Chapitre 8 : L'espion

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Les portes se refermèrent dans le dos d'Aldeas et Venuptia. Un grand couloir d'une hauteur approchant les dix mètres prolongeait l'entrée du château éclairée par de multiples torches disposées dans des supports prévus à cet effet. Des tableaux d'une grande beauté étaient disposés sur les murs entourant le couloir, certains devaient sûrement représenter tel ou tel héros d'une époque révolue. Ou encore de magnifiques paysages montagnards ou forestiers que seules les créatures magiques connaissaient.
Un grand escalier en marbre poli prenait la suite du couloir des tableaux.

- Je commence à avoir des crampes aux jambes à force de monter des escaliers, quand arrivons nous ,demanda Aldeas.

- Il nous reste encore le plus long couloir du château à traverser et un escalier de la moitié de la taille de celui - ci et nous arriverons à la salle du trône où siège mon père. Après cela nous pourrons nous reposer dans les chambres.

Et ainsi l'homme et le dragon traversèrent un couloir tapissé des légendes du peuple magique et un autre escalier pour enfin déboucher dans la salle du trône où siégeait au plus grand étonnement d'Aldeas, le général Suzaya.

- Mais comment est-ce possible ? Sauf votre respect mon général n'étiez-vous pas en train de faire une sieste dans votre tente dans le campement ?

- Ah ah, rigola le général d'un rire à renverser des montagnes. Effectivement je vois que mon fils t'a bien renseigné. Oui j'étais en train de piquer un somme, mais il y a des chemins que seules peu de personnes connaissent en cas de siège.

Une autre personne se tenait au côté du général.
Tout de noir vêtu, avec un capuchon retenu par une broche en fer représentant un corbeau, la mystérieuse personne donnait l'impression d'être en deuil. "Les conseillers du roi ont-ils tous des tenus aussi singulières que cet homme-ci", pensa Aldeas. L'homme n'avait dit mot depuis l'entrée de l'adolescent et Venuptia dans la salle du trône, aucune formule de politesse pour les accueillir, absolument rien. Le visage de l'homme semblait taillé dans le marbre aucune expression ne semblait ressortir de cet homme inexpressif.

- Tu dois sûrement te demander qui est cet homme dit le roi comme s'il lisait les pensées du jeune homme.
"Effectivement je me le demande bien", se dit-il pour lui-même.
- Cet homme à mes côtés et mon meilleur espion, un elfe et il vient de me faire un rapport qui a de quoi faire froid dans le dos à n'importe quelle personne présente dans le camp magique. Raconte leurs donc ce que tu as vu mon cher ami.

- Ce que j'ai vu pourrais bien signifier notre arrêt de mort à tous. L'armée des hommes est arrivée à Jøthur, la plus grande armée que le monde ait jamais vu. Plus de deux fois plus grande que lors de notre défaite lors de la bataille des cimes aux monts Synailles. Ce qui devait être une revanche pour les nains pour l'épée volée par les hommes est devenu une boucherie. Les hommes nous ont écrasé avec deux fois moins de forces que celles dont ils disposent maintenant et dans un même temps nos forces ont été divisé par deux, ce qui nous amènent à un rapport de forces de un contre quatre. À Jøthur vingt milles hommes se sont rassemblés sous la bannière du roi. Deux mille six cents fantassins, mille cavaliers et mille quatre cents archers combattant sous la bannière de la foi. Mille huit cents fantassins, huit cents cavaliers et mille trois cents archers de la Roche-sur-mer au sud-est fief de la maison Archlys et de ses vassaux. Mille cinq cents fantassins, sept cents cinquante cavaliers et mille deux cents archers de Montdargent à l'est seigneurie de la maison Lédogard et de ses vassaux. Mille trois cents fantassins, cinq cents cavaliers et sept cents archers de Bonnétable à l'extrême sud sur la presqu'île de Bonport possession de Lord Sayana. Et enfin les forces du roi en personne, deux mille huit cents fantassins, mille neuf cents cinquante cavaliers et quatre cents archers de Hautfort dans les montagnes du nord.

- Certes l'armée des hommes est bien plus grande que celle dont nous disposons, certes leurs armée et bien mieux entraînée que la nôtre et certes leur moral et au plus haut tandis que le nôtre est au plus bas. Mais leur armée n'est pas si unifiée que ce que voudrait vous faire croire les hommes. Tous ces seigneurs dont vous avez cité le nom ne cherchent qu'à prendre le pouvoir à mon père, il suffirait de peu de choses pour les retourner les uns contre les autres et j'ai encore des amis dans cette armée et dans certaines villes. De plus nous avons l'avantage du terrain, déclara Aldeas. Je ne suis moi-même pas convaincu par mes paroles, mais si je ne dis rien nous sommes perdus. Je suis leur seul espoir.

- Lors de la bataille des cimes nous avions aussi l'avantage du terrain et une forteresse au surplus. Ce qui n'a pas empêché les hommes de nous écraser.

- Peut-être mais Valondia est empli d'une force magique ancestrale que nous n'avions pas durant la bataille des cimes, nous avons aussi une forteresse avec des murs deux fois plus hauts et épais que celle dans les montagnes de Synailles et nous avons le fils du roi des hommes ! À ces mots Aldeas sut que Suzaya était le général de la situation. Il possède une éloquence que peu de personnes peuvent se vanter d'avoir et il paraît avoir un moral d'acier. Ce qui n'est pas le cas de toute son armée je dois en convenir.

- Si vous le dites mon général fut forcé de dire l'elfe espion qui devait respecter les dires de son général.

- Je voudrais aussi ajouter quelque chose si vous me le permettez père, demanda Venuptia.

- Bien sûr mon fils, parle.

- Je sais que nous en avons déjà parlé maintes fois mais je vous le répète allions-nous avec les cyclopes, il se trouve actuellement dans la même situation que nous. Si Valondia cède les cyclopes mourront aussi.

- Je sais mon fils mais à ton avis pourquoi ont-ils été bannis de la forêt, je sais qu'avec eux nous pouvons gagner mais aucun des émissaires que j'ai envoyé à ce jour n'est revenu entier. Et plus personne ne souhaite traiter avec eux. Le débat est donc clos.

- Moi j'irai, déclara Aldeas dans un chuchotement presque imperceptible. J'irai. Mais que fais-tu donc, sombre crétin, tu ne connais même pas ces cyclopes.

- Lui ? S'étrangla l'elfe

- Tu ..... tu es sûr, demanda Venuptia.

- Tu ne manques pas de courage jeune homme mais connais tu les risques, à ton visage je peux jurer par les tous les dieux que non. Mais tu es peut-être notre seule chance, alors après avoir pris connaissance des éventuels risques, je te laisserai choisir. Après tout tu as réussi à échapper aux griffes de ton père et à nous rejoindre en me convaincant. Tu réussiras peut être avec les cyclopes.

- Je l'espère mon général.

- Si vous me le permettez père j'aimerais accompagner Aldeas.

- Et tu sûr de vouloir y aller, si tu venais à mourir je ne m'en remettrai pas et le peuple non plus.

- Les cyclopes n'oseront pas tuer le fils du général des armées magiques. De plus cela renforcera la sécurité d'Aldeas.

- Je crois que je n'ai pas vraiment le choix. Soit tu iras avec notre jeune ami chez les cyclopes. Mais d'abord il faut que vous preniez conscience des risques de cette expédition.

- Mon général je me propose pour leur faire prendre conscience des risques. Et si votre fils et le jeune humain choisissent de mener à bien leur expédition, je me propose pour les accompagner.

- Cela peut être une bonne idée en effet, tu connais la forêt mieux que personne. Je te donne mon accord.
Nous voilà partis pour une expédition des plus palpitantes. J'espère que Venuptia dit vrai, que les cyclopes ne nous attaqueront pas avec lui. J'ai l'impression de m'être embarqué dans une sacrée mouise. Mais je ne peux plus reculer maintenant.
Vous devez être fatigués après cette longue journée. Un serviteur va vous conduire à vos chambres respectives bonne soirée à vous.

Un serviteur accompagna Aldeas après que celui-ci se soit incliné devant le général. La chambre se situait dans l'aile gauche du palais jouxtant celle du général dragon et de son fils. Elle était spacieuse et recouverte d'anciennes tapisseries semblant dater de l'aube des temps. Le lit était grand recouvert de drap en soie et de coussins moelleux. Une carafe de vin était posée sur la table. "Au moins connaissent-ils cela pensa Aldeas."
La journée se terminait, la ville s'illuminait et Aldeas s'endormait satisfait.

ElyoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant