Angel & Marie - T. 2

8. Contrat (fin)

Olivier venait à peine de franchir le portail de la maison, qu'Angel apparut dans la pièce. Il était dix heures pile.

— Bonjour mon amour, dit-il en prenant Marie dans ses bras. Notre client n'est pas encore arrivé, n'est-ce pas ?

— Si, il vient de partir. Il avait une heure d'avance.

— C'est lui qui sortait au moment où j'arrivais ?

— Oui, vous vous êtes probablement croisés.

— C'est bien ce que je craignais.

— Que veux-tu dire ?

— Ne trouves-tu pas étrange que ce client semble ne venir qu'en mon absence et éviter toute opportunité de me rencontrer ? Par ailleurs, en passant en vol au-dessus du jardin pour arriver ici, j'ai eu le temps d'apercevoir une aura extrêmement noire près de notre portail. Si c'est la sienne, cet homme est dangereux, il a l'âme des plus grands criminels.

— Lui ? Non, ce ne doit pas être la sienne. Si tu le voyais avec son air androgyne et ses manières quasi efféminées... il ne ferait pas peur à une mouche ! Je ne l'imagine pas capable de commettre le moindre crime !

— Le Malin se présente parfois sous les masques les plus séduisants...

— Le Malin ? Tu y vas un peu fort, je crois. Moi, il ne me semble pas très malin justement. Il est plutôt lourdaud dans ses sous-entendus, dans cette espèce de cour désuète qu'il me fait...

— Il endort ta méfiance.

— Si nous avions des raisons de nous méfier, il ne m'aurait pas réglé 75% du devis à l'avance, sachant que pourtant, il se charge de trouver les figurants, les costumes, les musiciens et que nous utiliserons son palais.

Elle lui glissa sous le nez le chèque qu'elle avait encore en main.

— Regarde ! dit-elle toute joyeuse.

— Tant de générosité me semble bien suspecte.

— Oh, tu vois le mal partout ! Ne peux-tu pas te réjouir que ta petite femme ait réussi à concevoir et à vendre un projet quasiment toute seule ? Ne veux-tu pas me féliciter plutôt ? lui dit-elle en faisant des chatteries.

— Marie, je ne doute pas un instant de tes talents et je suis très fier de toi. Mais cet homme ne m'inspire pas confiance. Quand doit être donné le bal ?

— Dans quinze jours, lors de la prochaine pleine lune.

— D'autres rendez-vous sont prévus d'ici là ?

— Non, il m'a dit qu'il m'enverrait les coordonnées de son palais et celles de sa secrétaire particulière qui m'accueillera le jour même pour la mise en place.

— A quelle heure s'ouvrira le bal ?

— Pas avant minuit, je pense.

— Bien, je viendrai te chercher.

— Tu te souviens qu'il a exigé ma présence ?

— Oui, je l'ai vu dans le contrat. Alors, je serai ton cavalier.

— D'accord. En attendant, nous allons avoir besoin de tes vols express pour que tu rendes visite à la cristallerie de Baccarat et aux ateliers de Murano pour les lustres. Nous n'avons que deux semaines pour trouver toutes ces pièces précieuses.

— A votre service, Madame ! dit-il en mimant une courbette.

Elle le laissa se relever et vint se plaquer contre lui. Après les émotions infernales auxquelles Olivier la soumettait depuis des jours, les bras d'Angel lui offraient un havre de paix réconfortant.