Chapitre 9 : Le Lord assiégé

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Mon seigneur c'est l'heure.

- Merci Jaspe, aide moi à mettre mon armure que je sois prêt à l'heure convenue.
Jaspe aida son seigneur à revêtir son armure de plates.

- J'espère que les autres seigneurs répondront à mon appel, es-tu sûr qu'aucun pigeon n'a été intercepté ?

- J'en suis sûr et certain mon seigneur, je les ai envoyé de nuit avec toutes les précautions possibles. Et les autres seigneurs sans exception nous ont assuré qu'ils avaient tous reçu notre message.

- Ce qui porte donc nos forces à deux mille sept cents hommes. Quels sont les effectifs de nos adversaires au dernier rapport ?

- Cinq mille huit cents cinquante hommes après notre dernière sortie mon seigneur.

- Plus de deux fois le nombre d'hommes dont nous disposons. Mais avec l'effet de surprise et l'avantage du terrain nous pouvons gagner.

- Mon seigneur je vous en conjure, loin de moi l'idée de vous contredire mais cette entreprise est trop risquée. Vous pouvez encore renoncer à cette folie, le supplia-t-il.

- C'est trop tard, je dois aider Aldeas. Il a eu le courage de s'élever contre le roi, ou devons suivre son exemple et faire tout notre possible pour l'aider, je suis sûr qu'il nous enverra un message ou un signe. Allons-y Jaspe et que Dieu nous garde.

Le seigneur rejoignit ses hommes dans la cour vierge de tous éclairages pour éviter que leurs ennemis ne se doutent de ce qui se trame.

- Soldats ! Aujourd'hui l'heure de notre vengeance est arrivée, nous allons botter les troupes du roi hors de notre région et marcher sur Trøndheim ! Mais si nous trépassons, nous trépasserons l'épée à la main et la tête haute ! Soldats c'est l'heure du combat ! Cria à pleins poumons le seigneur Lilian.

C'est sur cette dernière harangue que les portes s'ouvrirent et qu'un flot de soldats se déversa sur le camp ennemi. Le camp ennemi encore endormi fut pris par surprise par cet étau d'ennemis hurlants comme des trolls des montagnes. Les tentes brûlaient, les soldats hurlaient, les chevaux hennissaient et les épées s'entrechoquaient tel le marteau du forgeron sur l'enclume. La bataille dura deux heures, deux heures de massacre. Les alliés s'enfonçaient toujours plus loin dans le camp ennemi, au lever du jour il ne restait que quelques poches de résistance çà et là. Le champ de bataille était inondé de sang, des râles s'échappaient de quelques soldats blessés gravement, ces derniers ne passeraient pas une autre journée. Des membres humains gisaient au sol comme orphelins du reste de leur corps. Plus d'un homme devant cette boucherie défailli, et vida le contenu de son ventre dans un fossé. Malgré la vision d'horreur des morts et des éclopés, l'ambiance était festive, du moins du côté des rebelles. Cette nuit fut une grande victoire pour la coalition de la résistance et une débâcle pour l'armée du roi qui pensait en avoir fini avec ces seigneurs rebelles soutenant Aldeas. Cinq mille soldats du roi perdirent la vie durant le massacre, quatre cents finirent emprisonnés et quatre cents cinquante furent désignés déserteurs. La coalition elle perdit deux cents hommes et eut cent sept blessés durant la bataille mais celle-ci gagna trois cents soixante hommes parmi les prisonniers qui jurèrent allégeance à Aldeas.

- Alors Jaspe toujours aussi pessimiste sur l'issue de la bataille cria le seigneur Lilian à son aide de camp.

- Une grande victoire mon seigneur, les trouvères chanteront encore cette victoire dans deux siècles !

- Ah ah, oui mon ami, oui ria le seigneur. Allons donc voir les autres seigneurs pour planifier la suite des événements déclara-t-il.

- Bien mon seigneur.

Le soleil était maintenant haut dans le ciel, comme un lever des ténèbres, l'horizon venait de s'éclaircir grandement pour le seigneur Lilian et ses alliés. Le seigneur aux tempes grisonnantes rejoignit les autres seigneurs dans la tente de l'état-major.

- Ah Lilian te voici, s'exclama ser Aralwen. Nous t'attendions pour commencer.

- Nous pouvons donc démarrer, mais avant toute chose j'aimerai vous remercier d'avoir répondu présent pour cette bataille, car sans cela l'issue n'aurait pas été la même.

- Et nous te remercions toi aussi pour ta stratégie militaire sans failles, qui j'en suis sûr a été décisive cette nuit, déclara ser Daeran. Cette victoire restera dans les mémoires durant longues années, mais il faut maintenant savoir ce que nous allons faire. Je vous rappelle que lorsque le roi aura vent de ce que nous venons de faire, les représailles ne se feront pas attendre. Je propose donc de le prendre de vitesse en choisissant une nouvelle cible dès ce soir.

- Je propose d'attaquer Bonnétable, sur la presqu'île de Bonport, les forces de lord Sayana ont fait route vers le sud-ouest en direction de Jøthur, dit le seigneur Aralwen.

Plusieurs autres seigneurs approuvèrent du chef, mais plusieurs autres restèrent de marbre.

- C'est de la folie, les murs de cette forteresse sont immenses, même avec cinq cents hommes à l'intérieur des murs nous n'aurions aucune chance, protesta un seigneur au fond de l'assemblée.

- Je propose d'attaquer la Roche-sur-mer.

- Tu es fou Lilian, ce fort est imprenable, toutes les armées qui ont essayé de s'en emparer se sont brisées les dents sur ses murs.

- Comme vous le savez tous mon fils était très proche d'Aldeas, il a monté le coup d'état contre le roi avec lui. Et à ce titre il est enfermé à la Roche-sur-mer. Si nous libérons mon fils, nous saurons où est Aldeas, et nous pourrons nous rallier à lui. Réfléchissez si nous ne nous rallions pas à Aldeas, notre survie n'est plus qu'une question de jours ou de semaines au mieux. Les hommes perdront le moral s'ils ne se battent pas pour une cause juste, de plus les forces du roi nous aurons à l'usure avec leur supériorité numérique, nous pouvons gagner cent batailles et en perdre une seule et tout sera fini. Je suis certain qu'Aldeas a d'autres alliés, nous ne pouvons vaincre seul Naraiah, nous devons nous rallier à Aldeas. C'est le meilleur moment la plupart des forces armées du roi et de la Roche-sur-mer sont à Jøthur, il faut frapper un grand coup maintenant !

- Il a raison, écrasons la Roche-sur-mer et libérons son fils, vociféra un petit seigneur au milieu de la tente.

La petite dizaine de seigneurs approuvèrent le plan du seigneur Lilian.

-Nous lèverons donc le camp demain, pour faire mouvement vers notre objectif. Et que la lumière soit avec nous, déclara solennellement Lilian.

-Et que la lumière soit avec nous, reprirent les seigneurs.

-La séance est levée, je vous souhaite une bonne journée à tous.

La tente se vida peu à peu, et il ne resta plus que Lilian et Aralwen.

-Lilian, l'interpella Aralwen. Je ne savais pas pour ton fils, permet moi de t'adresser mon soutien dans cette dure r épreuve.

-Merci mon ami, j'apprécie tes paroles.

-Si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver.

Les deux seigneurs se laissèrent là, dehors dans le camp l'atmosphère était à la fête, les soldats ripaillaient et buvaient de grandes quantités d'alcool provenant du camp ennemi. Tandis qu'au même moment sur le champ de bataille, quelques soldats s'échinaient à jouer les brancardiers, pour tenter de sauver quelques soldats en piètre état. Au coucher du soleil, seul le vent charriant des odeurs de mort rappelait aux soldats le carnage qui avait eu lieu cette nuit.

ElyoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant