Chapitre 12

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- Arrête de bouger bordel!

Max perdait patience. Paul et moi essayions d'attacher Sarah qui se débattait en hurlant.

- Lalie, ça suffit maintenant. Donne-lui ça, me dit Max en me tendant un petit cachet blanc. Ça calmera son ivresse.

Je regardai avec méfiance le cercle parfait qui se trouvait au creux de sa paume. Puis, me rendant compte qu'aucune autre solution ne se présentait à moi, je pris le petit cachet et le fis avaler à Sarah. Cette dernière s'endormit directement.

- Bien. Maintenant qu'on est débarrassés d'elle, on se dépêche, nous ordonna Max.
- Monte à l'avant, dis-je à Paul. Je vais rester à côté de Sarah au cas où elle se réveillerait.

Max regarda dans ma direction, la bouche légèrement ouverte, comme prêt à intervenir. Puis il se ravisa.

Nous arrivions désormais au gymnase où Max m'avait emmenée lorsque nos poignets étaient liés par des menottes. Cet incident me rappela directement ses paroles blessantes. Je le détestais et même si il était venu me sauver j'allais lui montrer la haine que je ressentais envers lui.

Paul détacha Sarah et la pris délicatement dans ses bras. Ses doigts positionnés près de sa poitrine et sur sa cuisse s'enfonçaient dans sa peau blanche. Et je me surprise à ressentir un sursaut de jalousie.

- Lalie, monte dans la chambre avec tes deux tocards.

Je me retournai doucement, choquée par ses propos.

- Monte avec Paul et Sarah, répéta-t-il.

Je le fixai tandis que ses yeux verts me transperçaient, imperturbables.

- Je préfère, lui répondis-je en me dirigeant vers les escaliers que nous avions emprunté la dernière fois pour monter dans la chambre.

Max était resté au rez-de-chaussée alors que Paul, Sarah et moi étions confortement lovés sur le lit, quand Sarah se réveilla. Elle nous sourit timidement et dis:

- Oh! Je me suis endormie.

Paul et moi nous regardâmes, se demandant si elle était encore saoule. Mais nous comprîmes que non lorsqu'elle prononça ces paroles:

- J'ai été infernale? Je suis tellement désolée!

Le cachet de Max avait donc fonctionné.

- Ne t'inquiète pas, la rassurai-je.

J'avais décidé de laisser Paul et Sarah à l'étage afin de prendre des nouvelles de Max. Alors que j'arrivai en bas des escaliers, je l'aperçu, assis sur un canapé. Lorsqu'il me vit à son tour, il sortit directement de ses pensées.

- Remonte immédiatement.

Il avait parlé d'une voix grave et claire.

- Pardon?! m'exclamai-je.
- Remonte tout de suite, répéta-t-il.

Je ne supportais pas sa façon de m'ordonner de faire quelque chose. Après tout, plus rien ne nous liait l'un à l'autre depuis qu'il m'avait dit la vérité sur l'îlot.

- Mais c'est quoi ton problème? Qu'est-ce que tu as à me donner des ordres?
- Lalie, remonte retrouver ton Paul, s'il-te-plaît.

Sa remarque me fit tressaillir. "Ton Paul". Max était-il jaloux? Non, ce n'était pas possible, il m'avait clairement dis qu'il ne ressentait rien pour moi.

- "mon Paul"? lui demandai-je pour être sûre d'avoir bien entendu.

Il ne répondit rien.

- Max, c'est quoi le problème? Tu me dis clairement que tu ne ressens rien pour moi et tu me fais une scène de jalousie.

Je regrettai instantanément ce que je venais de dire. Il allait en profiter pour me casser, pour me dire qu'il s'en foutait royalement que je me rapproche de Paul. Et je n'étais pas prête à l'entendre de sa bouche, même si je savais pertinemment que c'était la vérité. Mais il n'en fit rien:

- Tu n'as rien compris.
- Quoi? demandai-je, même si j'avais très bien entendu.

Effectivement, je ne comprenais rien.

- Explique moi si je ne comprends rien!
- Mais merde, Lalie!

Il s'était levé et il hurlait cette fois. Il reprit:

- J'ai beau t'aimer, mon meilleur ami est dingue de toi. Sur l'îlot, je l'ai complètement zappé quand j'ai failli t'embrasser. Puis il est arrivé. Dans ses yeux j'ai lu de la peine, de la douleur, de la déception. Même pas de la colère. J'ai donc compris que je ne pouvais pas lui faire ça. Alors je t'ai balancé tout ça dans les dents. Mais c'était faux!

Il baissa la tête et se tut quelques instants. J'avais retenu ma respiration tout le long de sa déclaration. Mais il reprit en murmurant:

- Bien sûr que je t'aime. Après t'avoir dit cette merde, on s'est retrouvés avec James. Et on a conclu que le premier qui te retrouvait sur l'îlot te "gagnait" et que l'autre devait à jamais t'oublier.
- C'est complètement con, murmurai-je à mon tour.
- Oui, ça l'ai. Puis après le procès, je n'ai plus eu de tes nouvelles. On s'est revus avec James et on a fait un pacte: on ne devait plus te voir. On devait t'oublier à jamais, tous les deux.
- Et tu es là, devant moi.

Ma remarque était sortie plus vite que je ne l'aurais voulu, et de manière plus direct, plus sèche, comme si c'était un reproche. Il leva directement la tête et je compris à son expression que je l'avais blessé.

- Excuse-moi d'avoir voulu te sauver!

Son ton était monté d'un cran.

- Tu as raison, j'aurais dû te laisser. Parce que finalement, je ressens peut être un infime truc pour toi. Mais est-ce un truc assez gros pour louper cette soirée que "le groupe" organisait ce soir? Non. Alors je vais allez les rejoindre. Et tu risques de mourir. Mais ce n'est pas grave, j'en survivrais. Comme on dit, une de perdue, dix de retrouvées.

J'avais clairement compris qu'il cherchait à me blesser. Et plus il parlait, plus il y parvenait.

- Quand je te regarde maintenant, je me demande comment j'ai fait.

Son regard me balaya de haut en bas et je frissonai.

- C'est vrai après tout, j'aurais pu en trouver une autre. Tu n'as rien d'extraordinaire.

Malgré moi, les larmes menaçaient de couler sur mes joues. Je ne voulais pas craquer devant lui. Il fallait donc que je le fasse taire:

- Mais ferme ta gueule, Max! Ça va durer longtemps ce que tu me fais? Tu me séduis puis tu me dis que tu ne ressens rien pour finalement me faire une déclaration et me dire que tu aurais pu en trouver une autre. Tu vas continuer encore combien de temps?
- Ne t'en fais pas, me répondit-il sur un ton méprisant. Ça va s'arrêtait dès aujourd'hui, parce que c'est aujourd'hui que j'ai vu ton vrai visage. Ce n'est pas pour cette fille odieuse et blessante que je ressens quelque chose.

Blessante? Qui était en train de blesser qui? Évidemment, cette question ne franchis pas mes lèvres. Ses dernières paroles me paralysèrent. Il continua:

- Ce n'est pas pour cette fille qui joue sur deux tableaux que je ressens quelque chose.

Là, je ne pouvais le laisser dire sans réagir.

- Mais de quoi tu parle?! Tu m'as dit que tu ne m'aimais absolument pas et tu ne m'as pas rappelée! J'ai rencontré Paul aujourd'hui, il ne s'est rien passé! Et quand bien même il se passait quelque chose, j'en ai tous les droits et ce n'est pas "jouer sur deux tableaux".

Il reprit, ignorant ce que je venais de dire.

- Ce n'est pas pour la fille que j'ai en face de moi que je ressens quelque chose.

Les larmes coulaient sur mes joues à présent. Il avait réussi, il m'avait blessée. C'est alors que des pas se firent entendre dans les escaliers et Paul apparu. Max serra les points et instinctivement je pris la main de Paul, l'attira vers moi et écrasa ma bouche sur la sienne, devant Max.

- Bill va arriver d'une minute à l'autre, me dit Max en ignorant le baiser. Apparemment tu n'as pas besoin de moi. Alors je te laisse te démerder avec tes deux bras cassés.

Sur ces paroles, il tourna les talons et claqua la porte derrière lui.

The Last SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant