J'écarquille les yeux autant que lui. On avait totalement oublié ça.
"Oh! On...on fait quoi?"
"Et bien d'habitude quand elle arrive de travailler comme ça d'une fin de semaine, elle va prendre une douche et va ensuite se coucher. Donc on s'échappera pendant ce temps. En attendant, vite, dans le placard!"
"Dans le placard?"
"Oui, le placard!"
Je n'ai pas le temps de demander plus d'explications qu'il se lève de sur moi et me tire par le bras vers le garde-robe. Il l'ouvre lentement pour ne pas faire de bruit et s'y glisse à l'intérieur en m'entraînant avec lui. Avant de refermer la porte, il étire le bras et attrape son sac d'école. Il le traîne à l'intérieur aussi. Je viens enfin de comprendre. Il veut que sa mère croit que nous sommes partis pour l'école. Enfin, qu'il est parti pour l'école. Bon plan.
Debouts dans ce petit endroit exigu, nous n'avons pas le choix de nous coller. Et je ne m'en plaindrai pas.
Alors que nous attendons depuis déjà quelques minutes, nous entendons des pas dans le couloir. Puis la porte de la pièce s'ouvre. Ethan avait bien raison de nous enfermer là dedans. Sinon c'est certain, on se faisait choper. En plus dans la position où nous étions... j'aime mieux pas imaginer...
La lumière filtre par la petite fente dans le bas et le haut de la porte. Alors je peux voir les quelques traits du visage d'Ethan. Et pas que de son visage... Son torse et tout le reste sont aussi éclairés... Trop belle vue...
Après quelques secondes où nous retenons notre souffle, on entend enfin sa mère quitter la chambre, non sans marmonner un truc à propos du lit défait de son fils.
Nous continuons de tendre l'oreille à l'affût du moindre bruit. Nous restons cachés jusqu'à ce qu'on perçoive la porte de la salle de bain se refermer. Lorsque nous entendons l'eau couler, Ethan ouvre la porte du garde-robe et sort, me tenant toujours la main.
Une fois sortis, il se penche et ramasse nos t-shirts, toujours au sol depuis la veille. Il me lance le mien.
"Vite, enfile ça" chuchote-t-il.
J'obéis et il fait de même avec le sien. Il empoigne alors son sac d'une main et le passe sur son épaule, puis il attrape ma main. Il dépose un baiser rapide sur ma joue et se dirige ensuite vers la porte. Il l'ouvre lentement de sa main libre, puis passe la tête dans le couloir. Le champ est libre, nous pouvons y aller. On se glisse dans le couloir, sans bruit, puis je referme doucement la porte derrière nous. On avance ensuite vers la cuisine, où nous récupérons nos souliers. On les enfile et Ethan attrape deux pommes au passage. Apparemment, celles-ci seront notre déjeuner. Nous sortons ensuite de la maison, et nous courrons jusqu'au petit parc où nous sommes allés hier.
Essoufflés de notre course, Ethan balance son sac parterre, et vient prendre place avec moi sur les balançoires. On lâche un soupir, puis nous éclatons de rire. Toujours en riant, il dit :
"J'suis désolé pour tout ça, j'avais complètement oublié pour ma mère."
"Ne t'excuse pas pour ça voyons, c'était marrant!"
"Ouais, j'avoue"
Et ça repart sur d'autres rires. Il me passe ensuite une des deux pommes que nous mangeons en silence en se balançant. Après notre "festin", un silence plus malaisant s'installe par contre... Je ne sais pas trop quoi dire après tout ce qu'on s'est déclaré ce matin... Mais j'ai besoin d'être certain de sa réponse.
"Hum...(il relève la tête vers moi), alors on est... vraiment... hum... en couple?"
Ça me fait tout drôle de dire ça. Je ne l'ai jamais dit, et surtout pas à un gars. Je me mords la lèvre en attendant sa réponse.
Il attrape la chaîne de ma balançoire et nous rapproche. Il met nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre et me regarde dans les yeux.
"Oui"
Puis, sans hésiter, il m'embrasse et j'en ai des papillons dans le ventre. Ses baisers sont tellement magiques. Je ne veux jamais m'en décoller.
