Les rayons d'un soleil d'août filtraient à travers d'épais rideaux gris, et décolorés. Quelques tâches de soleil commencèrent à recouvrir le sol, vêtu d'un immonde tapis gris taupe, sur lequel des miettes, vestiges d'un goûter de hors-la-loi, se mélangeaient à la traînée étincelante d'étoiles immaculées. La poussière était devenue colocataire de cette pièce presque vide, aux couleurs grises et peu accueillantes.
En quelques minutes seulement, la lumière, touche espoir d'un monde meilleur, se balada sur le lit, qui se trouvait sous une fenêtre à barreaux en acier lourd, surmonté de ce voilage hivernal. Une jeune fille y dormait profondément, étendue sur des couvertures rêches que le temps avait marquées depuis des années. Ses joues creusées et ses cernes rougeâtres témoignaient d'une perpétuelle lutte intérieure.
Frisk fronça ses sourcils un temps, et serra les poings, près de son visage au teint pâle. Elle souffrait, et souffrirait encore, tant qu'elle resterait submergée par ses terreurs nocturnes.
Mais était-ce seulement des cauchemars?
Cette seule et unique pensée lucide la tira brusquement de son état végétatif. Elle ouvrit les yeux dans une exclamation silencieuse, abusant d'oxygène dans ses poumons qui lui brûlèrent son petit corps chétif.
De là, elle resta immobile, bloqua sa respiration. Elle savait qu'il était là, qu'il n'était pas loin. Qui? Elle n'en avait pour l'instant pas la moindre idée. Mais elle savait. Elle le sentait.
Ses tripes se mirent à onduler tels des serpents en quête d'une proie, s'enroulant autour de son estomac, le serrant petit à petit, le prenant au piège. Ses yeux scrutaient l'armoire qui lui faisait face. Une grande armoire en bois pourrissant dans lequel elle rangeait son peu d'affaires. La porte était entrouverte. Elle paniquait. Manquait d'air. Elle entendait quelqu'un chuchoter, tout au fond du rangement. C'était lui. Machinalement, elle lâcha un mot :
"Sans?"
Mais aucun son ne sortit de ses maigres lèvres. La chose qui se trouvait là avait pourtant entendu. Les monstres, comme elle les appelait, pouvaient entendre l'inaudible, voir l'invisible, et agripper l'intouchable. Elle l'avait appris à ses dépens.
Une main squelettique saisit la porte noirâtre et verdâtre de l'armoire, dans un concert de grincements, de cliquetis et de craquements d'os. Il n'y avait pas de chair. La main était aussi grande que son buste. Elle ferma les yeux, et les ferma si fort, que des ombres noires entamèrent un ballet sur ses paupières closes.
Elle attendit. Les bruits cessèrent un temps. Elle expira. Inspira à nouveau. Bloqua sa respiration, persuadée que le monstre ne l'entendrait pas. Qu'il ne la verrait pas.
Elle sentit alors un contact froid sur son bras. Glacial. Rugueux. La main le caressait, remonta vers l'épaule, et frotta ses cheveux courts. Elle était pétrifiée, ne voulait pas regarder.
Le contact devenait plus insistant, et caresses devinrent griffures. Plus profondes. Toujours plus profondes.
Alors, elle s'arracha des couvertures, et sauta du lit. Elle fit face à Sans. Elle le connaissait bien, maintenant. Il l'effrayait autant qu'il lui offrait un courage qu'elle ne suspectait pas. En position défensive, elle le scruta.
Son immense tête ronde portait un trou béant sur le sommet droit du crâne nu. Des orbites gigantesques, dépourvues d'iris ou de pupille, la fixaient. Sa veste bleue était tâchée de teintes de rouges, allant de la couleur la plus vermeille à la plus noire possible. L'odeur était pestilentielle. Des vers se baladaient entre les orifices, et des haut-le-cœurs soulevèrent la pauvre jeune fille.
- Je veux ton bras droit, tonna une voix rauque qui lui crissa les tympans.
Elle fit non de la tête.
- J'ai faim, Frisk.
Elle réitéra son geste.
La chose épouvantable qui se tenait devant elle afficha une moue mécontente. Un vers tomba de sa bouche qui arborait un large sourire, menaçant, aux crocs acérés.
Une brise légère souffla d'entre les barreaux, ramenant l'effluve épouvantable dans les narines de Frisk. Elle avança d'un pas, déterminée.
- J'ai faim, gémit la chose qui portait le nom de Sans.
- Va-t-en, articula-t-elle silencieusement.
Sans recula et, dans un battement de cils, disparut.
Elle avait dompté sa peur, et toute l'adrénaline s'extorqua de son corps en un instant. Elle s'effondra, appuyant son dos contre la porte de sa misérable chambre, et fondit en larmes. Elle était seule à vivre ce calvaire. Personne ne la comprenait. Ni enfant, ni adulte. Pas même son meilleur ami, Asriel. Ni même sa gouvernante préférée, Toriel. Elle était seule, seule, enfermée dans son profond désespoir.
Elle pleurait, encore et toujours, animée de pensées plus sombres encore que celles-ci. Elle voulait appeler à l'aide.
Mais personne ne vint.

VOUS LISEZ
Schyzophrenia Syndrome [HORRORTALE Fanfiction] (FR)
أدب الهواةC'est bien connu, les gamins ont peur du noir. Ils voient des monstres plus affreux les uns que les autres, puis appellent leurs parents en hurlant. Ces derniers les rassurent d'un geste affectif et d'une histoire merveilleuse. Ils se sentent soulag...