Les morceaux de bois et autres petits graviers s'enfonçaient douloureusement dans la plante de ses pieds, rougis et ensanglantés. Les feuilles mortes, au sol, craquaient sous son poids, et les quelques plantes encore debout se dérobaient à chacun de ses pas lourds. La terre avait repeint sa peau pâle d'un halos noirâtre et poussiéreux tandis que des particules de pollen se collaient à son front poisseux. Elle ne ralentit pas sa cadence pour autant et enjambait les racines d'un saut agile, gonflant sa robe de crépon voilée aux coutures déchirées par endroits. Ses cheveux flottaient au rythme de ses mouvements, tel un ballet brun dansant follement sur une musique silencieuse. Seuls ses halètements, et son pouls incontrôlé se faisaient entendre. Quelques oiseaux piaillaient par moment, tels des moqueries invisibles, des voix d'outre-tombe censées la faire vaciller.
Elle voulait traverser la forêt afin d'atteindre la grande ville, au pied d'une montagne longtemps sacrée, où les grandes figures politiques se réunissaient. En ayant construit l'orphelinat dans une clairière isolée de tous leur permettaient de ne pas se soucier d'un problème qu'ils reléguaient depuis des générations. Loin des yeux, l'orphelinat semblait perdu dans un espace-temps mystique où tout pouvait arriver.
Lorsque le soleil atteignit son zénith, la jeune fille ralentit enfin sa course. Elle passa une main moite dans ses cheveux tout aussi suintants, et sa vision se brouilla un temps. D'une forêt de printemps tachetée d'un soleil doré rassurant, se métamorphosa une clairière de neige sombre dont les arbres morts, figures immobiles, l'encerclaient de leurs branches acérées. Une immense figure se tenait au milieu de la scène, un morceau d'étole vermeil accrochée entre ses griffes. Il baignait dans une mare noirâtre d'encre poisseuse. Un sentiment aigu de déjà-vu emplit les entrailles de la protagoniste, la bile lui arrachant la gorge, prête à se déverser sur la poudreuse immaculée.
- Qu'as...
La voix gronda comme mille tonnerres, faisant ainsi trembler ses os.
- ... tu...
Frisk recul d'un pas mal assuré. Elle sentit son pouls accélérer tandis que des tremblements l'accaparaient tels des serpents s'enroulant autour de leur proie. Le sentiment de déjà-vu se transforma en souvenir. Et ce souvenir, aux premier abord flou et distordu, se construisit peu à peu, et chaque seconde ramena un fragment que le temps avait semblé emporter.
- ... fait?
Lentement, l'imposant colosse se retourna, laissant apparaître sa figure familière. La bouche entrouverte laissa peu à peu des dents acerbes briller sous un soleil noir, dénué de toute chaleur. Les orbites béantes laissaient écouler un liquide amer, à moitié translucide, dont se nourrissaient les quelques parasites ayant élu domicile dans ce crâne fracturé.
Sans la dévisageait avec toute la tristesse du monde dans sa posture. A ses pieds gisait une masse filiforme brisée et inerte. Frisk avait maintenant reconstitué la scène de manière claire dans son esprit: elle était à l'origine de ce massacre.
Un rictus se dessina sur ses lèvres. Un rire enfantin résonna, et une figure minuscule se glissa derrière le monstre, mais Frisk n'y fit pas attention, se tenant en alerte du moindre mouvement esquissé par son ennemi. A la différence des autres rencontres, Sans ne semblait pas offensif. Au contraire, il la considérait avec stupeur. Un cri agonisant sortit de sa gorge, et l'immense bête tomba à genoux. Il serra l'étole, et la porta à son visage distordu. Soudain, il hurla de rage et, prenant appui sur ses mains, s'élança vers la frêle jeune fille. Frisk poussa un cri muet et ferma les yeux. Chaque fois que la bête posait un pied à terre, le sol tremblait d'une force incommensurable.
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Schyzophrenia Syndrome [HORRORTALE Fanfiction] (FR)
Fiksi PenggemarC'est bien connu, les gamins ont peur du noir. Ils voient des monstres plus affreux les uns que les autres, puis appellent leurs parents en hurlant. Ces derniers les rassurent d'un geste affectif et d'une histoire merveilleuse. Ils se sentent soulag...