15) Réconfort

6.2K 430 17
                                    

Plus vite que je ne le croyais, j'arrive à sa porte. J'escalade les quelques marches et cogne sans attendre. Je n'ai pas à attendre bien longtemps non plus avant que la porte ne s'ouvre sur lui. Quand il voit mon visage, son expression change radicalement. De l'inquiétude emplit son regard et son sourire s'efface totalement. Il me prend tout de suite par le poignet et me traîne à l'intérieur. Il ferme la porte derrière nous et m'entraîne dans le salon. Je le suis, me laisse guider. On arrive au salon et on s'assoit sur le canapé, dans un des coins. Ou plutôt il s'assoit et tire mon bras légèrement pour que je le rejoigne. Je me laisse tomber à ses côtés, trop faible pour résister à quoi que ce soit. Et aussi parce que j'ai envie d'être avec lui et nulle part ailleurs. Aussitôt collé à lui, il me prend dans ses bras, les enroulant autour de moi, me serrant confortablement contre lui. Je pose ma tête contre sa poitrine et passe un bras dans son dos pour le serrer moi aussi, comme si j'avais peur qu'il m'échappe et que je me retrouve seul. De mon autre main, j'empoigne son chandail au niveau de son ventre, ayant besoin de me tenir à lui, de m'accrocher à quelque chose de réelle, de vraie.

Je ne peux plus retenir la boule de sanglot dans ma gorge. Je ne peux plus. Des larmes dévalent mes joues, je tremble tout contre lui. J'éclate en pleurs. Totalement. La confiance et la sécurité que j'ai dans ses bras ont complètement brisé le mur de retenu en moi. Tout la colère, la tristesse, la peine et la douleur que cette annonce m'a faite s'évacuent à travers mes larmes incessantes. Ses bras me serrent un peu plus fort, un peu plus contre lui, et il pose son menton sur le dessus de ma tête. Sa main frotte mon dos en un mouvement réconfortant. Je me laisse bercer dans ses bras, sa chaleur me rassurant.

"Je suis là Lucas, je suis là" dit-il doucement, presque comme un chuchotement.

Il me serre fort, nos corps moulés l'un contre l'autre. Sa voix chaude résonne dans ma tête et me réconforte peu à peu. Mon coeur se calme légèrement, mais mes sanglots continuent, me donnant des vagues de frissons. Je suis incapable de les contrôler, tout simplement. Mais juste qu'il soit là, qu'Ethan soit là, me tenant dans ses bras, fait toute la différence.

***

Je suis bientôt si épuisé que mon corps n'a même plus la force de trembler. Il n'y a que les larmes qui continuent de ronger mes joues, venant s'effacer sur le chandail d'Ethan. Je n'ai aucune idée du temps qui s'est écoulé depuis que nous sommes dans cette position. Le temps ne compte plus. Plus rien ne compte. Plus rien à part le moment présent. Le soleil couchant coupe bientôt l'entrée de lumière dans le salon et la noirceur commence à s'installer. Mais je m'en fou. Je ne veux pas bouger. Je ne veux pas partir. Je ne veux pas retourner chez moi. Je veux rester comme ça. Avec lui. Avec Ethan. Je me fou de ce qu'il peut bien penser de moi, en train de pleurer sur lui. J'ai besoin de lui. Et il est là pour moi.

PDV Ethan

Je le garde collé à moi, le rassurant et le réconfortant physiquement le plus possible. Je sais que de le serrer contre moi lui fait du bien, car il est tout aussi accroché à moi que moi à lui, ses bras me ceinturant de manière désespérée. Il ne tremble plus, mais je sais qu'il pleure encore. Je n'ai aucune idée de la raison de toutes ces larmes, et je ne sais encore moins pourquoi il est venu à moi, mais je suis content qu'il l'ai fait. Bien sûr, je n'aime pas le voir dans cet état. Je n'aime pas le voir pleurer et voir toute cette tristesse dans ses yeux verts. Ses yeux verts normalement animés d'une flamme enjouée et joyeuse qui le rend si spécial. Mais je suis content d'être celui vers qui il est venu. D'être celui en qui il a confiance. Et d'être celui qui le rassure.

Je pose ma joue sur sa tête, continuant mes petits mouvements circulaires dans son dos et sur son bras. C'est le plus que je puisse faire, si ce n'est que de ne pas le lâcher. Je me fou pas mal du temps qu'on peut bien rester comme ça, tant que ça peut l'aider à se sentir mieux.

Le soleil, ayant cessé de filtrer entre les rideaux, ne nous réchauffe plus de manière enveloppante. J'attrape la couverture à côté de moi, et l'étend sur Lucas, et donc sur moi en même temps. Il lève ses yeux émeraudes vers moi, son regard toujours aussi triste. Il a les yeux rouges, irrités par les larmes. Mais dans son regard brille un soupçon de quelque chose d'autre aussi. Comme un merci, enfermé dans cette tristesse. Il me fait un léger sourire, que je lui rend, les larmes commençant à venir bruler mes yeux, et il repose sa tête contre mon coeur. Pendant le bref instant où il m'a regardé, j'ai eu l'impression de voir un million de choses. J'ai eu l'impression de voir en lui. L'émotion dans ses yeux m'a tellement remuée. Voir l'intensité de sa peine m'a serré le coeur et m'a fait monter les larmes aux yeux. J'ignore tout, mais je le comprend. Il m'a fait comprendre à travers son regard.

Il me vient soudain une idée sortie de nulle part. Ce n'est peut-être pas une bonne idée, il ne voudra peut-être pas. Mais je crois que ce serait bien de lui changer un peu les idées... De lui faire prendre l'air. Et pourquoi pas un petit feu dehors par cette belle soirée de fin d'été?

Je bouge un peu, me redressant légèrement. Je le garde entre mes bras, prenant son menton de mes doigts, relevant son visage vers le mien.

"Tu veux venir dehors avec moi? Faire un petit feu?"

Il ne répond pas, mais acquiesce de la tête. Il se dégage un peu de moi, me permettant de me lever. Une fois stable sur mes jambes engourdies, je lui tends mes mains, qu'il attrape, et je l'aide à se relever. Il chambranle un peu, s'appuyant un instant sur moi, avant de retrouver son équilibre. Je lui souris, puis lâche une de ses mains, tout en restant accroché à lui par l'intermédiaire de l'autre. Je me dirige vers la porte arrière, le trainant derrière moi. Je ressers ma prise sur ses doigts, et à ce contact, il fait de même. Je me souris à moi-même en baissant la tête, content de sa réaction.

Arrivé à la porte, je mets mes souliers, lui ayant déjà les siens, et ouvre la porte de ma main libre. Nous sortons sur le balcon, puis descendons les quelques marches. Je nous dirige vers le petit foyer de métal au milieu du terrain, autour duquel sont placées quelques chaises assez confortables, et une petite balançoire de bois, assez large et solide pour deux personnes. Je décide que c'est sur celle-ci que nous allons passer la soirée. Je ne veux pas qu'on se sépare. Même si cela s'ignifie seulement de s'asseoir dans deux chaises différentes. Je ne veux pas. Et je crois que lui non plus d'ailleurs.

"Tiens, installe toi ici, je vais chercher quelques affaires dans la maison et je reviens d'accord?"

Il fait signe que oui, mais ses yeux se remplissent d'eau.

"Hey..." lui dis-je doucement.

Je prend son visage entre mes mains, caressant sa joue de mon pouce. Je le regarde dans les yeux et continue.

"Ça va aller, je suis là. T'inquiètes pas. Je n'serai pas long. J'vais juste chercher quelques trucs. D'accord?"

Il ferme les yeux et hoche la tête positivement. Il larme s'échappe de sa paupière close et je l'essuis de mon pouce.

"Hey... Pleurs pas, je suis là"

Je relève la tête et viens déposer un léger baiser sur son front, mes mains toujours de chaque côté de son visage. Je laisse mes lèvres quelques secondes sur sa peau chaude, presque fièvreuse.

Je recule ma tête légèrement, et sans prendre le temps de regarder son visage, je la cale dans son cou, l'enlaçant de mes bras du même coup. Il enroule aussitôt les siens autour de moi, s'agrippant au dos de mon chandail. Il pose sa tête sur mon épaule et je sens qu'il est bien comme ça, je le sens se détendre un peu, relacher ses muscles. On reste comme ça un bon moment. Je ne sais pas combien de temps en fait. Et je ne veux pas vraiment le savoir.

Confusion Ou Libération? [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant