Chapitre 3

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Arrivée à Mulhouse, l'étau d'angoisse qui serrait mon coeur à cause de cet homme avait complètement disparu et je tentai de me rassurer en me disant qu'il n'avait probablement rien à voir avec mes parents ou leurs affaires.

Je regardai l'horaire de mon bus pour Colmar et appris qu'il ne partait qu'une heure et demi plus tard.
Je décidai donc de rester dans le centre-ville pour trouver un endroit où manger et essayer de m'amuser un peu.

J'arrivai devant un petit bar-restaurant et m'installai à une table sur la terrasse de ce dernier afin de profiter du soleil. Je consultais le menu et commandai une assiette de saumon avec de la salade.

Alors que j'avais presque fini de manger, plusieurs personnes s'installèrent à la table derrière moi.
Je tressaillis en entendant leurs mots et ne pus m'empêcher d'écouter la suite de leur conversation.

"C'est affreux, annonça une femme, mon mari, comme tu le sais, est dans la police. Il a été appelé il y a quelques jours, pour une affaire à Besançon. Il paraîtrai qu'un couple s'est donné la mort en laissant derrière eux une fille de 17 ans...
- Mais comment peut-on faire ça ?, s'indigna son amie. Où est leur fille ?
- Mon mari m'a dit qu'elle n'avait pas encore été retrouvée mais que la police mettait tout en oeuvre pour ce faire."

Ces paroles qui avaient suscité ma curiosité eveillèrent en moi un besoin, une nécessité de fuir le France au plus vite.

Bien sûr, je savais que ces deux femmes parlaient en réalité de mes parents et moi.
Le fait que les corps de mes parents aient finalement été retrouvés m'affecta.
J'étais certaine que cela arriverait tôt ou tard.
Cependant, j'aurais préféré qu'ils ne soient découverts alors que j'avais déjà quitté la France.

J'aurais ainsi pu bénéficié d'un laps de temps supplémentaire au cas où des avis de recherche contenant des photos de moi seraient publiés dans le Nord-Est de la France.
De plus, je savais qu'au moment où mes parents seraient retrouvés, toutes leurs affaires seraient dévoilées au grand jour et que par conséquent, la réputation de ma famille que mes parents avait bâtie au fil des années allait être salie.

A partir de maintenant, il allait falloir que je me cache et que je fasse en sorte que personne ne me reconnaisse et n'avertisse les autorités.

Mon repas étant terminé, je payai l'addition et allai me promener afin de découvrir cette ville.

De loin, j'apercu un grand et somptueux bâtiment ouvert au public et décidai d'aller l'admirer de plus près.

Arrivée devant cet édifice, je pensai d'abord que c'était une cathédrale mais je remarquai une affiche qui le présentait, et j'appris que c'était en fait un temple qui se nommait Temple Saint-Étienne.
Il me restait près d'une heure et demi avant que mon bus n'arrive et je décidai alors de visiter ce dernier.

Quand je rentrai dedans, un sentiment de grandeur me vint et je ne pus regarder autre chose que les arcs qui ornaient le plafond. Je me souvins que l'on avait étudié cela quand j'étais encore au collège mais je n'en avais jamais vu en vrai. Je me décidai enfin à admirer le reste de l'intérieur de ce monument historique, je trouvai ça très joli, je me demandai soudain pourquoi mes parents ne m'avais jamais fait visiter une telle chose.
Des bancs étaient alignés face à un orgue d'une taille exceptionnelle et les lumières qui l'éclairaient le mettait encore plus en valeur.

Un touriste, qui sourit devant mon air émerveillé, m'interpella et me demanda si je serais présente au même endroit le soir même.
Je secouai la tête et lui expliquai alors que je n'étais à Mulhouse que pour une courte durée, ce à quoi il répondit:
"C'est vraiment dommage, à partir de la tombée de la nuit, une multitude de lumières éclairent ce temple et c'est très joli, mademoiselle Grilay."

Je me tournais alors l'espace d'une seconde en essayant d'imaginer l'intérieur du temple de nuit et lorsque je me retournai, le touriste avait disparu.

Un détail me frappa alors; j'étais certaine de n'avoir jamais donné mon nom à cet homme, et pourtant, il le connaissait.
À cette pensée, mon premier instinct fut de partir en courant mais je décidais de contenir le sentiment de panique qui montait au creux de mon ventre, et de partir à la poursuite de cet homme afin d'obtenir des explications.
Une ou deux minutes étaient passées depuis que l'homme était partit, il ne pouvait donc pas être très loin.

Et en effet, en sortant du temple, je vis un homme habillé de la même façon que lui tourner au coin du monument.
Je pressai le pas et tournai au même endroit.

Devant moi se trouvait une allée réservée au personnel utilisée pour se rendre à l'arrière du bâtiment et je l'empruntai.
Cette façade du temple était bien moins décorée que la façade principale, cependant l'allée était bien entretenue et des parterres de fleurs se situaient de parts et d'autres du chemin.

En descendant les escaliers situés au bout de l'allée, je tournai à droite et me figeai en un sursaut. Le corps du touriste qui m'avait abordé gisait à terre, et une auréole de sang écarlate se propageait autour de sa tête.
J'étouffai un cri d'horreur devant cette scène atroce qui me rappela soudain la mort de mes parents.
Je crus d'abord que l'homme s'était ouvert le crâne en glissant en du haut des escaliers, mais en m'approchant du corps, je vis qu'il y avait un gros trous dans son crâne.

Je remarquai à cet instant un pavé ensanglanté se trouvant à quelques mètres du corps. J'en déduisis horrifiée que cet homme avait été assommé avec cette pierre.
Puis en observerant plusieurs secondes le touriste, je me rendis compte que sa poitrine ne se soulevait plus.

Paniquée, j'appelai les secours en numéro anonyme et indiquai le lieu où l'on se trouvait.
Je me dépêchai alors de partir car je savais que l'ambulance et surtout la police allait bientôt arriver, car maintenant, j'en étais sûre, cette attaque était en fait un assassinat.

En regardant ma montre, je constatai qu'il me restait encore une demi-heure avant que mon bus n'arrive, cependant, je n'avais plus aucune envie de visiter cette ville.

Quand j'arrivais à l'arrêt de bus, comme je l'avais espéré, il n'y avait personne.
J'en profitai donc pour m'asseoir sur le banc et pour réfléchir, seule, à ce qu'il venait de se passer quasiment sous mes yeux.
Comment cet homme me connaissait-il ? Qui l'avait tué et pourquoi?
Je ne le saurais sans doute jamais.

Mes parents n'étaient sûrement pas innocents dans cette histoire, cependant, la vitesse à laquelle tout s'était déroulé depuis la mort de mes parents me faisait peur.
Je repensait à tous mes projets lorsque je vivais encore heureuse entourée de mes amis et de mes parents. Je m'étais lancée dans une filière Littéraire pour devenir un jour professeur de français et je devais obtenir mon bac cette année.
Désormais je ne m'imaginais aucun avenir et encore moins un où je serais heureuse.

Une femme d'une quarantaine d'année s'installa près de moi, ce qui coupa court à ma réflexion. Elle me mettait mal à l'aise, sans trop savoir pourquoi.
Je me levai alors et fis mine de consulter mon téléphone pour m'éloigner.

Quelques secondes plus tard, le bus arriva. Je montai dedans et m'assis juste derrière le conducteur par habitude.
Avant tout cela, je n'aimais pas être seule, mais maintenant je devenais de plus en plus solitaire à force de ne plus côtoyer personne. Et pourtant il serais impossible pour moi de me faire des amis à cause de ma fuite.

Le bus démarra et je me détendis un peu sur mon siège, je réussis même à m'endormir.

Je me réveillait à notre arrivée à Colmar un peu plus tard. Je dis au revoir au conducteur et descendis du car.

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Merci d'avoir pris le temps de lire ce chapitre !

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