avertir les familles de mes amis à propos de leur décès, me confirmant que chacun d'eux est bel et bien mort. Je décide de suivre les deux policiers qui vont chez moi. Je pourrai peut-être parler à ma famille, qui sait ?

Jane se dirige vers une voiture et démarre le moteur. Alors que Davis ouvre la portière arrière de l'automobile et entre dans celle-ci, je fais de même et m'assis silencieusement sur le banc à gauche de lui. Plusieurs longues minutes passent, et la voiture s'arrête. Davis ouvre la portière, et je sors de la voiture en même temps que lui.

Quand nous sommes tous sortis, Jane frappe à la porte d'entrée.

— Bonjour, que puis-je faire pour vous ? questionne ma mère en ouvrant la porte.

— Pouvons-nous entrer ? demande poliment Davis.

— Certainement, faites comme chez vous, répond ma mère en les invitant à entrer. Voulez-vous du thé, ou un café peut-être ?

— Non, merci. Vous devriez vous asseoir, Madame Harrison, nous avons une grave nouvelle à vous annoncer, dit Jane.

Ensuite, ils se dirigent tous vers le salon. Je fais de même, et m'assis sur le divan, à côté de ma mère. Elle n'a même pas reçu la nouvelle, mais elle est déjà nerveuse. Son front sur lequel retombent quelques-uns de ses cheveux blonds est très humide. Ses mains tremblent énormément, comme moi lorsque je suis inquiet.

— Mon collègue et moi sommes navrés de vous l'apprendre comme cela, mais votre fils Zachary est décédé hier soir dans un accident d'automobile, annonce Jane.

Ma mère fond instantanément en larmes. La voir ainsi me pince le cœur. Par réflexe, je pose ma main sur sa cuisse. Elle tourne immédiatement la tête vers moi, me donnant l'impression qu'elle arrive à me voir. Je dégage alors ma main, et l'expression sur son visage me démontre qu'elle l'a senti. Elle ne me voit pas, mais perçoit mon toucher. C'est une merveilleuse nouvelle.

— Comment l'avez-vous découvert ? dit-elle en essuyant les larmes salées qui font couler son mascara sur ses joues.

— C'est votre autre garçon qui nous a d'abord prévenus. Il s'appelle Murphy, si ma mémoire est bonne, répond Davis.

— Il nous a averti du crime que Zachary allait commettre, poursuit Jane.

— Et quel était ce crime ? s'exclame soudainement ma mère, surprise.

— C'était un vol de banque, Madame Harrison. Il était accompagné de cinq autres garçons. Votre fils Murphy, qui devait rester à la maison pour faire sa partie du travail, nous a dit qu'il était supposé les aider en désactivant l'alarme et les caméras de la banque pendant dix minutes, mais il ne l'a fait que pendant trois minutes. Cela nous a permis de nous rendre à la banque afin d'arrêter les autres garçons, mais ils se sont enfuis en voiture avant que nous le fassions. C'est dans la poursuite qu'ils se sont fait percuter de plein fouet par un autre véhicule. Le choc a malheureusement été fatal pour chacun d'eux.

— D'accord, merci de m'avoir prévenue, répond-elle tristement.

Elle invite ensuite les policiers à partir, et lorsque c'est fait, elle retourne au salon, s'affaisse sur le divan et recommence à pleurer. Ses yeux sont rougis et ses larmes coulent abondamment sur son visage fin. L'éclat joyeux qui rayonne habituellement sur celui-ci est désormais remplacé par une apparence chagrinée et un regard vide. J'aimerais tant pouvoir lui dire que je suis là, mais je ne peux pas. Elle ne m'entend pas.

Je décide de la laisser seule, car être en sa présence est bouleversant. De plus, j'ai assez d'informations concernant ma mort. Je sais maintenant pourquoi tout ne s'est pas déroulé comme prévu. Je quitte alors la maison, très chagriné, mais aussi légèrement confus et en colère.

Ma mère est totalement chamboulée. Elle croyait que je ne faisais plus de vols. Elle ne vient pas seulement de découvrir le décès d'un de ses fils, mais aussi que je lui ai raconté des mensonges. De mon côté, je regrette d'avoir menti à ma mère, mais la trahison de mon frère est bien plus grave que de petits mensonges. Ce traître m'a tué. Je jure de lui faire regretter ses actes. Je promets de l'harceler jusqu'à ce qu'il en devienne complètement fou. J'y arriverai, peu importe qui se met sur mon chemin, et peu importe le prix à payer pour arriver à mes fins.

Quand j'ai un but à atteindre, je n'abandonne jamais. Il le saura assez tôt.

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C'était la deuxième partie du chapitre quatre ! Vous croyez peut-être qu'aucun chapitre n'a de lien avec les autres, mais c'est normal. Tout fera bientôt beaucoup plus de sens. Laissez-moi vos avis et conseils dans les commentaires ! ;)

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