Chapitre 10

30 4 1
                                        

- Plus un geste!

James blêmit en voyant les cinq policiers armés débarquer dans la petite grotte.

- On va vous expli...

Avant même que James ai terminé sa phrase, le premier homme le tasa et il s'écroula au sol.

- James ! Mais vous êtes malades !
- Max Jaines, vous êtes en état d'arrestation pour trafic de drogue, voie de fait sur personne par tentative d'empoisonnement et abus sur personne en état de faiblesse. Vous pouvez garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous et vous avez le droit à un avocat.

Ils lui mirent ensuite les menottes et je restai là, impuissante face à cette scène d'horreur. C'est alors qu'une jeune femme blonde s'approcha de moi.

- Vous allez bien mademoiselle ? Oh la-la, j'espère qu'il n'a pas été violent !

Elle avait vraiment l'air sincère.

- Ce n'est pas lui.
- Vous êtes en état de choque, c'est normal que vous n'y croyais pas.
- Mais ce n'est pas lui, je vous dis!

Elle me regarda plus attentivement comme si elle comprenait enfin ce que je lui disais.

- Vous allez nous suivre au poste et vous allez tout nous raconter.

Cela faisait une demi heure que nous étions au commissariat. James s'était réveillé il y avait environ un quart d'heure et avait été à son tour placé en garde à vue. Le commissaire était assis en face de moi. Cette femme extrêmement fine paraissait jeune et de long cheveux bruns encadraient son visage concentré. À côté d'elle, la jeune femme blonde qui m'avait parlé tout à l'heure se tenait debout.

- Mademoiselle, racontez nous ce qu'il s'est passé, commença le commissaire.

Alors je leur expliquai tout : la dispute, la seringue, le trou noir, le réveil, l'explication. Le commissaire m'écoutait, froide et dure comme une pierre. La jeune fille blonde me regardait et m'écoutait elle aussi mais avec plus d'attention. Elle semblait me comprendre. Elle avait presque les larmes aux yeux, comme si elle ressentait ce que j'avais ressenti.

Lorsque j'eus terminé mon récit le commissaire me remercia et me demanda de retourner dans le hall. Elle m'expliqua qu'elle allait maintenant interroger James, Max et Bill. Je sortis donc du bureau et m'assis sur une petite chaise. Soudain j'entendis des pas. Je regardai dans la direction d'où ils venaient et vis un policier tenant Max par le bras. Ce dernier le regardait d'un air assassin. Lorsqu'il me vit, son regard s'illumina.

- Lalie ! Lalie, appelle Tim. Je veux qu'il soit notre avocat. Vite !
- Taisez-vous ! ordonna le policier.

Max lui lança un nouveau regard assassin.

Tim?!? Je mis quelques minutes à comprendre de qui il me parlait. Tim ! L'ancien sous-chef du "groupe". Celui que Max avait remplacé lorsqu'il était allé faire des études de droit. Je pris mon téléphone et cherchai son prénom dans mes contacts. Lorsque son nom s'afficha sur mon téléphone, je l'appelai.

- Allô?
- Tim ? C'est Lalie.
- Lalie ! Ça fait longtemps ! Alors, comment vas-tu? Et James?
- Eh bien... pas bien, en fait. J'ai besoin de toi.

Je lui expliquai toute l'histoire de A à Z.

- Lalie, j'ai commencé mes études il y a à peine deux mois ! Je ne peux pas devenir avocat du jour au lendemain. Mais ne t'en fais pas, j'ai un ami qui pourra vous aider. J'arrive au plus vite.

J'attendais Tim et son ami dans le hall depuis maintenant une heure. C'était au tour de James d'être dans le bureau du commissaire. Bill y était allé après Max. Lorsqu'il sortir, un policier le raccompagna dans sa cellule.
Le commissaire sortit à son tour, suivie de la jeune femme blonde.

- On se retrouve dans mon bureau dans un quart d'heure.
- Bien commissaire.

La jeune fille blonde se dirigea timidement vers moi et s'assit sur la chaise d'à côté.

- Je m'appelle Sarah. Je sais que tes amis et toi dîtes la vérité.

Je la regardais, surprise par son aveu.

- Oui je sais, reprit-elle, c'est bizarre, on ne se connaît même pas. En plus, la commissaire est persuadée du contraire. Mais je connais l'histoire entière, et je prend du recul contrairement à elle.
- L'histoire entière ? C'est à dire ?
- Je n'ai pas le droit d'en parler à quelqu'un en dehors de l'enquête. Mais je vais te le dire. J'estime que tu as le droit de savoir. Bill est mon frère. Tu n'aurais pas pu le deviner puisque j'ai changé de nom de famille. Je ne m'appelle plus Sarah Corains mais Sarah Bluwicht. C'est le nom de famille de ma grand-mère maternelle qui est allemande. À treize ans ,je suis allée vivre avec elle et je me suis complètement détachée de cette famille de psychopathes.
- Tes parents aussi étaient comme ça?
- Ma mère non. Mais mon père était extrêmement violent. C'est sûrement pour cela que Bill est comme ça. Un beau jour il m'a frappé. Il m'a frappé tellement fort qu'il a failli me tuer. Ma grand-mère m'a trouvé dans un état pitoyable.

Je comprenais mieux les larmes aux yeux de la jeune femme lorsque j'avais raconté mon histoire.

- Elle a donc décidé de me garder auprès d'elle et de me changer de nom. Elle en voulait terriblement à ma mère, sa fille. Elle lui reprochait de n'avoir rien fait lorsque les deux hommes de la maison me frappaient. Ce que nous ne savions pas, c'est que ma mère vivait le même enfer et qu'elle ne savait pas non plus qu'ils me frappaient. Lorsque je suis partie, il n'y avait plus qu'elle à frapper. Ils se défoulaient sur elle. Elle s'est envolé au ciel an plus tard.

Elle se leva d'un coup, bouleversée par son aveu. Et je restai là, choquée.

Tim et son ami étaient arrivés une dizaine de minutes plus tard, après que Sarah ai disparue. Je ne l'avais pas revu depuis. J'aimais beaucoup cette fille. Elle aurait pu garder le silence mais elle m'avait quand même expliqué et j'avais compris pourquoi Bill était comme ça. Il était maintenant l'heure de rentrer. James et Max avaient été relâchés en détention provisoire. Ils ne devaient donc pas quitter le territoire. Alors que nous sortions du bâtiment, Sarah, qui fumait une cigarette à l'entrée, les yeux rouges, me glissa un petit bout de papier dans la main. Son numéro de téléphone.

Arrivée chez moi, je lui avais donc directement envoyé un message et nous nous étions retrouvées le lendemain pour boire un café.

Nous étions assises l'une en face de l'autre depuis déjà une heure et quart. Le temps passait extrêmement vite en sa compagnie. Elle connaissait tout de ma vie et je connaissais beaucoup de la sienne. Elle avait vingt ans, un an de plus que moi, et elle travaillait déjà. Le commissaire était en fait sa tante. C'était elle qui lui avait trouvé cette place de policière. Sarah voulait devenir commissaire. Pendant qu'elle travaillait, elle faisait aussi des études pour ensuite passer le concours. Lorsqu'elle l'aura, sa tante lui laissera sa place. Côté vie privé, elle avait un copain mais il ne vivait pas là. Il vivait au Canada.

Lorsque nous n'eûmes plus grand chose à nous dire, Sarah me dit:

- Il faut que je te raconte la suite de l'histoire.
- La suite de l'histoire ?
- Sur Bill. Enfin, sur mon frère. Je suis simplement aller jusqu'à la mort de ma mère. Je ne t'ai pas raconté la suite.
- Parce qu'il y a une suite... murmurai-je, m'attendant au pire.
- Oui. Enfin ce n'ai pas vraiment sur Bill. Mais cela va t'expliquer pourquoi tes amis vont avoir du mal à s'en sortir dans cette histoire. Si la commissaire est convaincue que Bill dit la vérité, c'est parce qu'il n'est pas connu des services. Elle même ne l'a pas reconnu en temps que neveu puisqu'elle était fâchée avec ma mère et qu'elle ne nous avait jamais connus. Elle m'a connu moi lorsque j'ai coupé les ponts avec eux et elle m'a directement prise sous son aile : une alliée de plus contre sa "méchante soeur". Bill n'est pas connu des services même si il fait beaucoup de chose bien pire que certaine personnes qui se trouvent actuellement en prison, car il est tellement intelligent qu'il arrive toujours à passer entre les mailles du filet. Mais si elle pense que ce n'est pas lui c'est aussi parce que ça l'arrange bien. Max est un dealeur, tout le monde le sait. Or, nous n'avons aucune preuve pour le coincer. Cette histoire pourrait en être une.

Je restai sans voix. Max était bel et bien un dealeur. Elle reprit:

- Mais tu sais quoi ? Lors du procès qui aura lieu dans quelques semaines, je témoignerai contre Bill.

The Last SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant