Chapitre 19-Dieux Muets

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Chapitre 19

Edgar


La pierre pleurait. Suffoquait. Noyé sous des flaques pourpres. Sous des corps malpropre. Ses larmes se versaient tristement, priant leurs Dieu l'Unique. Leurs Dieu de réplique. La roche elle-même était peux heureuse. Elle était gelé, elle qui s'aimait pourtant à vanter son cœur d'habitude si glacé. Mais le carnage renversait bien des serments. Et ses souvenirs resteraient gravé bien des cents.

Le sang était partout. Etendard des batailles cruelles. Accroché à un bras, à une jambe. Sur la lame qui avait sauvé. Sur le corps qui avait détruit. Dans la rage de la bataille, le fanion était accroché et personne ne pouvait s'en défaire. Les visages se confondaient, masqué de cette boue rouge. Les camps n'existaient plus. La survie était la seul chose en vu.

Dans cette mêlé, les Damnés faisaient ce qu'ils faisaient de mieux : tuer. Les hommes, eux, priaient, priaient... Encor et encor. Leurs survit en devenait ridicule. Leurs vies pathétiques. Ils ne se levaient que pour garantir un repos éternel après une mort, seule certitude entre la frontière que possédait la connaissance de l'ignorance. Les foudres divines ne s'abattraient que si leurs existences étaient avérées. Mais leur véracité n'était acceptée que parce que l'inconscient collectif rêvait encor de cet être parfait qui les punirait.

A cet instant, ils étaient des milliers à implorer ce Dieu. Ces Dieux. Mais ils n'étaient pas roche. Mais ils n'étaient pas pierre. Leurs Dieux n'étaient pas l'Unique. Chacun en avaient l'image qui lui seyait. Et ce Dieu n'était pas fait de réplique.

Mais au final, démon ou ange, ils se retrouveraient dans ce "en haut" si mystique. Dont l'on n'avait aucune relique. Et qui savait, peut-être le Tout-puissant était le méchant ? Et qui savait, peut-être le Tout-puissant était indulgent ? Préférant une haine assumée, à une perfiditer masqué ?

Appuyé contre un mur, Edgar pleurait. Il comprenait la roche, partageant un chagrin, secret du Malin. Il ne voulait plus combattre. Ni se battre. Il ne savait plus. Plus si cela en valait le coup. Le coup de toutes ces souffrances. Le coup de toute cette défiance.

Autour de lui, la tourmente. Il n'avait plus d'allié. Simplement des âmes. Et toutes réclamaient leurs repos. La fin de cette horreur. Mais aucune n'était prête à admettre la défaite. L'humiliation de rentrer prématurément à la maison, sans savoir si en continuant elle ne reverrait jamais demeure.

Son père lui avait fait prendre conscience de la valeur d'une chose. Cette chose. Le Grand-Teste n'était qu'excuse. Sans, le monde courrait à sa perte. La vie marchait sans quête. Mais Vert-Pin avait changé. Sa vision avait changé. Il n'y voyait plus le sauveur. Le Commandeur. Simplement un bout de folie qui pensait pouvoir stopper des milliers d'être sans cette chose. Des milliers d'âmes. Il était perdu.

Un rire arriva à ses oreilles. Démoniaque. Enfantin. Maléfique. Simple. Edgar leva ses yeux embués. Les larmes coulaient abondamment sur les joues de l'homme, effaré de ce que l'esprit humain avait entreprit. Un véritable désastre.

Les combats avaient commencé depuis quelques heures. Ils n'étaient que quelques dizaines à s'être emparer des remparts. Ils étaient quelques centaines à défendre ces murailles. Mais les combats paraissaient déséquilibrer.

Le rire tonna de nouveau. Edgar baissa les yeux, calmement. Il savait ce qui l'attendait. La faucheuse ne tarderait sans doute pas. Elle continuerait sa moisson d'esprit, sans considération supplémentaire pour lui, celui qui les avait tous mené à cette perte.

L'enfant de Bord-Ô était là. Il l'attendait. Il était là et partout à la fois. Il avait perdu sa lueur d'expérience. Il était devenu le grand fou qui menait les morts. Le petit môme qui balançait des sorts.

Le rire tonna de nouveau. Mais aucun sourire ne c'était peint sur les lèvres de l'enfant. Personne n'avait le cœur à rire. Hormis les monts... Ils l'appelaient... L'ensorcelait...Le charmaient...

L'enfant avançait toujours plus. La lance qui lui avait transpercé le cœur c'était brisé dans la plaie, laissant un charnier noir derrière elle. Une flèche lui avait cloué le bras, transperçant ses tendons. Sa couleur suie état devenu messager du sinistre. L'enfant l'avait cherché. Edgar le savait. Son regard trahissait sa fouille.

Des lambeaux de peau pendait là où des loques de tissus aurait du se trouver. Sa chaire elle-même était sombre.

L'Emissaire paniquait. Sa mémoire elle aussi s'était troué. Ses enseignements ne servaient plus à rien. Maintenant seul l'instinct lui permettrait de survivre. Il devait combattre. Se battre. Même si cela n'avait que peux d'utilité. Il le devait.

Il n'avait plus sa lame. Elle était resté fichée dans un corps. Triste métal sans ambition hormis celle volé dans sa victime. Celle de rester sanglante. Celle de rester vivante. Présente.

Il n'y avait plus que lui et le môme. Lui et sa propre conscience. Mourir était possible. Vivre aussi.

Ses jambes tremblaient. Il était le bourreau devant sa première corde. Mais il était aussi la destination de nœud. Sa vision se brouillait. Il avait peur. Et maintenant, il savait. Savait la douleur de respirer ses derniers souffles. La peine d'écouter les derniers battements d'un cœur qui irait pourrir aux côtés de ses compères. Le tourment d'apprécier les dernières images d'un monde où tout était susceptible de mourir d'un instant à l'autre.

A l'approche de cette Fin, il ne pensait plus à toutes ses prières, toutes ses purges partagées. L'homme était perverti dès sa naissance. Il ne songeait qu'à la trace qu'il avait laissée. Personne ne le pleurerait. Et l'âme d'un homme avait du mal à admettre que la seule personne à qui il manquerait serait lui-même.

En face, l'enfant avançait. Résolus. Il savait sa tâche. Et le travaille serait accomplit comme il se devait. Il ne lui en coûtait rien. L'homme lui balança une pierre. Elle ricocha sur sa tempe avant de s'écraser un peut plus loin. Il ne lui en coûtait rien. L'odeur du sang remplaça petit à petit celle de sa chair putréfier. Il ne s'en souciait pas. Il ne lui en coûtait rien.

Il n'était pas comme eux. Il ne connaissait de la douleur que la haine. De l'amour, que la rengaine. Pour lui le bonheur était un sentiment primaire. Il n'en voulait guère. La joie lui était inconnue. De tous sentiments, il était nu.

Edgar s'écroula contre le mur. Il n'avait pas la force. Pas l'espoir. Il serait lui aussi le Couard. Le Couard de Monte-Merveille. Il attirerait la risée sur Vert-Pin. Sur cette cité qu'il n'appréciait plus. En laquelle il ne croyait plus.

La tête entre les bras, les genoux au sol, l'homme pleurait. Pleurait cette vie qu'il n'avait pas choisie. On lui avait insufflé le bonheur d'une existence non consentie depuis le plus jeune age. L'influence sur la jeunesse, arme pour l'éternel. On lui avait soufflé qu'il ne pourrait rêver de meilleure enfance. Mais maintenant il savait. Savait le mensonge. Et il n'en voulait plus.

Alors, l'enfant compris l'homme. La pierre. La roche. Debout, il fixa les larmes d'expiation qui s'écoulait sur un parterre accueillant les première écueil des cendres de la ville. Harmonieusement. L'enfant réconforta le père. La mort réconfortât la vie. La faim réconforta le jeun. A l'abri dans l'étreinte d'un bonheur irréel, éternel, les larmes séchèrent. Les plaies se refermèrent. Mais le cœur resta meurtris.

"-Viens, les Monts t'attendent. Les seigneurs n'aiment pas la patience. Viens..."

Il ne pouvait en être autrement. Il devait fuir. Fuir Vert-Pin.



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Les Vestiges Des Damnés [CS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant