24) Te changer les idées

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À l'école, je suis absent. Présent de corps, absent d'esprit. Je ne cesse de voyager mon regard de l'horloge au téléphone, du téléphone à l'horloge. J'ai toujours peur que ce maudit téléphone sonne, et que le professeur me fasse sortir pour me dire que je dois partir, qu'il est arrivé quelque chose à mon frère. Je redoute cette situation au plus haut point. J'ai peur de ce qu'il pourrait lui arriver. Je n'arrête pas de me faire des films dans ma tête.

Je n'écoute même pas ce que les professeurs disent. Je suis l'élève modèle, alors de toutes façons, ils ne remarquent rien. Par contre, mes notes commencent à s'en faire ressentir. Sans compter mon manque de sommeil ajouté à ça. J'ai peur de m'endormir et de me réveiller, le pire étant arrivé. Et les seules quelques heures que je réussis à dormir, je les passe à rêver, à faire des cauchemars affreux, me laissant avec un sentiment lourd et amer. Ce manque de sommeil déteint aussi sur mon apparence. Je ne fais plus attention à ce que je porte, je me fous carrément de mes cheveux, et j'ai constamment des cernes bleutées sous les yeux.

La situation et l'état de Gabriel ne cessent de s'aggraver malgré les traitements. Ma mère est dans le même état que moi. Elle essaie de s'accrocher, mais tout comme moi, son moral et son apparence s'en ressentent. On essaie de garder notre sourire et notre joie devant Gabriel pour ne pas l'inquiéter ou lui faire peur, mais en dedans, c'est très difficile.

Raph me demande souvent des nouvelles. En fait, à chaque fois qu'on se voit, il me demande "Et puis?" en baissant les yeux. On comprend tous les deux à quoi il fait allusion. Il passe souvent chez nous aussi, histoire de jouer avec Gabriel et de lui changer les idées. Gab l'adore. À tous les coups, il lui saute au cou en criant "RAPHËL!!!". Ça me fait toujours sourire. Mon frère l'a toujours appelé comme ça, depuis qu'il sait parler. Mon meilleur ami avait été amusé par ce surnom et l'avait trouvé très mignon. À son tour, il avait renommé mon frère "Gabrel", retirant le i de son nom, comme l'avait fait le petit garçon de trois ans à l'époque avec le deuxième a de son nom. Ils ont toujours gardé ces surnoms, preuve de leur complicité.

À tous les soirs, on s'installe tous les trois à la télé, ma mère, mon frère et moi, regardant des films de tous genres et même des enregistrements de lorsque nous étions petits. Ces moments en famille ne sont peut-être pas extravagants, mais ils font du bien.

J'entend un voix douce dire mon nom alors que la main de cette personne se dépose sur mon épaule.

***PDV Ethan***

"Lucas... " dis-je doucement.

La cloche de la fin de journée vient de sonner. Le dernier jour de la semaine vient de se terminer. Lucas est comme à son habitude maintenant, perdu dans sa tête. Il fixe le vide. Ça me rend triste de le voir comme ça.

Mes cartables dans un bras, je presse mon autre main sur son épaule. Il sursaute presque à mon contact, preuve qu'il était bien loin dans ses pensées. Il lève ses yeux verts perdus vers moi, puis regarde autour, se rendant compte que la journée est finie. Il revient à moi, me sourit légèrement en m'adressant un désolé, puis se lève et ramasse ses cahiers.

Ça me frustre tellement de ne pas pouvoir lui prendre la main en marchant dans le corridor, nous dirigeant vers nos casiers. Je déteste devoir résister à cette tentation. Comme de devoir m'empêcher de l'embrasser alors que je vois tous les autres couples le faire. Bien sûr, que des couples hétéro.

"Toi ce soir, je t'emmène au cinéma" lui dis-je en arrivant à nos casiers.

Il lève les sourcils, tout étonné. Je lui souris, puis me penche à son oreille pour chuchoter :

Confusion Ou Libération? [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant