Chapitre 1

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Il se tenait devant la porte, armé et prêt à entrer dans l'immeuble.

- C'est peut-être un piège, souffla le lieutenant Myron, arme au point. Un informateur anonyme... Cela reste louche !

Castle, l'air profondément sérieux, hocha la tête. Il en avait conscience, effectivement. Mais la prochaine victime de leur tueur pouvait se trouver là-haut, terrorisée et pleurant les secours.... Il devait tenter sa chance ! Et tant pis pour les risques ! Jamais plus il ne laisserait une victime entre les mains d'un malade à cause de ce doute permanent... Le temps de vérifier, elle aurait trépassé... Le grand brun secoua la tête et se focalisa sur leur entrée. Il n'avait pas de temps à perdre ! Puis, sur un signe du lieutenant Castle, la troupe se mit en mouvement....

La porte vola en éclat.

- BPD, personne ne bouge !

Silence... Personne ? Chaque pièce fut fouillée, arme au poing et tension palpable.... Personne... Un leurre ? Une blague ? On leur faisait perdre leur temps ! Et le meurtrier courrait toujours ! Un soupir s'échappa de la silhouette massive du lieutenant dirigeant l'enquête. Castle passa une main sur sa barbe mal rasée.

- Fouillez tout, cherchez des indices, demanda-t-il à ses hommes alors que son coéquipier et ami, John Myron, lui lançait un regard qui signifiait clairement « je te l'avais bien dit ».

Un regard qu'il ignora, naturellement. Il se dirigea dans une grande pièce. Un matelas nu et grisâtre traînait au milieu de la salle et une délicieuse odeur de renfermé parfumait le tout. Richard fronça le nez tout en parcourant la pièce des yeux... Une grande armoire de bois trônait dans un coin sombre de la pièce.

Encore des friperies, à tous les coups, pensa Castle, sentant la déception le gagner inexorablement.

Soudain, un grand bruit le fit sursauter. Il provenait... De l'armoire ? S'armant de son fusil et de sa lampe de poche, le lieutenant s'avança dans la direction du bruit. Les bruits se multipliaient... Et ses coéquipiers arrivèrent. Il leur fit signe de rester où ils étaient. Tous sortirent leurs armes, prêts à le couvrir au moindre signe de danger...

Le cœur battant, une goutte de sueur glacée coulant le long de sa colonne vertébrale, il s'avança et... Il ouvrit la porte violemment !

Il recula.... Une jeune femme ! Elle leva précipitamment la tête vers la source de lumière blanche en plissant les yeux. Elle semblait terrorisée mais, vaillamment, tentait de ne rien laisser paraître. De longs cheveux bruns et bouclés cachaient en partie son visage pâle. Elle était totalement ébouriffée... Et du sang séché ornait ses cheveux et sa peau blessée... Lâchant son arme, il s'agenouilla près de la brunette, pieds et mains liées par des cordes et du scotch. Elle était incapable de bouger... Il tendit la main vers elle et elle eut un brusque mouvement de recul qui l'envoya se cogner contre le fond de l'armoire en un bruit sourd. Un gémissement visiblement involontaire lui échappa... Cette plainte pleine de souffrance saisit le policier expérimenté jusque dans ses entrailles, lui nouant la gorge au passage...

- Chchch... Il ne faut pas avoir peur, murmura-t-il en levant précautionneusement les mains, ne voulant pas l'effrayer davantage. Je suis de la police... Je suis là pour vous aider...

C'est avec douceur qu'il s'approcha de la jeune inconnue, retirant d'une geste rapide le scotch épais qui lui recouvrait la bouche. Elle avait fermé les yeux, effrayée. Mais lorsqu'elle sentit la douceur de ses doigts sur sa joue, elle rouvrit les yeux pour rencontrer les siens, d'un bleu si particulier.

- Doucement, je vais vous aider, continuait-il de murmurer.

- Alors détachez-moi, rétorqua-t-elle brutalement, d'une voix rendue roque par le silence forcée qu'on lui avait infligé.

La surprise saisit Castle tout aussi brutalement que la compassion précédemment. Il chercha dans son regard noisette un signe d'ironie... Il ne trouva que de l'agacement et de la peur. Alors il obtempéra rapidement. Dès qu'elle fut libérée des liens qui entravaient ses mouvements, elle se releva... Et perdit l'équilibre. Castle la rattrapa précipitamment et passa une main autour de sa taille.

- Il faut y aller doucement, mademoiselle, tenta-t-il de recommander mais le regard noir de l'intéressée le stoppa.

Elle le repoussa et se dressa fièrement sur ses deux jambes face à lui. Et il ne put s'empêcher de louer mentalement son courage et son audace, tout en blâmant son orgueil.

- Quel est votre nom ?

- Sergent Beckett, déclara-t-elle. Euh... Sergent Katherine Beckett.

Il ouvrit de grands yeux... Elle était des leurs ! Alors... Comment se faisait-il qu'elle n'avait pas été plus activement recherchée ? Pourquoi ne savait-il pas qu'elle avait disparu ? Il saisit son téléphone sans quitter la jeune femme des yeux.

- Détective Lambert, trouvez lui une couverture et appelez une ambulance, ordonna-t-il en poussant le sergent Beckett vers une jolie chinoise.

Pendant qu'Allison Lambert prenait soin de Katherine, il appela la centrale et annonça avoir retrouvé le sergent Beckett.

- Il n'y a pas de sergent Beckett dans la police de Boston, lieutenant Castle, l'informa-t-on.

Cela lui fit l'effet d'une douche froide. Pas de... Mais qui était la jeune femme ? Il tourna la tête vers la jeune femme emmitouflée dans une couverture violette, le cœur battant brutalement. Elle...

Il se précipita vers elle et sans crier gare, la plaqua contre le mur, violemment.

- Qui êtes-vous, gronda-t-il.

Un éclat de terreur pur passa dans le regard de l'imposteur. Elle tenta de se dégager d'une manœuvre habile qui aurait pu s'avérer fructueuse si le lieutenant Castle n'était ni expérimenté, ni massif, ce qui n'était pas le cas. Il plaqua davantage la jeune femme contre le mur... Tellement fort qu'elle crut fusionner avec la cloison.

- Je suis le sergent...

- Ne me mentez pas, hurla Castle.

L'inconnue sentit son rythme cardiaque augmenter brutalement. Il était... effrayant !

- Sergent Katherine Beckett, Police de New-York, glapit-elle, oscillant entre colère et désespoir.

La pression qu'il imprimait sur son corps disparut brutalement et la brunette s'effondra sur le parquet comme une poupée de chiffon. Un cri étranglé lui échappa alors qu'elle tentait de se rattraper sans succès.

- Police de... New-York, répéta Castle surpris.

Il se reprit rapidement et se tourna vers son ami, Myron, pour lui ordonner de garder un œil sur Katherine pendant qu'il vérifiait l'information. Le second policier, un grand blond musclé lui intima de ne pas bouger. Elle tenta de se relever mais le simple regard de cet homme l'en dissuada. Il semblait prêt à user de ses poings pour la faire rester en place... Un frisson la parcourut alors que son rythme cardiaque s'accélérait brutalement. Le visage du dénommé Myron se mêlait avec la cagoule sombre de celui qui l'avait enlevé et brutalisé... Elle réprima un hoquet effrayée en plaquant sa main sur sa bouche...

- Sergent Kate Beckett, veuillez nous pardonner pour ces instants de doutes...

Castle se dirigeait vers elle, l'air rassuré. Son identité venait d'être confirmé, visiblement. Il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Elle la fixa avec dédain avant de se redresser par elle-même... Elle n'avait pas besoin de son assistance, ni de sa pitié ! Un air désapprobateur plaqué sur le visage, elle détailla le lieutenant Castle.

- Vous devriez revoir vos méthodes d'interrogation, siffla-t-elle finalement.

Richard Castle en fut soufflé. Elle ne manquait pas de toupet !  

Dans la tourmenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant