Chapitre 21-L'Enfer Était Vide (1)

18 6 4
                                    


Chapitre 21

Ethan

A cet instant, l'enfer était certainement vide. Dépeuplé de ses êtres qui le rendait d'habitude si fière. Si brave face au désespoir qu'il accueillait pourtant chaque millénaire. Chaque année. Chaque heure. Vaillante qu'était pour eux l'éternité d'un malheur.

Mais aujourd'hui, ils avaient choisi de remettre en question leurs immortalités. Leurs vies n'étaient plus une nécessité. Leur peuple jamais plus n'en dépérirait. Alors ils avaient choisi La Lyre. Alors ils avaient envahi, sans instruire. Avec ce seul mot que leurs lèvres atrophiées réussissaient à baver : détruire. Les flammes avaient fui l'enfer. Elles avaient accompagné les dépôts de ce grand fou qu'était le Lucifer. Qu'était le diable et son grand domaine affable.

Accolé au bord de la mer, la fournaise seule édictait les lois. Même le Grand père Destructeur ne la contrôlait plus. Elle était libre. Libre de crier à Mort. Libre de courir à la recherche de trésor. Libre de foudroyer à tout sort. Libre de tuer. Elle était la rage. Celle de la bataille. Celle qui envahissait les cœurs des soldats en pleine campagne. Elle était tout simplement la folie de la survie. Et elle ne tarderait pas à atteindre Bord-Ô

L'enfant noir c'était relevé. La statue sombre avait ressurgit des douces vapeurs qui entourait les cadavres. Un frisson avait parcouru les gardes. Ils étaient de nouveau effrayés. Leurs poings brandit criait à leurs pertes. Quelques corps s'effondrèrent à terre. Submerger. Ils seraient les premiers tués. Les premiers piétinés. Leurs courages comme unique défaut.

Il faisait nuit. Comme tout le midi. Comme toute la journée. Il faisait jour. Comme tout le minuit. Comme toute la nuit. L'heur ne souffrait plus d'une réelle importance. Pourtant, le temps était devenu denrée rare. Précieuse. Peux était ceux qui narguait grâce à leurs vie, certain qu'une longue existence les accompagnerait encor, rien que le temps d'un bal. D'une danse. D'une trop grande chance.

L'enfant scrutait la foule. Ses yeux aveugles dévisageaient tout à la fois. Mais il ne bougeait pas, ni même ne semblait respirer. Il savait. Savait que personne ne se rebellerait de nouveau. Il avait imposé le respect. Et cela lui suffisait. Il ne ferait de cadavre que si sa dépouille était sous menace. Que si on se montrait trop tenace. Alors il n'hésiterait pas à faire franchir ce cap si redouter. Cette frontière tant oublier.

A cet instant l'enfer était certainement vide. Dépeuplé de ses êtres qui le rendait d'habitude si fière. De ce roi qui maniait ses hordes de sa mains de fer. Le diable se trouvait peut-être en face d'eux. Mais eux, n'étaient pas anges. Simplement des portes franges, des gardes granges.

Un démon apparut dans le dos de l'Ombre. Renfermé. Décharné. Effrayé. La peur qu'il ne dégageait n'appartenait qu'à lui. Et elle ne hanterait aucune nuit. Pauvre clochard s'adonnant au vice des vices, pour la seule gloire de n'en laisser aucune à ses complices. Lui portait des vêtements. Vulgaires bout de tissus marquant la hiérarchie des sommaires tribus. Ils étaient gris. Triste. Terne. Vieillis par les vents. Enlaidit par les ans. Ils étaient sa seule armure.

Sur le pont du navire, d'autres s'étaient joints à l'appel silencieux. Au murmure souffler par les cieux. Ils n'étaient pas mieux que les autres. Leurs visages appelé à la souffrance. Leurs démarches, à la défiance. Les premiers avancèrent sur la prou, marchant sur le trône de bois. Mais personne n'en teint compte, même le roi. Sans leurs importer, ils continuèrent leurs lourde démarche, s'écrasant dans la mer glacé. Les rayons du soleil l'avaient depuis longtemps abandonné.

