Onze

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Z A C H A R Y

Thomas et moi nous arrêtons finalement. Je ne lui laisse même pas le temps de me demander ce qui se passe. Je l'agrippe par le collet et le plaque violemment au mur qui, étant fait de matériaux très vieux, se fissure sous le choc.

Thomas pousse un grognement plaintif, me prouvant que j'ai réussi à le surprendre et à lui procurer une mince douleur. C'est une bonne première impression. Si je réussis à l'effrayer dès le départ, il crachera tout. Cette simple pensée laisse apparaître un sourire malsain à mon visage.

En me concentrant à nouveau sur mon objectif, je soulève Thomas en le poussant un peu plus fort contre le mur. Ses pieds touchent à peine le sol.

Il a peur, ça se voit dans ses yeux. De plus, il fait tout son possible pour ne pas croiser mon regard. Peut-être qu'il a peur de craquer sous la pression ? C'est exactement ce qu'il me faut.

— Qu'est-ce que tu me veux, souffle-t-il difficilement, le visage crispé par la frayeur et la douleur.

— C'est plutôt moi qui devrais te poser cette question, ajouté-je, rapprochant mon visage du sien.

Je peux désormais sentir sa respiration saccadée contre ma joue. Ce qu'il est nerveux ! Que peut-il bien avoir à me cacher de si important, de si gros ?

— Écoute, je... je ne sais pas de quoi tu parles...

— Ne fais pas l'idiot avec moi, Thomas ! le coupé-je. Il a quelque chose que tu t'efforces de garder secret, et je veux savoir ce que c'est !

— Y'a rien, je te le jure ! Tu...

Je lui coupe à nouveau la parole, mais, cette fois-ci, en le frappant au visage d'une force que je n'avais jamais vue. Si je n'étais pas en colère, j'aurais cru ne pas être capable de donner un tel coup.

Thomas glisse le long du mur pour arriver au sol. Il s'y assied et utilise la surface derrière lui comme un support pour sa tête. Un filet de sang s'écoule abondamment de son nez. On peut encore voir l'impact de mon poing sur son visage, marqué d'une trace rouge.

— Je t'en supplies, laisse-moi tranquille, m'implore-t-il entre deux sanglots.

C'est alors que mes yeux se posent sur un papier au sol. Il n'était pas là avant, j'en suis certain. Sinon, je l'aurais remarqué, car sa blancheur contraste énormément sur la couleur de l'herbe jaunie et de la terre. Il a dû tomber des poches de Thomas.

Puisque le papier est plié en deux, je l'ouvre pour y découvrir un nombre de dix chiffres. Si ce n'est pas une combinaison, c'est un numéro de téléphone.

— Si tu ne me mentais pas il y a quelques minutes, alors c'est quoi ce truc ? demandé-je, toujours furieux, en plaquant le morceau de feuille à son visage.

Thomas le prend et l'observe attentivement.

— C'est un numéro, avoue-t-il finalement.

— Et ? À qui est-ce qu'il appartient ? le questionné-je avec curiosité.

— Appelle-le, si tu veux savoir, rit-il en crachant du sang à côté de lui.

Il fouille dans sa poche de pantalon et en sort un téléphone à l'écran fissurée. Je le prends d'un mouvement vif, et, après lui avoir lancé un regard noir, je m'éloigne pour composer le même numéro. C'est alors que j'entends un bruit non loin de moi. On aurait dit des feuilles et des branches qui se brisent.

J'ai à peine le temps de me retourner qu'une douleur énorme me défonce le crâne. Quelqu'un m'a frappé à la tête.

Des points noir et blanc me brouillent la vue alors que je m'effondre sur le gazon. Je n'ai à peine le temps de me rendre compte de ce qu'il se passe que j'entends des rires qui me semblent lointains.

— Bravo, Thomas. Je savais que tu réussirais.

▸ ◂

T H O M A S

Fier de mon coup, je me relève. Zachary m'a fait mal, mais pas assez pour m'empêcher de marcher. Que vais-je bien pouvoir dire à Hope ? Je ne peux pas lui raconter ce qu'il s'est réellement passé.

— Fais-toi confiance, Tom, dis-je à voix haute afin de me rassurer. Tu trouves tout le temps des excuses.

Sur ce, je replace quelques mèches noires de mes cheveux qui se sont déplacées. J'essuie le filet de sang sous mon nez avec ma main, et enlève la terre de mes vêtements. Je dois avoir l'air le plus propre possible, si je veux qu'elle me croie.

Confiant, je me dirige vers l'entrée de la maison. Je pousse la porte et rentre à l'intérieur. Je suis à peine arrivé au salon que Hope accourt vers moi et crie :

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— C'est une longue histoire, soupiré-je, en portant mes yeux verts au plafond.

Lorsque je mens en regardant les gens en face, j'ai moins de facilité à cacher mes secrets. Surtout lorsque la personne a une quelconque importance pour moi.

— Oh mon dieu, as-tu vu l'état dans lequel tu es ? Raconte-moi, j'ai tout mon temps ! s'inquiète-t-elle, en m'entraînant vers le sofa.

Je décide de lui raconter ce qu'il s'est passé pour de vrai. Du moins, en partie. Je m'arrête au coup-de-poing qu'il m'a donné.

— Il était tellement furieux qu'il m'a frappé au visage d'un force inouïe. Le regard qu'il m'a jeté ensuite, il semblait... sans vie. Comme s'il venait de franchir un point de colère qui l'avait changé.

— Tu crois que c'est possible ? demande Hope.

— J'en sais rien, mais j'ai entendu parler de fantômes qui deviennent malveillant à la suite d'événements précis. C'est pourquoi je crois que c'est une possibilité.

— Et qu'est-ce qu'il s'est passé, après ?

— Il est parti. Il a pris ses jambes à son cou et s'est enfuit. Je ne sais simplement pas où, parce que ma vue était encore brouillée à cause du choc, ajouté-je pour dissimuler mon mensonge.

— Je ne comprends pas encore pourquoi il croyait que tu cachais quelque chose, s'exclame soudainement Hope.

— Moi non plus. J'ai essayé de lui dire, mais il ne voulait rien entendre. En plus, il part sans rien dire, comme ça !

— C'est très inquiétant. On devrait essayer de le retrouver pour...

— Non ! crié-je avec vitesse.

Hope me lance un regard interrogateur. J'ai répondu trop vite.

— Il est assez dangereux, tu sais. Il pourrait facilement te blesser, continué-je plus calmement.

— Et si c'est lui qui est en danger ? Peu m'importe, il a besoin d'aide et je vais lui en donner. Tu viens avec moi, ou pas ?

Elle n'est pas si idiote que ce que je croyais, cette Hope. Elle a l'impression que Zach est en danger. Une chance qu'elle ne se doute pas de la raison. Pour être sûr qu'elle continue de penser que je n'y suis pour rien, je sais quoi faire.

— D'accord, mais c'est juste pour m'assurer de ta sécurité. Je viens.

Dans quoi est-ce que je me suis embarqué ?

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 22, 2017 ⏰

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