Mes complexes.

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Je me regarde dans le miroir. Ce monstre affreusement laid, moche, horrible. Des adjectifs qui qualifient mon être, ce que je suis réellement. Je me demande comment les personnes font pour rester avec moi, ils ont sûrement honte, ils veulent se débarrasser de moi c'est sûr. Je dois bien les faire rigoler lorsque je ne suis pas là, le dos tourné.

Je rêve tellement d'être comme ces filles, super-belle, sans imperfection. Pourquoi je ne suis pas comme elles ?!

J'en ai marre! Mon poing s'abat sur la vitre, la douleur parcourt mon bras puis tout mon corps. Des larmes commencent à rouler sur mes joues, ne cherchant pas à les empêcher de couler. Je m'assieds sur le sol mettant mes bras autour de mes jambes et en les repliant contre mon ventre. Je ne peux pas empêcher les sanglots de sortir de ma bouche, pour se libérer de tout ce mal qui est resté trop longtemps enfermé.

Puis un déclic se produit en moi. Une force nouvelle me submerge comme si elle attendait le moment venu pour resurgir avec une lueur d'espoir.

Je me relève et me regarde devant le miroir affrontant à nouveau la personne que je déteste le plus : moi-même. Je cherche frénétiquement l'objet qui va me libérer de ce mal, dans les tiroirs de la salle de bain. Je le trouve enfin, vu comme ça ce n'est rien juste du maquillage mais pour moi c'est signe de la délivrance.

Je me déshabille, je l'ouvre et applique du fard à paupière rouge sur un pinceau. Je me mets à la recherche de mon mal être, mes imperfections. Mon regard s'ancre dans mon reflet:

Mon nez trop gros que je déteste, du rouge le recouvre désormais.

Mon double menton se trouve recouvert de maquillage.

Mes hanches et mes cuisses trop grosses sont devenues colorées.

Mon pied, un problème depuis ma naissance lorsque je marche, les rejoint.

Le contour de mon visage mal dessiné vire au pourpre.

Après avoir fait ressortir tous mes malheurs, je m'observe à nouveau. Je cligne des yeux plusieurs fois avant de voir la réalité. Mon corps est pratiquement recouvert d'imperfection. C'est moi. Rien que moi et ce sera le cas pour toujours. Je ne pourrais jamais changer ce corps qui restera le mien pour toute ma vie. Il m'accompagnera dans mes bonheurs comme dans les pires moments.

Je prends le démaquillant et du coton. Mes yeux accompagnent mes gestes qui font disparaître mes complexes. Lorsque la poudre disparaît le poids qui pèse sur mes épaules s'allègent. Comme si de les faire ressortir me permet de les effacer à jamais.

Je revis.

C'est fini.

Le regard des autres ? Je m'en fiche. pourquoi s'attarder sur des personnes qui me veulent que du mal.

Je me sens mieux, j'ai enfin accepté mon corps.

Apprentie OptimisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant