Chapitre 2 - Talk about you

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La porte du bureau claqua contre le mur, me laissant le champ libre pour voir ce qu'il se passait à l'intérieur. Son fauteuil était retourné vers la fenêtre et je savais très bien qu'il se trouvait derrière. Je ne pris même pas la peine de refermer la porte derrière moi, laissant sa mère apprécier le spectacle ainsi que tout le monde de l'autre côté de celle-ci.

— RENDS-MOI MON BÉBÉ, TOUT DE SUITE !

— Alice...Alice...Alice, ne hurle pas si fort, je viens de l'endormir...

— Arrête tes conneries ! J'en ai marre Alexandre !

Le silence se fit dans tout l'open-space, me faisant rougir d'embarras. Je décidais que le mieux pour mon intégrité était de fermer la porte du bureau. Après tout, les autres n'avaient pas à vivre l'enfer, que j'avais décidé de lui faire vivre, s'il ne me rendait pas mon précieux stylo. Il se retourna doucement, faisant grincer dans un couinement plaintif son fauteuil. Pour une fois depuis longtemps, je ne pris même pas la peine d'avoir une pensée aimable pour le mobilier. Dès qu'il fut face à moi, il me montra qu'il tenait son écharpe comme un nourrisson contre lui, avec mon stylo qui logeait au milieu. Il se mit à la frôler des doigts et mes mains se serrèrent de colère le long de mon corps.

— Alexandre, rends-moi mon stylo !

— Alice, pourquoi veux-tu m'en priver ? J'ai autant de droit que toi sur lui.

— Tu n'as aucun droit sur lui ! VA TE FAIRE SOIGNER ! TU ES COMPLÈTEMENT MALADE !

Il leva les yeux vers moi et j'y lus de la tristesse. Non c'est bon, ses yeux de merlans fris pourraient aller (pratiquer une sexualité diversifiée avec les Helléniques) se faire voir chez les grecques ! J'en avais vraiment plus rien à faire. Je m'approchai de son bureau rapidement et me penchai dessus pour chopper, du mieux que je le pouvais, mon stylo chéri. Toutefois, rien ne se passa exactement comme je l'avais planifié. Il fit tourner sa chaise se mettant de profil.

— Alexandre, bon sang ! On est plus des enfants de six ans, rends-moi mon stylo et arrêtons tout là.

— Alice...

Il serra plus fort son écharpe et je soupirai d'exaspération. Si je devais abandonner mon stylo dans l'histoire, tant pis, je le ferais. J'en pouvais plus de cette situation, c'était tout. Il avait gagné la guerre des nerfs.

— Ok, c'est bon, j'ai compris, garde le. On se verra au tribunal.


La phrase résonna dans le bureau et je le vis devenir bien pâle. Enfin une réaction qui me satisfaisait au plus haut point. Je tournai des talons, faisant un adieu mental à mon bébé, avant d'ouvrir la porte du bureau. Mes collègues eurent la décence de garder la tête baissée vers leurs ordinateurs pendant que les larmes me montaient aux yeux. J'avançais rapidement et arrivais devant la porte, Madame Louvet m'attendait. Elle avait l'air parfaitement défait par la situation.

— Alice...

— Laissez-moi tranquille ! LAISSEZ-MOI TRANQUILLE ! JE VEUX PLUS ENTENDRE PARLER DE VOUS !

J'avais hurlé alors que ma voix se fracassait dans le sanglot qui m'envahissait. D'un geste brusque, je la poussai et sortis en claquant la porte. Je dévalai les escaliers en pleurs et passai devant le gardien qui m'ignora avant de marcher rapidement sur le trottoir. Journée de merde ! J'avais besoin d'un remontant, et pour cela, j'allais devoir trouver le café le plus proche afin de pouvoir me venger sur un macchiato double latté avec supplément de caramel et de chantilly. Je regardai autour de moi en me disant que c'était étrange qu'il n'ait pas essayé de me rattraper. Je me retournai et déglutis en essayant de ne pas me maudire.

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