Les premiers devaient être des mômes. Mais, ils n'avaient d'enfantin que la taille. Le reste appartenait à des océans d'indifférence. Non de ce qui aurait dût être de la simple insouciance. Ils n'avaient pas de sexe. Les garçons étaient filles. Les filles étaient garçons. Les quelques mèches de cheveux qu'ils avaient réussis à conserver atteignaient leurs épaules. La crasse les avait emmêlés. La traversé les avaient fait tombés.

L'eau leurs arrivaient aux genoux. Le bateau était enlisé. Il ne partirait plus. Ne s'envolerait plus. Il deviendrait bientôt un cercueil. Restait à savoir qui viendrait pleurer les morts. Qui viendraient fleurir les corps. Car, les souvenirs resteraient sûrement. Les âmes s'envoleraient certainement. Puis, une fois les fleurs fanées, les corps seraient oubliés. Les âmes seraient envolées. Les souvenirs, effacé. Enfin, les corps pourriraient. Les âmes renaîtraient. Et les souvenirs se conteraient assurément dans la douce écume des vagues salées.

Les premiers Damnés foulèrent le sable sec. Ces enfants ne s'amuseraient pas dans l'eau. Pas plus qu'ils ne construiraient dans le sables quelques petits châteaux. Ils préféreraient plutôt y noyer leurs longues lames. Où y enterrer quelques insouciantes âmes. Ils ne souhaitaient que de nouvelles victimes prête à se sacrifier. Jeunes jouvenceaux ne s'apprêtant à tuer leurs belles que dans le simple espoir d'en avoir une nouvelle.

Ethan regardait calmement ces scènes se dérouler sous ses yeux. Il devait attendre. Attendre qu'on l'attaque. Il ne pouvait déclarer une guerre sur un territoire qui ne lui appartenait pas. Qu'il n'honorait pas. Debout sur une dune surplombant ses troupes, il conservait cet espoir vain d'un détachement de marchand. De négociant. Qu'il s'agisse de Damnés, cela était certain. Mais leur intention n'était pour le moment pas assez éclairé. Même s'il ne fallait pas être devin pour le deviner.

Une armée de soldat inconscient se dressait alors devant une bande de gamin intempetuant. L'histoire ne saurait encadrer pareille débâcle. Il faudrait donc sûrement se battre. Et le danger était bien plus qu'imminent.

A cet instant, l'enfer était certainement vide. Dépeuplé de ses êtres qui le rendaient d'habitude si fière. Pendant un temps, il n'accueillerait plus en son seins ses nouveau demeurant, mort pour avoir violer des lavandières. L'enfer essayait d'agrandir ses terres. Et cela passait invariablement par la guerre.

Les gamins arrivèrent enfin devant les premières lignes. Un siècle aurait certainement eu le temps de défiler. Mais ce fameux temps avait choisit de s'arrêter. Suspendu. A quelque pas de distance, ils marquèrent une courte pause que la terre elle-même sembla suivre, s'arrêtant de tournoyer. Que les cœurs eux-mêmes semblèrent suivre, s'arrêtant de batifoler. Soigneusement, ils décortiquèrent leurs opposant. Des tintements d'armure se répercutèrent timidement dans un lieu où, normalement, seul le vent possédait assez de savoir pour entrer en résonance avec lui-même. Quelques-uns tremblaient donc déjà. La peur les possédait donc déjà.

Les Damnés étaient là. Mais les gardes avaient pourtant devant eux des minois qui, la veille, aurait put cavaler de toute part avec leurs fils. Qui aurait put mimer quelques dînettes avec leur fille. Qui aurait dut partager un dîner auprès de leurs aimant parent et d'une chaleureuse chandelle. Avant d'être démons, ils étaient gamins. Triste réalité que la guerre s'aimait à apporter. Il faudrait choisir entre renoncer à ses principes et vivres.

Faces à cela, ils ne possédaient pour armes que leurs cœurs. Car l'horreur des os et de leurs craquements, ni l'odeur du sang et de son suintement, ne leurs avaient encore fait oublier toute trace d'affection. Mais les Chimères n'étaient là que pour manier la désolation.


B2

Les Vestiges Des Damnés [CS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant