Nous roulions depuis trente-six minutes exactement. Le paysage défilait sous nos yeux et un silence de mort s'était installé dans la voiture. C'est alors que Bill le rompit:
- Il faut que je fasse attention. Le revolver, c'est un faux. Alors avec trois abrutis comme vous, ça passe, mais avec des pros qui savent faire la différence entre un putain de jouet en plastique et un vrai flingue, il faut que je fasse gaffe.
C'était donc un faux flingue. Nous nous étions faits avoir.
Paul tapa violemment sur la portière qui était à sa gauche.
- Bordel! s'ecria-t-il.
- Oh, oh!! Du calme avec ma bagnole! le calma Bill ce qui ne marcha pas, bien au contraire.
- Mais c'est toi qui va te calmer! Maintenant qu'on sait que tu n'es pas armé tu vas tout de suite arrêter cette putain de voiture et on va se casser.
- J'ai dis que le pistolet était faux, pas que je n'étais pas armé, repliqua Bill en sortant un taser de sa boîte à gants.Un rire sarcastique sortit de sa bouche.
- Tu es grand malade, Bill... souffla Sarah.
L'expression de Bill changea directement et il cria, nous faisant au passage sursauter:
- Oh mais vous m'emmerdez vous deux à la fin! Heureusement que tu es là ma jolie...
Il m'avait adressé ces dernières paroles en caressant mon visage de sa main libre, celle qui ne tenait pas le volant. Je vis alors Paul se contracter à l'arrière.
Nous arrivâmes enfin près d'une petite maison perdue au milieu de nulle part. Bill se gara sur un petit parking, près d'un lac.
- Venez.
Nous le suivîmes sans rien dire. De toutes manières, il était armé. Et même si il n'avait pas pris son taser, j'étais persuadée qu'il possédait une autre arme au alentour. Alors se débattre ne servait à rien. Après tout, cette petite maison avait l'air tout à fait accueillante et il ne pourrait pas nous faire tant de mal que ça. Enfin, je l'espérais.
Nous pénétrâmes dans un hall. Une odeur de feu régnait dans la maison qui était en fait un chalet et une décoration montagnarde extrêmement chaleureuse ornait les murs, le plafond et le sol.
- Bien. Je vais vous répartir dans des chambres différentes.
C'était évidement trop beau pour être vrai: Bill n'allait pas nous laisser tranquilles dans des chambres séparées. Et le sourire qui se dessina ensuite sur son visage me fit comprendre que j'avais raison et qu'il était bel et bien en train de préparer un sal coup.
- Comme tout hôte qui se respecte, je viendrai vous voir individuellement lors de notre petite soirée.
P.D.V Sarah
Ma chambre était particulièrement accueillante. Et cela était encore plus dure car je savais qu'elle n'allait pas pour autant me protéger de Bill. C'est alors qu'on frappa à la porte. Je me recroquevillai de plus bel dans le lit sur lequel j'étais installée. Bill apparut alors. Le geste qu'il fit avec la poignée, sa tête qui passa doucement dans l'entrebâillement et ses doigts parfaitement positionner sur l'arête verticale de la porte me firent plus mal que peur. Il faisait exactement le même geste avant d'aller se coucher, les soirs où tout allait bien, où il n'était pas encore violant avec moi. Il faisait toujours ça. Il frappait délicatement et déposait un bisou sur ma joue.
Il s'assit sur une chaise et me regarda, droit dans les yeux.
- Ton boulot te plaît?
Sa question m'étonna et je ne répondis rien, trop occupée à me pincer sous la couette pour m'assurer que je ne rêvais pas. Il souriait, amusé que je ne réponde pas.