15. Lui

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_ Michaël, lâche moi, m'avertit David sur un ton très menaçant.

_ Pas tant que tu me parles plus, rétorqué-je avec entêtement. J'ai attendu trois heures dans le froid que tu sortes de chez toi, et il est hors de question que je m'en aille sans avoir arrangé les choses entre nous.

Je suis affalé au sol devant l'entrée de son immeuble, les bras fermement autour de sa jambe droite comme si on était au rugby. Il soupire rageusement. Je jubile intérieurement. Il va bientôt céder. Je sens ma victoire toute proche. Dave n'a jamais été du genre à m'en vouloir très longtemps.

_ Tu me laisses pas d'autre choix, grommelle-t-il durement avant de passer à l'action.

Lent à la détente, je ne comprends pas tout de suite la portée de ce qu'il vient dire. Lorsqu'enfin, je tilte : il est trop tard. Avec sa jambe libre, il me décoche un coup de pied en plein dans le nez qui me fait aussitôt lâcher prise.

Etourdi par l'impact, je grimace de douleur sans esquisser un geste pour le retenir tandis qu'il s'en va. Je me masse le visage du bout des doigts en me réalisant que David n'a pas du tout réagi comme il a l'habitude de le faire face à mes pitreries. Ma cage thoracique se sert à la pensée de ce que cela signifie. Je secoue la tête pour chasser mon inquiétude. Ce n'est qu'une mauvaise passe, n'est ce pas ? Je n'ai pas vraiment perdu mon meilleur ami à cause de ma folie pour Abby.

***

C'est définitivement pas mon jour de chance. Je prends une grande inspiration avant d'ouvrir les yeux en déglutissant difficilement, tout en essayant de contenir ma colère naissante. Ils vont finir par me défigurer à force de me donner des coups au nez !

_ Désolée, Mike... Je croyais que c'était Max. Vous avez la même taille... tente de s'excuser Cassandre avec embarras pour m'avoir fermer la porte au visage avant de la ré-ouvrir quand elle s'est rendue compte de son erreur.

Je grogne en entrant chez elle. Elle a osé me confondre avec son ex par dessus le marché ?

_ Mouais.

Elle referme la porte derrière moi tandis que je prends mes aises sur son canapé. C'est seulement quand je la vois debout face à moi que je me rends compte que Cassie ne va pas bien du tout. Ses yeux sont cerclées de noir, ce qui contraste énormément avec son teint blanc cadavérique. Une crinière épaisse, visiblement sale et emmêlée, encadre son visage. Son nez et ses yeux sont rouges comme si elle avait pleuré énormément. Je me radoucis instantanément.

_ Qu'est ce qui ne va pas, Cassie ? m'inquiété-je en m'approchant d'elle d'un pas mal assuré.

Réconforter les autre n'a jamais vraiment été mon truc... Disons que j'ai parfois le don de plus toucher là où ça fait mal que l'inverse, ce qui n'aide pas. Mais alors vraiment pas.

Cassandre ferme les yeux en restant silencieuse. Au moment où je crois qu'elle ne va pas me répondre, elle me surprend en chuchotant. Les mots s'échappent de ses lèvres rapidement comme si elle avait peur de ne pas avoir le temps de tout dire.

_ Angela. Elle me manque. Tu ne peux pas savoir à quel point... Je... J'ai l'impression que je ne pourrais plus jamais respirer sans ce poids qui me compresse la poitrine. Elle... Elle me manque tellement. Savoir qu'elle ne sera plus jamais là me brise de l'intérieur. J'ai l'impression d'étouffer sans elle. C'est... C'est comme si elle était mon oxygène. Je ne savais même pas qu'elle comptait autant pour moi...

Sa voix se brise sur les derniers mots. Sans réfléchir, je la prends amicalement dans mes bras pour la bercer. Je ne cherche pas à lui dire quoique ce soit. Dans ces moments là, mieux vaut parfois s'abstenir de ces paroles creuses et vides à mon avis. Je ne sais pas combien de temps nous restons dans cette position là, elle, pleurant silencieusement et moi, perdu dans mes sombres pensées, encore plus motivé que jamais pour trouver le coupable du meurtre d'Angela. Parce que je suis sûr que c'est bel et bien un meurtre.

C'est Cassandre qui s'écarte de moi la première, encore plus embarassée que tout à l'heure par la tâche humide sur mon pull. J'essaie de retenir la grimace de dégoût tant bien que mal à la vue de toute cette morve. J'ai beau être habitué à ça, à force de travailler à l'hôpital, ça me dégoute toujours autant... Tellement que je me demande parfois si j'ai vraiment envie de ça.

Elle renifle bruyamment, me tirant de mes pensées.

_ Merci pour...tu sais.

Je lui souris avec bienveillance pour lui faire gentiment comprendre que ça ne me dérange pas d'être son épaule pour pleurer si elle en a besoin. Elle me rend mon sourire à travers sa tristesse. Je sais qu'elle retient encore ses larmes mais qu'elle se sent mieux que tout à l'heure.

_ Bon... Tu as besoin de quelque chose ? demande-t-elle, ce qui me fait froncer des sourcils.

Comment... ?

_ Tu déboules toujours chez moi sans prévenir quand tu as besoin d'un service, lâche-t-elle sur un ton plus lèger avec un soupçon de moquerie.

Je me pince l'arrête du nez, un peu gêné par sa remarque.

_ En plein dans le mille, finis je par répliquer. J'ai besoin d'infos sur... Angela, ajouté-je en priant silencieusement pour qu'elle ne se remette pas à pleurer. Il y a quelque chose que je veux vérifier la concernant.

Elle se fige avant de lever les yeux vers moi sans dire un mot.

_ Bien sûr, si tu ne te sens pas encore à l'aise pour parler d'elle. On peut faire ça une autre fois, ou je peux aller voir quelqu'un d'autre, lui proposé-je.

Elle s'humidifie avec hésitation les lèvres avant de s'asseoir sur un fauteuil.

_ Non, c'est bon. Je pense que je devrais tenir le coup.

Love Game TOME 2 (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant