Danse, danse et encore danse. (texte)

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Me revoilà avec des yeux d'enfant. Je voyais tous ces corps se mouvoir, accepter de se montrer, de surmonter cette peur qui me nouait le ventre. Le trac s'accentuait lors du passage derrière le rideau. L'entracte bientôt terminé, je me sentais prête à mon tour, à m'animer sous les feux des projecteurs. Le noir m'enveloppa et le flash m'illumina. Mes partenaires levèrent la tête, puis je me joignis à elles. La musique d'Adèle "Love in the dark" s'enclencha. Mon cœur se mit à battre plus fort. Mes mouvements s'enchaînèrent machinalement. Je savais ce que je devais faire. Ça y est. Je foulais à nouveau et pour la dernière fois ce parquet qui ne glissait pas assez pour ma pirouette à deux tours. J'étirai mes bras. Mon regard vérifiait la coordination de nos mouvements. Le public n'était qu'un brouillard blanchâtre. La fin approchait et à chaque pas un peu plus lent, j'essayais de profiter. C'était beaucoup trop court.

De retour sur le siège, je n'étais plus que spectatrice, en attendant le final.

"Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée" Louise Michel.

J'aimais cette chorégraphie. Je voyais en ces danseuses des femmes fortes, qui se levaient et se révoltaient. J'entendais les sons de leur corps sur le sol, les lumières qui sublimaient leur chair. Elles bravaient la barrière des injonctions pour se livrer à l'exercice de la danse. Tous mes membres étaient mobilisés, l'adrénaline s'y déversait. Là, j'étais moi-même. A ma place. Plus de masque, plus de faux semblant. Non, le moi qui rêvait de vivre pleinement sans chaînes autour du cou se manifestait avec ferveur. Je ne demandais rien d'autre. La musique accentuait mon rythme cardiaque. Les applaudissements se multipliaient. J'aimais danser.
Le tour du final arriva. Dans les coulisses, je bougeais comme j'en avais envie. Le retour sur scène se faisait avec énergie mais sans pression.

Cette année de danse était un bonus. Et je l'avais pris comme un cadeau pour moi-même.

Samedi 16 mars 2019.


Apprentie OptimisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant