Chapitre 13

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Max était parti depuis une demi heure déjà. Finalement Bill n'allait sûrement pas venir. Si il aurait voulu le faire, il serait déjà là.

- J'ai tellement faim! s'exclama Sarah pour la énième fois.
- Je ne comprends pas, on sort du restaurant! lui rappelai-je.
- Franchement, vu tout ce qu'elle a vomi, ça m'étonnerait qu'il lui reste beaucoup de ce délicieux repas dans l'estomac.

Je réfléchis quelques secondes. Bill n'était pas là, c'était sûr. Nous pouvions donc sortir du gymnase en toute tranquillité. Et c'est ce que nous fîmes.

Nous étions installés à une des tables de la pizzeria de la ville. Sarah engloutissait sa Margherita avec une faim impressionnante.

- Je boirais bien quelque chose avec ça, dit-elle en interpellant le jeune serveur.
- Bien sûr, mademoiselle, lui répondit-il. Qu'est-ce que je vous sers?
- Hum ... j'hésite entre un pepsi et une bière...
- Un pepsi, décida Paul.

Sarah me regarda avec surprise, comme pour que je lui explique pourquoi Paul décidait à sa place. Lui laisser prendre une bière après la cuite qu'elle s'était prise n'était vraiment pas raisonnable.

- Un Pepsi, lui confirmai-je.
- Bon et bien... un pepsi! répéta-t-elle au serveur.

Nous avions bien rigolé mais il était maintenant l'heure de rentrer. Nous avions décidé de tous dormir dans le gymnase, dans la chambre, à l'étage.

Lorsque nous ouvrîmes la porte, un courant d'air glacer fit voler mes cheveux. Je ne me souvenais pas l'avoir laissé ouverte. Ce détail m'importa peu. Mais j'aurais finalement dû m'en méfier.

Nous montâmes à l'étage tout en riant. Sarah regarda par la fenêtre en haut des escaliers.

- Il pleut! s'exclama-t-elle.

C'est alors qu'un éclair déchira le ciel et un bruit de tonnerre retentit. Nous nous installâmes sur le lit et nous emmitouflâmes sous la couverture. Paul posa sa main sur ma cuisse. Cela ne me dérangea pas mais je ne ressentis rien. Pas une lueur de plaisir, pas un lueur d'apaisement. Je compris alors que je ne ressentais rien pour lui. Je l'avais embrassé seulement pour attiser la jalousie de Max.

Sarah s'était de nouveau endormie.

- Elle a vraiment l'air creuvé, analysa Paul.
- Oui, murmurai-je.

Il fallait que je lui fasse comprendre qu'il ne se passait rien entre lui et moi. J'enlevai rapidement sa main de ma cuisse ce qui le surprit tout d'abord.

- Ça ne va pas? me demanda-t-il.
- Paul, je... en fait...
- Ça va, j'ai compris, me coupa-t-il.

Son expression avait changé. Il n'était plus surprit, il était blessé, en colère.

- On est rien l'un pour l'autre, c'est ça?
- Si... murmurai-je, impuissante. On est amis.
- Je vois, me répondit-il d'un ton sec. Et toi tu embrasse tes amis.
- Non, je...
- Pardon, tu les utilise pour rendre jaloux ton ex.
- Max n'est pas mon ex. On a jamais été ensemble, ripostai-je les joues en feu.

Il se prit la tête dans les mains et la releva violemment.

- Je m'en tape, Lalie! Tu m'as juste pris pour un con, c'est tout ce qui compte. Que Max soit ton ex, ton mec, ton ami ou ton cousin, je m'en tape!

Il me fixait et semblait attendre une réponse. Réponse que je ne lui donnerais évidemment pas. Je ne savais pas quoi dire. C'est alors que j'eus une idée: la fenêtre d'en bas était toujours ouverte et la tempête devenait de plus en plus forte. J'allai donc la prendre comme prétexte pour échapper à cette discussion gênante.

- Je vais... fermer la fenêtre, murmurai-je minablement.

Paul ne me quitta pas des yeux lorsque je sortis de la pièce et je fus soulagée de me retrouver seule dans les escaliers. Lorsque j'arrivai en bas, je vis les rideaux voler au rythme de la tempête. Je me dirigeai donc rapidement vers la fenêtre et la fermai le plus vite possible. C'est alors que je me rendis compte que les rideaux étaient trempés. Il n'avait pas seulement étaient giclés par la pluie, non, ils étaient imbibés d'eau.

- Et merde! jurai-je à haute voix.
- C'est pas beau de jurer! Surtout dans la bouche d'une aussi jolie jeune fille que toi.

Quelqu'un venait de parler. Je me tournai, effrayée. Bill. Il me retourna dans l'autre sens, attrapa mes poignets dans chacune de ses mains et se plaqua contre moi.

- Reste dans ce sens. Tes jolies fesses sont plus visibles comme ça.

Il colla son visage contre le mien. Je sentais son souffle contre ma joue. Ma respiration, elle, était haletante et faisait voler les mèches de cheveux qui étaient tombées devant mes yeux, à chaque expiration.

- On ne t'a jamais appris à fermer quand tu sortais de ta maison?

Et merde. Lorsque nous étions sortis pour aller à la pizzeria, j'avais complètement oublié de fermer. Et même si j'y avais pensé je n'aurais pu le faire: c'était Max qui avait les clés. Bill me serra un peu plus fort et posa ses mains sur mes hanches. Je devais faire quelque chose. Cette fois-ci, Max ne serait pas là pour venir à mon secours.

- Lâche-moi, hurlai-je en le poussant violemment.

Il recula de quelques pas et je me tournai afin de lui faire fasse.

- Lalie? Ça va?

Paul venait de parler. Bill sourit.

- Tiens, tu n'es pas seule à ce que je vois.

Nous entendîmes alors des pas dans les escaliers et Paul et Sarah apparurent. Sarah se figea lorsqu'elle vit Bill. Ce dernier la fixait.

- Tiens donc. Ma traître de petite soeur.

Sarah ne disait rien. Elle était comme paralysée et tous ses membres étaient crispés.

- Vous pouvez m'expliquer? demanda Paul.

Aucun des trois ne répondit.

- Je répète, quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui se passe?

Bill lâcha Sarah des yeux et planta son regard sombre dans celui de Paul. Il le regardait à présent avec un mélange d'amusement et de mépris.

- Lalie est la chose qui compte le plus pour Max et James.

Chose... Comme ci j'étais un vulgaire objet.

- Max et James? demanda Paul.

Bill sembla subitement énervé.

- Ne me coupe pas. Max et James sont des garçons du "groupe". Disons que j'ai quelques problèmes avec eux. Si je veux avoir ce que je demande, la seule solution c'est d'avoir Lalie.

Il se tourna vers Sarah.

- Je comptais aussi te retrouver, p'tite soeur. Finalement j'y parviens bien plus vite que prévu.

Sarah déglutit bruyamment.

- Maintenant vous allez me suivre. Tous les trois, précisa-t-il à l'intention de Paul. Tu comprends bien que je ne pourrais pas me permettre d'avoir un témoin alors que j'ai toute la brigade du pays à ma recherche. Ce ne serait tout de même pas prudent.
- On est censés te suivre? demandai-je, outrée qu'il puisse penser que nous allions le suivre aussi facilement.
- À moins que tu préfères la manière forte, oui.

Il sortit alors un revolver.

The Last SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant