Le vent traversait son corps de part en part. Seul dans cette immensité, il pressait le pas à chaque bruit suspect. Aldeas marchait avec pour seuls compagnons son courage et sa vaillance. L'immensité des arbres dominait notre héros, l'obscurité le cernait de toutes parts. La chaleur torride avait l'effet d'une chape de plomb. Aldeas avançait insensible à son environnement hostile, il n'avait qu'un seul but : rejoindre Valondia. L'adolescent n'avait qu'un seul mot en tête "marcher". Tout à coup, un bruissement de feuilles se fit entendre à quelques pas de lui. Reculant d'un bon mètre, le jeune homme, méfiant posa sa main sur le pommeau de son épée. Soudain, il entendit un battement d'ailes qui le fit sursauter. Surpris, il redressa la tête et vit une petite forme munie d'une paire d'ailes qui faisait demi-tour pour revenir vers lui. Il s'immobilisa et écarquilla les yeux. Ce qui se trouvait devant lui n'était pas inconnu à ses yeux. Cette créature magique n'était représentée que dans les vieux livres d'histoire.
- Bon-bon bonjour, bégaya Aldeas.
- Bonjour humain, répondît la créature d'une voix mélodieuse.
- Vous êtes une fée n'est-ce pas, demanda-t-il intrigué.
- Une sentinelle Aldéas, je suis une sentinelle. Je contrôle tout ce qui vit et perdure dans cette forêt .
- Vous connaissez mon nom, s'exclama-t-il stupéfait.
- Oh je sais beaucoup de choses sur toi, lui répondit-elle d'un air malicieux. Pour ma part, je m'appelle Viviène.
- Eh bien je suppose que je dois dire, enchanté de vous rencontrer. Est-ce que vous êtes seule ?
- Oui je suis seule pour l'instant, suis-moi je vais te montrer ce que tu cherches.
Chamboulé par cette étrange rencontre, il ne se fit pas prier pour partir à la poursuite de la sentinelle qui l'avait déjà devancée. Les bois étaient sombres et épais ici. Aldeas avait l'étrange impression d'être épié. Me voilà arrivé à un point de non-retour. "Que vais-je leur dire maintenant. Si je n'arrive pas à les convaincre je risque d'y perdre ma vie, et tous les efforts que j'aurais fournis pour arriver jusqu'ici n'auront servi à rien."
Après un certain temps à marcher à travers les bois sur un sentier presque imperceptible pour un oeil non aguerri, il atteignit une clairière au centre de laquelle se trouvait un arbre majestueux. La luminosité de la clairière contrastait avec lugubrité de la forêt traversée. La fée sentinelle se posa sur son épaule et lui dit :
- Tu es arrivé. Attends quelques instants et tu verras !
Sur ces mots, elle s'envola haut dans le ciel. Aldeas la suivit des yeux, jusqu'à ce qu'elle paraisse trop petite pour la distinguer. L'arbre était imposant. À en juger par sa taille, il devait être très vieux. Ses branches s'écartaient tout autour de son large tronc, certaines devaient faire la largeur d'un bras tandis que d'autres ne faisaient pas plus de la longueur d'une phalange d'un doigt. L'écorce de ce chêne était plus épaisse que celle de n'importe quel autre arbre sur le continent. Et les feuilles faisaient deux fois la taille de la main d'un homme normalement constituée. Des myriades d'oiseaux avaient élu domicile dans l'arbre. Effectivement, plusieurs branches croulaient sous le poids des nids construits par les volatiles.
- C'est un chêne, le Roi de la forêt. Il canalise en lui une énergie formidable, dit une voix aussi forte que le tonnerre derrière le garçon.
À ces paroles, Aldeas sursauta . Derrière lui se tenait un dragon d'une taille pantagruélique. Il devait mesurer trois fois la taille d'un homme et paraissait dans la force de l'âge à en juger sa musculature et l'envergure de ses ailes.
- Heu ... Bon-bonjour, qui êtes vous, bégaya une nouvelle fois l'adolescent.
"Comment est-ce possible que je ne l'ai pas entendu ? Une bête de cette taille devrait tout de même faire beaucoup de bruit en approchant."- Je suis Suzaya le chef des armées du royaume magique. Et toi qui es-tu humain ? Tu sais que toute présence humaine est formellement interdite ici, tu es sur notre territoire, gronda le dragon à la façon d'un père réprimandant son fils.
"Ça commence bien. Je n'ai même pas dit trois mots qu'il veut déjà me faire partir."- Mon nom est Aldeas, je suis de la race des hommes comme vous l'avez deviné, et je tiens à rejoindre votre armée pour vous aider à vaincre l'armée humaine, dit le jeune homme en reprenant un peu d'assurance.
- Ah ah ah ! Tu veux rejoindre mon armée ! Mais qu'est-ce qui nous fait croire que tu n'es pas un espion, à la solde de nos ennemis ?
- J'ai mes raisons personnelles pour vous rejoindre et je ne vous en dirais pas plus sur celles-ci. Mais, je peux prouver ma loyauté autrement. En effet, je connais la tactique qu'utiliseront les hommes contre vous lors de la prochaine bataille.
- Comment en être sûr ? Comment pouvons-nous te faire confiance à toi qui est humain ? Pourquoi trahirais-tu ta propre race ?
- Comme dit précédemment, j'ai mes raisons. Mais pour appuyer mes propos, voici le plan de bataille que j'ai dérobé à Naraiah lui-même. Il est authentique. Tenez, voyez par vous-même.
- C'est effectivement son écriture, et le plan paraît authentique. Mais, comment ce plan est-il arrivé en ta possession ?
- Pour l'instant cela doit rester secret.
- Beaucoup de secrets et d'interrogations. Viens avec moi je vais t'emmener au conseil des généraux. Ainsi Aldeas suivit le dragon. Ils traversèrent un champ de forces qui picota légèrement la peau du garçon, mais ne lui fit aucun mal. Comme si le chêne avait compris que les intentions de l'humain n'étaient pas belliqueuses, mais pacifiques. Après avoir passé le champ de force, l'atmosphère se chargea de bruits en tous genre et le campement se révéla à ses yeux. Ils entrèrent dans le chêne par une porte gardée où deux gardes écarquillèrent les yeux devant l'homme. C'est après avoir traversé un long couloir aussi large que celui d'un château humain, qu'ils arrivèrent devant une grande porte en bois taillée à même l'arbre, où une multitude de personnes entraient et sortaient tel un ballet de danse.