7. Obsession (2ème partie)

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Elle lui transmit la première partie de son rêve, celle où elle pénétrait dans la salle de bal, où les noceurs masqués lui faisaient un passage et l'arrêta au moment où elle mettait un pied sur la marche du grand escalier.

— C'est effectivement tout un film que tu as imaginé... et il semblerait que tu en sois l'héroïne, n'est-ce pas ?

Dans le mille ! Embarrassée, elle mit un instant à répondre.

— Disons que mon regard est la caméra qui tourne le film.

— Tu me montres la suite de ton rêve ?

Aïe, Angel n'était pas dupe : non seulement il avait parfaitement compris que ce scénario n'était pas un produit construit par son imagination, mais bien un rêve nourri de désirs inconscients ; mais surtout il avait perçu qu'elle l'avait tronqué de sa suite.

— Je préférerais ne pas...

— Pourquoi ? demanda-t-il d'une voix étrangement calme.

— Parce que... parce que je désapprouve la suite de ce rêve, avoua-t-elle.

— Marie, si tu ne veux pas me la montrer, c'est sans doute qu'y sont à l'œuvre des désirs inhabituels, que tu avais refoulés, et que je n'en fais pas partie. Je me trompe ?

— Non, confessa-t-elle dans un souffle, tête baissée.

Il lui prit le menton, redressa son visage vers le sien et, plantant son regard dans le sien, il dit :

— N'aie pas honte, Marie. Tes désirs sont légitimes. Même les plus scabreux. En pensée, en rêve, tu as le droit d'avoir les désirs les plus pervers qui soient. Seule leur mise en acte peut parfois être sujette à condamnation. Bien sûr, je suis un peu jaloux que certains de tes désirs te mènent loin de moi. Mais je t'aime libre. J'espère juste que tu reviendras toujours près de moi quel que soit le point où tes désirs te mèneront.

Oh, comme elle l'aimait, son ange de sagesse et de bonté ! Alors qu'il aurait pu s'emporter, se sentir trahi par le rêve de Marie, il lui offrait une bénédiction ou une autorisation à désirer sans limite. Quel amour, généreux !

— Merci, Angel, lui dit-elle simplement. Je t'aime.

— Moi aussi, je t'aime.

Après un court instant où il la serra dans ses bras, il ajouta :

— Mais sois vigilante. Je perçois quelque chose d'éminemment négatif autour de cet Olivier de Malefoy. J'ai hâte que nous dînions ensemble demain soir pour éclaircir les choses.

— Ah non, justement, je ne t'ai pas dit : le dîner est annulé ! Au moment même où tu me disais que tu serais probablement disponible, il a reçu un SMS. Urgent sans doute, car il s'est levé comme un zébulon, a annulé le dîner et il a filé.

— J'espère que ce n'est pas la perspective de ma présence qui l'a fait fuir...

— Non, je ne lui avais pas encore transmis ta réponse...

— N'empêche... je répète, j'espère que ce n'est pas la perspective de ma présence qui l'a fait fuir...

— Que veux-tu dire ?

— Je veux dire que cet homme ne m'inspire pas confiance et que je te demande de rester sur tes gardes.

— Angel, ne serait-ce pas la jalousie qui te rend si méfiant ?

— Peut-être... je souhaite que cela soit ça...

Il l'embrassa tendrement sur le front et s'assit devant l'ordinateur. Il posa ses mains sur le clavier et quelques secondes à peine plus tard, il dit :

— Tiens, regarde, dis-moi si cette présentation est fidèle à ton rêve.

Marie s'approcha et cliqua sur « démarrer ». Elle eut la surprise de découvrir une vidéo, et non, comme d'habitude, une simple planche en trois dimensions. Elle regarda les images se succéder. Sidérant. Angel avait reproduit son rêve dans les moindres détails, depuis les somptueux costumes jusqu'à la lumière irisée en passant par l'ensorcelante mélodie. Elle voyait sous ses yeux ébahis son songe défiler. Ce qui mettait à mal sa pudeur, c'était le sentiment que ses désirs étaient mis à nu. Même si la vidéo s'arrêtait avant qu'elle ne montât l'escalier, on devinait que le scénario devait continuer, vers ces marches à grimper. De n'être montrée, la suite n'en était que plus suggérée.

— C'est très beau... et très troublant...

— Tes rêves sont beaux et très troublants... Je serais volontiers celui qui t'attend en haut des marches...

Décidément, Angel n'était pas dupe. Il pressentait le contenu non divulgué du songe.

— Crois-tu qu'il soit approprié de la montrer telle quelle à Monsieur Malefoy ? J'ai peur d'être trop gênée...

— Veux-tu que ce soit moi qui lui présente ?

— Oh oui, je préférerais ! Merci Angel !

Elle était soulagée. Qu'il ne lui en voulût pas de ce rêve dont il était absent. Et qu'il le présentât lui-même à leur client si embarrassant.

— Je lui écrirai demain matin pour convenir d'une entrevue avec toi, proposa-telle.


Angel & Marie - T. 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant