Trøndheim, capitale du royaume des hommes. Plus grande ville jamais bâtie mais aussi la plus sombre de toute. Gouvernée par l'impitoyable Naraiah, roi des hommes et bientôt d'Elyoria. Le roi habitait dans le plus grand et plus lugubre château construit depuis mémoire d'homme. La garde royale qui gardait le château, était composée d'hommes d'expérience, grands et intelligents. À l'image de leur roi, en effet Naraiah était un roi grand, barbu, intelligent et un grand tacticien. La ville finissait tout juste de se remettre du chaos provoqué par le coup d'État d'Aldeas. Les pendus pourrissaient sur la place centrale. Le sang s'écoulait encore abondamment dans les caniveaux et les affiches de recherche du hors-la-loi étaient placardées à tous les coins de rue. Les rues étaient désertes depuis le couvre-feu imposé par le roi. Les commerçants avaient fermé boutique pour plusieurs jours, et le moral était au plus bas. Le seul rayon de soleil dans cette ville qui pensait ses plaies, venait de la reine plus rayonnante que jamais. Effectivement, elle venait tout juste de mettre au monde un beau garçon blond, comme sa mère et son frère, et gaillard comme son père.
Naraiah se trouvait dans une salle, accompagné de ses fidèles conseillers afin de définir les actions à mener dans l'enceinte de la capitale.- Messieurs les conseillers, je vous demande donc en toute honnêteté si nous devons continuer à rechercher activement mon fils, ou s'il vaut mieux attaquer avec toutes nos forces le reste de l'armée magique, tout en sachant que mon fils se trouve sûrement dans le camp ennemi. Messire Sayana vous avez la parole.
- Merci. Mon roi, chers conseillers, je pense en toute objectivité que nous devons arrêter les recherches pour retrouver Aldeas le fils de Sa Majesté, et nous concentrer activement sur ce qui reste des troupes ennemies.
- Bien, j'en prends note. Quel est votre avis sur la question messire Archlys ?
- De mon côté, je pense que nous devons poursuivre nos recherches pour trouver votre fils. Sinon, cela voudra dire que n'importe qui peut tenter de prendre le pouvoir sans représailles. Les forces de l'ennemi sont tellement faibles qu'elles ne représentent pas un réel danger, tandis que votre fils à un vrai pouvoir de persuasion.
- Avez-vous quelque chose à ajouter madame Lédogard ?
- Je voudrais nuancer les propos de messire Archlys. En effet les troupes ennemies sont dans un état critique, mais ne sous-estimons pas la magie présente dans la forêt dans laquelle l'ennemi est retranché. Cette magie pourrait redonner un second souffle à cette armée affaiblie, il ne faut donc en aucun cas sous estimer l'armée magique.
- Vos paroles sont gages de sagesse madame. Soyez sûr que je les prendrais en compte dans ma décision. J'aimerais entendre votre avis Votre Sainteté.
- Mon avis est simple, ces monstres n'ont point leurs places dans notre monde. Elles n'ont pas été créées pas Dieu. Nous devons donc les exterminer au plus vite.
- Merci à vous tous pour votre avis. Je pense donc que nous devons attaquer l'ennemi le plus tôt possible. Le bataillon d'élite est déjà à Jøthur, je vais leur envoyer mes instructions par corbeau.
Un murmure d'approbation s'éleva dans la salle.
Messieurs les conseillers la séance est levée.
Les conseillers se levèrent et sortirent de la salle la mine rayonnante pour certains et renfermée pour d'autres, mais toujours dans un silence et un profond respect pour leur roi. Après que la porte se soit refermée, le roi laissa enfin éclater sa rage. Ses deux seuls désires actuels étaient d'exterminer toute magie existante du monde d'Elyoria, et de pendre haut et court son fils pour haute trahison. Le calme du roi devant ses conseillers n'était qu'une façade pour leur paraître crédible. En réalité, Naraiah était une personne colérique et impitoyable avec son peuple. Les deux seules personnes qui avaient encore une place dans son coeur étaient sa femme et son nouveau-né. Ses conseillers et les nobles du royaume n'étaient pour lui que des rapaces et des tournes casaques qui attendaient avidement sa mort. Quant à Aldeas, il ne l'avait jamais aimé. Il était dès son enfance trop intelligent, trop influent et doté de la beauté de sa mère. Naraiah finit enfin par se calmer, et monta dans la suite où se trouvaient sa femme et son fils. Sur le chemin, il rencontra Santos le meilleur guérisseur de la ville qui avait mis au monde son fils. C'était une des seules personnes en qui il avait encore pleinement confiance.
- Salutations mon roi, quelle belle soirée ensoleillée, on se croirait presque en été.
- Salutations Santos, dommage qu'il fasse si froid dans ce château. Je commence tout doucement à me faire au climat du nord. Je vais voir comment vont la reine et le bébé.
- Appelez-moi s'il y a un souci.
- Je le ferai si nécessaire mais arrête de me vouvoyer, cela fait maintenant presque vingt printemps que nous nous connaissons.
Le roi monta les dernières marches pour arriver enfin à la suite royale. Il poussa la porte de la chambre.
- Naraiah ! Je ne pensais pas que tu reviendrais de sitôt.
- J'ai abrégé le conseil, ces nobles me dégoûtent. La première chose que je ferai après en avoir enfin fini avec ces monstres magiques, sera de changer de conseillers.
- Alors cela sera fait très prochainement. Regarde comment ton fils est beau.
- Vous êtes mes deux rayons de soleil, je ne vous laisserai jamais aux griffes de ces vautours qui attendent un moment de faiblesse de notre part. Notre fils sera mon digne héritier et il prolongera ma dynastie à travers le temps. Et cela arrivera par n'importe quel moyen !
- Je le sais mon amour, je le sais. Ton fils ne fera pas les mêmes erreurs qu'Aldeas le traître, il sera ton digne héritier. Allons voir le coucher de soleil.
Les deux époux se dirigèrent vers la terrasse qui surplombait la ville, et tout en enlaçant sa femme Naraiah dit :
- Que cette ville est belle. Il est bien dommage que ce ne soit qu'une façade. Le rideau va se lever et les pions se déplacer, la partie ne fait que recommencer, comme un éternel cycle.
Le soleil finissait sa descente et la rougeur du crépuscule emplissait la ville où trahison, guerre et manipulation étaient les maîtres mots.