***
Après avoir passés une bonne partie de l'avant-midi dans ce petit parc, nous décidons de partir. Pour aller où? Je ne sais pas... Nous ne faisons que nous lever et marcher... On passe les maisons, les rues, faisant le tour du quartier. On se balade proprement dit. Il n'y a personne, tout le monde est au travail. Aucune circulation, aucun passant. Je me mordille la lèvre inférieur et glisse ma main dans la sienne en croisant nos doigts. Est-ce que c'était une bonne idée? C'est trop tôt peut-être? Je le regarde hésitant, et il me fait un grand sourire en raffermissant sa prise sur ma main. Je souris aussi. J'ai l'impression d'attendre un moment pareil depuis des siècles. Je peux enfin dire que je me promène main dans la main avec mon petit-ami. Oui, mon petit-ami. Ça fait tout drôle et tout excitant de dire ça. J'ai vraiment un petit-ami. Je ne peux m'arrêter de sourire. C'est juste incroyable.
Ethan me raccompagne jusqu'à chez moi. Je n'ai pas envie d'entrer dans cette maison qui est la mienne. Je n'ai pas envie de retrouver cette triste et lourde ambiance. Je veux juste rester avec lui. Car je suis bien avec lui.
On arrive sur le porche de l'entrée. Mon coeur se sert. Mon expression triste revient malgré moi. Tout ne peut pas tout être rose tout le temps. Il faut du gris pour apprécier ce rose. Mais ce gris, je ne suis pas prêt à l'affronter. Et si je n'étais pas à la hauteur pour supporter et veiller sur mon frère et ma mère? Est-ce que j'aurai le courage de rester fort avec eux, pour leur montrer qu'ils doivent le rester aussi? Est-ce que je serai capable de retenir mes larmes pour montrer que je suis fort, que j'ai espoir? J'en sais rien. Et tout ça me terrifie.
Je me tourne vers Ethan, le regarde tristement, puis baisse les yeux vers nos mains. Nos mains encore entrelacées. J'aime vraiment lui tenir la main. C'est comme si nous étions liés physiquement l'un à l'autre. C'est tellement agréable.
Je relève les yeux vers lui, puis lâchant sa main, je viens enrouler mes bras autour de son cou et caler mon visage contre son épaule. Il enserre ma taille de ses bras et me colle à lui. Cette habituelle accolade dure bien plus longtemps que toutes les précédentes. Mon nez dans son cou, je respire son odeur que j'aime tant et que personne d'autre ne possède. Son odeur à lui, bien particulière et singulière. Celle qui me rassure et me réconforte à chaque fois, car c'est la sienne.
Après un long moment, nos bras se desserrent lentement. Ses mains glissent sur ma taille et mes bras restent autour de son cou. Il me regarde dans les yeux, une expression douce sur son magnifique visage.
"Ça va aller d'accord? Je peux entrer avec toi si tu veux..."
Je fais signe que oui de la tête, puis souris légèrement avant de l'embrasser. Sa prise dans le creux de mes reins se referme et me colle contre son bassin. Ce n'est pas un puissant et vigoureux baiser, seulement un doux et rassurant, mais tout aussi agréable. J'adore vraiment l'embrasser. À vrai dire, c'est la première personne que j'embrasse de toute ma vie. Et le sentiment d'un baiser n'est comparable à rien d'autre. C'est juste indescriptible et unique.
On se décolle et, le regardant, je prends une grande respiration. Je me tourne vers la porte et mets ma main sur la poignée. Je jette un coup d'œil à Ethan derrière moi et lui tend mon autre main. Il attrape mes doigts et m'adresse un sourire rassurant. Je me retourne de nouveau vers l'entrée, et actionne la poignée. J'ouvre la porte et nous entrons, sans trop savoir dans quelle ambiance sera la maison maintenant. Et ni si mon frère y est...
VOUS LISEZ
Confusion Ou Libération? [BxB]
Roman d'amourJe savais qu'il y avait quelque chose qui se passait avec moi. Mais quoi, ça je ne savais pas. Ou du moins, je n'en étais pas certain. Jusqu'à ce jour où il est apparu. Qu'il est entré dans ma vie sans avertissement. Alors là, je ne sais plus du tou...